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Coup d’État au Burkina : Le CIFDHA demande un retour à l’ordre constitutionnel

Ceci est une déclaration du Centre d’Information et de Formation en matière de Droits Humains en Afrique (CIFDHA) sur la situation nationale marquée par le coup d’État le 24 janvier dernier, du Mouvement patriotique pour la sauvegarde et la restauration (MPSR) contre le pouvoir de Roch Marc Christian Kaboré.

« Le Centre d’Information et de Formation en matière de Droits Humains en Afrique (CIFDHA)
a suivi avec attention les développements de la situation socio-politique de ces derniers jours qui ont abouti, le lundi 24 janvier 2022, à la proclamation de la prise du pouvoir d’Etat par un groupe de militaires sous la bannière du Mouvement patriotique pour la sauvegarde et la restauration (MPSR). Ce dénouement a été précédé par des mutineries dans plusieurs casernes à Ouagadougou, Kaya et Ouahigouya, ayant occasionné des blessés, notamment des personnes vivant aux abords des camps ou de passage, victimes de balles perdues selon les informations relayé par les médias locaux.

Ce coup d’Etat est le dénouement tragique d’une crise sociopolitique et sécuritaire au cours de laquelle le CIFDHA n’a de cesse interpelé les autorités, la plus récente étant la déclaration commune avec d’autres organisations le 20 janvier 2022 dans laquelle nos organisations déploraient et dénonçaient la récurrence des violations des droits numériques au Burkina Faso.

Attaché aux principes de l’Etat de droit et de la gouvernance démocratique, le CIFDHA condamne toute accession au pouvoir d’Etat par des voies non démocratiques conformément aux instruments internationaux et régionaux ratifiés par le Burkina Faso, notamment la Charte africaine de la démocratie, des élections et de la gouvernance (CADEG) ainsi que le protocole de la CEDEAO sur la démocratie et la bonne gouvernance.

Au regard de tout ce qui précède, le CIFDHA :
Appelle le MPSR à œuvrer dans le sens :

  • du rétablissement de l’Etat de droit par la levée immédiate de la suspension de la Constitution pour éviter que les éléments constitutifs d’un attentat à la constitution (Articles 321-2 et 321-3 du code pénal) ne soient réunis et dont ils seraient eux-mêmes justiciables un jour ou l’autre
  • du retour rapide à l’ordre constitutionnel normal ;
  • de la libération immédiate et inconditionnelle de toute personne arrêtée dans le cadre de ce putsch, si elle n’est détenue pour autre cause ainsi que le respect de leur dignité ;
  • de la levée immédiate du couvre-feu qui porte fondamentalement atteinte aux droits et aux activités de ceux qui dépendent, pour leur survie, du commerce licite de nuit ;
  • de la reprise rapide des activités académiques et scolaires ;
  • de la poursuite sereine des activités juridictionnelles : le CIFDHA portera une attention particulière à la suite qui sera donnée au procès en cours sur l’assassinat du Président Thomas SANKARA et ses camarades, au dossier Norbert ZONGO et aux dossiers de crimes économiques et de sang qui sont pendants devant les juridictions ;
  • du dialogue avec les organisations régionales et internationales pour éviter toute sanction préjudiciable aux populations ;
  • du respect des engagements internationaux du Burkina Faso, notamment ceux en matière de droits humains, conformément à leur propre déclaration du 27 janvier 2022.

En tant que et aussi longtemps qu’elle demeurera l’autorité de fait, le CIFDHA tiendra le MPSR comptable de toute violation et abus de droits humains qui surviendrait dans cette période.

Appelle la CEDEAO et l’Union africaine à :

  • tirer les conséquences de leurs incapacités à prévenir les crises sociopolitiques et les changements anticonstitutionnels de gouvernement ;
  • privilégier le dialogue avec l’ensemble des acteurs pour une sortie de crise rapide ;
  • éviter toute sanction qui aurait des effets dévastateurs sur l’économie nationale et néfastes pour les populations ;
  • travailler à une synergie régionale dans la lutte contre le terrorisme au regard de l’expansion de la crise sécuritaire.

Appelle la communauté internationale et les partenaires du Burkina Faso à :

  • travailler à un retour rapide à l’ordre constitutionnel et le rétablissement de l’Etat de droit dans les meilleurs délais ;
  • accompagner sincèrement le Burkina Faso dans sa quête de solution aux problèmes qui ont été à la base de ce putsch, notamment les échecs enregistrés dans la lutte contre le terrorisme.

Le CIFDHA demeure saisi de la situation de crise multidimensionnelle que vit le pays et poursuivra le travail de monitoring, de dénonciation des violations des droits humains et des atteintes aux fondamentaux de l’Etat de droit et de la gouvernance démocratique ».

Fait à Ouagadougou le 28 janvier 2022

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