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ANNONCE DU PRESIDENT DU FASO SUR LE RETOUR DES EXILES : des citoyens approuvent, d’autres évoquent une stratégie électoraliste

Le 15 octobre 2020, le président du Faso, Roch Marc Christian Kaboré, a accordé une interview à RFI et France 24. Lors de l’entretien, sur une des questions ayant porté sur le retour des exilés politiques, le président Kaboré a confié que s’il est réélu en 2021, il s’attèlera, dès le premier semestre, à ce que tous les exilés rentrent au pays, dans le cadre de la réconciliation nationale. Que pensent les citoyens de cette annonce faite par le  chef de l’Etat ?  Nous avons tendu notre micro à des citoyens de la ville de Ouagadougou et voici ce qu’ils ont dit.

 

 Oscibi Johann, artiste musicien, membre de la Société civile

« Ce n’est pas par des mouta mouta politiques que les exilés vont revenir »

« C’est avec intérêt que nous avons suivi l’interview du président du Faso sur les chaines internationales. Ce que nous retenons, c’est qu’il souligne que s’il est réélu, il fera tout pour que tous les exilés puissent rentrer au pays. Pour nous, c’est quelque chose de très étonnant de la part du président parce qu’il y a de cela 5 ans qu’il a été élu. Si le retour des exilés est fondamental pour la cohésion sociale, il devrait le faire au début de son mandat. Nous voyons ici que le président Kaboré est en train de mettre la question du retour des exilés dans un programme de société. Cela veut dire tout simplement qu’il y a eu un manquement dans sa gestion. Sinon, le retour des exilés ne doit pas être un programme de société. C’est un marchandage juste pour plaire aux partisans de Blaise Compaoré et je trouve cela très déplorable. Même si le président Roch Kaboré n’est pas réélu, les exilés devront rentrer au Bercail. Nous disons ici que tous les exilés doivent revenir au pays. Ceux qui n’ont rien à se reprocher iront tranquillement chez eux pour reprendre leur travail. Ceux qui ont des déboires judiciaires pour crimes de sang ou crime économiques vont répondre devant la justice. On ne peut pas monnayer le retour des exilés contre la réélection du président Kaboré. C’est vrai qu’il s’adresse à ses électeurs mais je dis ici que ceux qui ont marché pour dire non aux crimes de sang, aux crimes économiques et politiques ne sont pas morts. Ce n’est pas par des mouta mouta politiques que les exilés vont revenir. Les exilés vont revenir parce que le peuple du Burkina est tolérant. Cependant, la tolérance ne signifie pas impunité. Quand les exilés viendront répondre à la justice, la réconciliation sera toute naturelle. Ce n’est pas par Kosyam que les exilés seront blanchis. C’est juste pour les flatter et flatter leurs partisans. J’interpelle les partisans que le retour des exilés ne doit pas être un programme de société de ces politiciens en quête de voix pour 2020 ».

 

Labidi Naba, président Observateurs sans frontières

« Le président Roch est dans une stratégie électoraliste »

« Sur la question du retour des exilés, les propos du président du Faso sont sortis hors de la fermeté qu’il avait depuis bien longtemps. Même s’il réaffirme que le Burkina n’interdit à aucun de ses fils de rentrer, il ouvre désormais une fenêtre sur une modalité d’absoute ou d’un retour sans procès de l’ex-président Compaoré. Puisqu’il affirme que le processus de réconciliation qu’il a engagé sera finalisé dès le premier semestre de sa nouvelle mandature, s’il est réélu au soir du 22 novembre 2020. Tout en faisant comprendre que ce sera aux forces courantes de décider des modalités de retour des exilés. Je pense que la position du président a tenu compte du contexte électoral qui se présente et qu’il faille conquérir des voix, même celles des affidés de l’ex-président Blaise Compaoré. Le président, pris entre le marteau et l’enclume, a préféré donner la charge des conditions de retour de l’ex- président Compaoré aux forces courantes. Le président Roch est dans une stratégie électoraliste ».

 

Issiaka Ouédraogo, président du CISAG

« La position du chef de l’Etat est opportune et réaliste »

 « Toute action qui tend à améliorer les relations entre les Burkinabè est la bienvenue. Pour nous, il s’agira non seulement du retour des Burkinabè dans leur pays, mais aussi de régler, une bonne fois pour toute, les différends qui nous divisent depuis tant d’années. Il nous faudrait nous référer à nos sources pour trouver la forme de justice qui pourra nous unir que de nous désunir. Le Burkina Faso a besoin de paix, d’unité et de cohésion pour léguer un héritage riche à nos descendants. La position du chef de l’Etat est pour nous opportune et réaliste ».

 

Abdoul Karim Konfé, président de l’association Nouvelle Vision

« C’est une bonne initiative»

« Pour ma part, c’est une bonne initiative parce quoi qu’on dise, qu’on ait fait la guerre pendant 100 ans, l’on finit par s’asseoir pour discuter autour d’une même table. Il faut donc sauver l’essentiel. L’injustice, ce sont les hommes qui la créent mais ce sont les hommes également qui la réparent. Le pardon et la tolérance sont des valeurs culturelles que les Burkinabè peuvent exploiter afin d’arriver à une situation de paix durable ».

 

Alain Roger Coeffe, ancien ministre du commerce, ministre de la planification du développement populaire et ministre des transports et des communications sous le régime de Thomas Sankara

« Nous sommes pour les retrouvailles de tous les fils du pays mais…»

 

« Evidemment, nous sommes pour les retrouvailles de tous les fils du pays mais ceux qui ont à répondre devant la justice devront répondre devant la justice. Le président du Faso a dit dans son interview qu’il a accordée aux chaines internationales, que ceux qui doivent répondre devant la justice répondront devant la justice,  cela est très important pour l’équité, l’égalité et pour une vraie réconciliation des cœurs, des esprits, des hommes. Cela vaudrait mieux afin que ceux qui ont été impactés d’une manière ou d’une autre puissent avoir les arrangements nécessaires, la reconnaissance nécessaire, et aussi les indemnisations nécessaires pour retrouver une vie normale. C’est ce que nous devons faire parce qu’unis, nous sommes très forts et désunis, nous sommes très faibles ».

Propos recueillis par Kiswendsida Fidèle  KONSIAMBO

 

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