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CIVILS TUES DANS LE YATENGA : le MBDHP invite la justice  à mener « des investigations sérieuses » sur ce massacre

Déclaration du Mouvement burkinabè des droits de l’Homme et des peuples (MBDHP) sur le massacre  des 43 civils à Barga, le 8 mars dernier.

« Le 08 mars 2020, des hommes armés ont attaqué tour à tour les campements peulhs de Dinguila et de Barga (province du Yatenga dans la région du Nord) tuant, de source officielle, 43 personnes (22 à Barga et 21 à Dinguila) et faisant 07 blessés par balles. L’un de ces blessés succombera à ses blessures (au Centre Hospitalier Régional de Ouahigouya) dans la nuit du 09 au 10 mars 2020, faisant ainsi passer le nombre de morts à 44.

Ces deux (02) attaques ont aussi occasionné la destruction de nombreux biens mobiliers et immobiliers, ainsi qu’un déplacement massif de membres de la communauté peulh des villages de Barga, Damdola et Lemnogo en direction de Ouahigouya.

Le MBDHP, une fois de plus, dénonce avec la dernière énergie les tueries survenues le 08 mars 2020 à Dinguila et à Barga. Il présente ses condoléances à l’ensemble des familles des victimes de ces tueries et formule ses vœux de prompt rétablissement aux blessés.

Selon des témoignages recueillis par le MBDHP auprès de personnes blessées, de parents de victimes, ainsi que d’autres personnes sans liens directs avec les blessés ou des parents des victimes, présentes sur les lieux, ces attaques auraient été perpétrées par des hommes armés, identifiés comme étant membres de certains groupes d’autodéfense Koglwéogo.

Ceux-ci auraient fait irruption dans les campements de Dinguila et de Barga, très tôt dans la matinée du 08 mars 2020. Dès leur entrée dans ces campements, ils se seraient mis à tirer sans distinction sur tous les hommes qu’ils rencontraient ; ce qui aurait, naturellement, causé une panique générale. Ils se seraient alors mis à pourchasser les hommes en fuite.

Ceux qui ont été rattrapés auraient été systématiquement abattus, avant que leurs domiciles ne soient incendiés par la suite.

Ces scènes effroyables et d’une barbarie inqualifiable se sont déroulées sur plusieurs heures, sans que les populations attaquées ne bénéficient d’un quelconque secours. En effet, selon les informations recueillies par le Mouvement, bien que les autorités aient été alertées aux environs de 8 heures dans la matinée du 08 mars 2020, ce n’est qu’aux environs de 13 heures que les premiers éléments des FDS sont arrivés à Barga.

Ils ont quitté la localité dans la soirée, pour ne revenir que le lendemain 09 mars 2020 en compagnie d’une délégation gouvernementale dépêchée sur les lieux des exécutions. Sitôt les inhumations des victimes terminées, les FDS sont reparties, accentuant ainsi le sentiment d’abandon au sein des victimes. Pourtant, dans son communiqué relatif aux mêmes évènements, le Gouvernement indiquait que « les forces de défense et de sécurité ont été immédiatement déployées sur les lieux pour sécuriser les villages attaqués ».

Ces évènements malheureux interviennent après de multiples attaques et tueries survenues courant 2019 et en ce début d’année 2020 à Yirgou, Arbinda, Kain-Ouro, Nagaré, Natiembouri, Foutouri, Kelbo, Kantari, Nadiaboanli, Dablo, Gondékoubé, Zimtenga, Salmossi, Ouragou-Boungou, Hallalé, Nagraogo, Alamou, et dans bien d’autres localités.

Ces attaques et tueries de civils et d’éléments de nos FDS indiquent à quel point la sécurité, l’unité nationale et la cohésion sociale sont de plus en plus mises à rude épreuve au Burkina.

Déjà, dans son rapport spécial sur les exécutions sommaires et extrajudiciaires perpétrées à Kain-Ouro et environs en février 2019, le MBDHP soulignait que le maintien de la cohésion sociale et de l’unité nationale constituait « l’un des principaux défis que la lutte anti-terroriste ne doit pas perdre de vue » dans notre pays.

Malheureusement, plutôt que de chercher des solutions pérennes à l’effritement du tissu social caractérisé par la montée de la stigmatisation de certaines communautés ainsi que par l’exacerbation de la méfiance entre les populations d’appartenance ethnique différente, le Gouvernement préfère s’emmurer, face aux multiples interpellations d’organisations comme le MBDHP, dans une attitude de négationnisme suicidaire frisant l’insouciance.

Les exécutions sommaires et extrajudiciaires de personnes, souvent en présence de leurs proches (y compris des enfants), l’abandon de corps, souvent en pleine décomposition, de personnes froidement exécutées, laissés à la merci de vautours et de chiens errants, sont autant de pratiques érigées en méthodes de lutte contre le terrorisme et qui ont contribué à banaliser la vie humaine dans bon nombre de nos contrées.

Hélas, les réactions épidermiques du gouvernement et le rejet systématique des observations critiques qui lui sont faites quant à la nocivité de telles pratiques, contribuent à aggraver le phénomène, dont il porte une bonne part de responsabilité.

En tout état de cause, le MBDHP :

1- Invite à nouveau le gouvernement à prendre conscience de la gravité de la situation que traverse notre pays, en :

– assurant de manière effective et efficace, la sécurité des personnes et de leurs biens, sans discrimination, sur l’ensemble du territoire national ;

-/dotant la justice de moyens adéquats et efficaces, en vue de mener les investigations nécessaires à la manifestation de la vérité dans des délais raisonnables ;

– apportant toute l’assistance nécessaire aux populations victimes de Dinguila et de Barga sur les plans médical, social et psychologique, en vue de soulager leurs souffrances et leur apporter la solidarité de la Nation ;

2- Invite les autorités judiciaires à mener des investigations sérieuses, impartiales et courageuses sur les tueries récemment survenues à Dinguila et à Barga et à tout mettre en œuvre pour rendre justice aux responsables de l’ODJ assassinés dans le Yagha, aux victimes des tueries de Yirgou, de Kain-Ouro, Nagraogo, Alamou et à toutes les autres victimes d’attaques ciblées et de crimes impunis ;

3- Invite ses militantes et militants et l’ensemble des populations à se démarquer de toute forme de stigmatisation et de discrimination basée notamment sur l’appartenance ethnique et/ou religieuse et à œuvrer pour le vivre-ensemble ;

ENSEMBLE, CONTRIBUONS, PAR TOUTE ACTION CITOYENNE POSITIVE, A LA LUTTE CONTRE L’INSECURITE !

ENSEMBLE, EXIGEONS DU GOUVERNEMENT LA GARANTIE DE NOTRE DROIT A LA SECURITE ! »

Ouagadougou, le 14 mars 2020

Le Comité Exécutif National

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