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Condamnation à 4 ans du journaliste Rabie au Maroc : le royaume chérifien n’a pas besoin de ça

Le journaliste militant marocain, Rabie Al Ablaq, a été condamné, le 25 avril 2022, à 4 ans de prison ferme et une amande de 20 000 dirhams soit 1900 euros, pour offense envers le roi. Tombée comme un couperet sur la tête du pauvre journaliste, cette sentence suscite colère et réprobation au Maroc et même au-delà des frontières. Car, son crime est d’avoir critiqué, à travers deux vidéos, le roi Mohamed VI et le nouveau Premier ministre marocain, Aziz Akhannouch, qu’il qualifie de « milliardaires » tout en se questionnant sur l’origine de leur fortune.

Sous d’autres cieux, la critique des dirigeants relève de la liberté d’expression donc un droit élémentaire de tout citoyen. Mais en Afrique, et surtout au Maroc, c’est un crime de lèse-majesté. Cela dit, on aurait compris la démarche des autorités si, pour ce qu’elles considèrent comme un « manquement public au respect et à la révérence dus à la personne du roi », elles punissaient le journaliste en le condamnant à une peine assortie de sursis. Mais de là à lui infliger une peine de 4 ans ferme, il y a manifestement une volonté de nuire, de le priver de sa liberté et ce, pour une longue période. On ne cessera jamais de le dire, la place d’un journaliste n’est pas en prison mais plutôt dans une rédaction. C’est dire si le roi et ses courtisans se trompent d’adversaire. En vérité, cette condamnation de journaliste est, à tout point de vue, une mauvaise publicité pour le Royaume chérifien. Autant dire que le Royaume chérifien n’a pas besoin de ça.

Les autorités gagneraient à se raviser

Espérons qu’en ce temps de jeûne musulman, donc de pardon, le roi usera de son pouvoir discrétionnaire de Commandeur des croyants, pour gracier ce journaliste. C’est vrai que Rabie Al Ablaq avait déjà bénéficié de la grâce royale en 2020, alors qu’il séjournait derrière les barreaux pour son soutien aux manifestations du Hirak, qui ont secoué le pays entre 2016 et 2017, mais comme l’enseignent les Saintes Ecritures, il n’y a pas de limite au pardon. Le moins que l’on puisse dire, c’est que le journaliste Rabie est devenu le poil à gratter du roi.  Et cela n’est guère bon pour l’image du roi. En tout cas, une chose est certaine : ce n’est pas en emprisonnant ce pauvre journaliste que le Royaume chérifien résoudra les problèmes qui troublent le sommeil des Marocains et dont certains ont pour nom la vie chère. Loin s’en faut ! Tout porte à croire que l’atteinte à la liberté d’expression des citoyens, risque de susciter davantage la colère des populations. C’est dire si les autorités gagneraient à se raviser en libérant au plus vite ce journaliste dont l’incarcération pourrait servir d’alibi pour une frange de la population, pour descendre dans la rue, et réclamer plus de liberté, de justice et de pain.

Attention donc aux émeutes de la faim ! Car, comme on le dit, ventre affamé n’a point d’oreilles. Il ne faudrait pas que l’incarcération du journaliste Rabie soit l’élément qui mette le feu aux poudres.

DZ

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