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AN VI DE L’INSURRECTION POPULAIRE : «Gouverner le Burkina Faso n’est plus une question de boulimie du pouvoir » (Michel Kafando)

A l’occasion du sixième anniversaire de l’insurrection populaire des 30 et 31 octobre 2014, qui a mis fin au régime de Blaise Compaoré, nous avons reçu le message ci-dessous de Michel Kafando, président de la Transition. Pour lui, « l’espoir est permis », pour peu que les uns et les autres fassent d’un « engagement patriotique ».

Message d’espoir à l’occasion de l’anniversaire des journées des 30 et 31 octobre 2014

« Voilà déjà six ans que les journées insurrectionnelles des 30 et 31 octobre 2014 ont changé le cours de notre histoire, pour ne pas dire de notre destin. Ceux qui sont tombés, gisent à jamais au champ d’honneur et dans nos mémoires.

Ce sixième anniversaire est l’occasion de se rappeler leur impérissable souvenir et, unissant dans une même évocation les victimes de septembre 2015, de leur rendre un vibrant hommage.

En aucun cas, l’indifférence et encore moins l’oubli ne doivent être de mise. C’est pourquoi, par ce message, je voudrais très respectueusement m’incliner devant la mémoire des innocentes victimes de ces deux tragédies. A leurs familles, descendants, proches et amis, j’exprime mon indicible compassion et aussi ma certitude que, quelle que soit la lenteur du règlement de leur dossier judiciaire, notamment de leur indemnisation, la raison et l’équité finiront par prévaloir. Au demeurant, la loi votée par le CNT (Conseil national de Transition) sur les pupilles de la nation est là pour rappeler l’urgence de la prise en charge des ayants droits des martyrs.

Tant de sacrifices commandent qu’au moins soient poursuivies les aspirations de l’insurrection. C’est ce à quoi s’est attelée la Transition en édictant des réformes profondes et d’actes patriotiques pour l’édification du Burkina nouveau. Sans être exhaustif, nous pouvons mentionner les mesures suivantes ainsi que les résultats engrangés :

-L’adoption du pacte pour le renouveau de la justice et la réouverture des dossiers judiciaires emblématiques comme ceux de Norbert Zongo, Thomas Sankara, Dabo Boukary, qui ont contribué à la réforme de la justice et à la lutte contre l’impunité ;

-L’adoption de la loi anticorruption et l’érection de l’ASCE-LC en une véritable police économique, qui sont devenus désormais des instruments pour réprimer la corruption, moraliser la vie publique et politique dans le but d’une gouvernance vertueuse de l’Etat ;

-La révision du code minier afin d’optimiser les retombées économiques et sociales de l’exploitation minière, notamment avec l’instauration de fonds miniers de développement au profit de la nation, en vertu de sa pleine souveraineté sur ses ressources naturelles ;

-L’adoption de la loi sur le bail locatif pour rationaliser les coûts des loyers, et freiner la spéculation afin de faciliter l’accès à un logement décent pour tous, et cela, pour une plus grande justice sociale ;

-La création d’un Conseil de défense et d’une Agence de renseignement dont le processus de mise en place a été heureusement parachevé. Cette initiative ainsi que la création d’une commission de réforme de l’armée ont été incontestablement les prémices de la reforme générale du secteur de la sécurité ;

-La création du HCRUN (Haut Conseil pour la Réconciliation et l’Unité nationale) pour se pencher sur les modalités d’une véritable réconciliation et l’unité nationale ;

-La dépénalisation des délits de presse pour garantir à nos médias plus de liberté et de sécurité ;

-Les innovations du code électoral pour renforcer la transparence et l’équité du processus électoral, notamment à travers la prise en compte des candidatures indépendantes, la répression de la fraude et la corruption électorales.

Nous sommes à quelques pas de nouvelles élections qui vont déterminer le choix des responsables appelés à gérer une nouvelle mandature. Tout en respectant les programmes que les différents candidats proposent, je voudrais leur dire que toute ambition pour gouverner ce pays avec le maximum d’adhésion populaire doit impérativement s’inscrire dans l’observance de ces principes généraux de bonne gouvernance rappelés plus haut.

L’espoir est permis à notre cher pays si dans un esprit véritablement patriotique et avec un engagement résolu de notre dynamique jeunesse qui a déjà prouvé sa conscience aigüe du devoir patriotique, et, si nos dirigeants acceptaient l’honneur de faire de ces principes cardinaux leur code de conduite.

Gouverner le Burkina Faso n’est plus une question de boulimie du pouvoir pour ses ors et ses lustres. Gouverner le Burkina est une mission sacrée équivalent au sacrifice de soi. Dans ce vaste mouvement des peuples vers plus de démocratie et de justice, tout dirigeant qui s’aviserait de s’exclure de cette logique en paierait inexorablement le prix.

Que Dieu bénisse le Burkina Faso ! »

Michel Kafando

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