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ALTERNANCE EN AFRIQUE : L’égoïsme atavique des chefs d’Etat africains

La plupart des capitales africaines connaissent de plus en plus de manifestations parfois violentes, qui opposent les jeunes de ces villes  aux régimes en place. Après Ouagadougou où le soulèvement populaire a eu raison du régime de Blaise Compaoré en octobre dernier,  Cotonou, Lomé, Nouakchott,  Kinshasa, pour ne citer que celles-là, ont dû tour à tour faire face à des bourrasques nées  des contestations de leurs  chefs d’Etat,  pour la plupart mal élus ou tout simplement atteints par la boulimie du pouvoir, et refusant de ce fait de se soumettre aux  règles du jeu démocratique.

La contestation récurrente de l’autorité repose la problématique de l’alternance politique en Afrique

A Kinshasa  où Joseph Kabila règne en maître absolu depuis bientôt deux décennies, c’est à travers un affrontement direct  avec les forces de l’ordre que la population tente de se débarrasser  de ce que Etienne Tshisekedi, le principal opposant au pouvoir, qualifie de « régime finissant » de Kabila. C’est une nouvelle  loi électorale qui est à l’origine de cette  levée  de boucliers contre le pouvoir de la famille et du clan Kabila. Et comme cela est souvent le cas, le président Kabila n’a pas hésité à jeter ses mamelouks aux trousses des manifestants ; et comme cela est devenu la règle dans les régimes impopulaires, les services de communication au service du dictateur, ne se sont nullement gênés de minimiser le nombre de morts en ne parlant que de cinq macchabés, au moment où la société civile et l’Eglise font état d’une quinzaine de victimes.  Et pour empêcher toute voix discordante de se faire entendre, le régime a brouillé les signaux audio-vidéo de toutes les chaînes privées. Pour le régime de Kinshasa, ce qui importe, c’est moins le nombre de victimes que le nombre d’années qu’il veut encore se donner à la tête du pays.  Que représentent dix morts en plus ou en moins pour Kabila, si cela peut lui permettre de conserver son fauteuil ?

Cette contestation de l’autorité qui devient de plus en plus récurrente, repose la problématique de l’alternance politique en Afrique. Pourquoi la plupart des chefs d’Etat au pouvoir ces trois dernières décennies, ne veulent-ils pas entendre parler d’alternance ? A quoi faut-il lier ce refus de transmettre le pouvoir à une autre personne et de revêtir son costume de citoyen ordinaire ? Qu’est-ce qui explique cet  égoïsme atavique qui semble de plus en plus une spécificité africaine ?

Les peuples  doivent comprendre que leur salut ne viendra que d’eux-mêmes

Et dire pourtant que des  hommes d’Etat comme Léopold Sédar Senghor, avaient déjà donné le ton, en termes de renoncement au pouvoir ! Puis, il y eut Mathieu Kérékou, Abdou Diouf ou encore Alpha Omar Konaré qui ont su quitter le pouvoir. Ce faisant, ils ont renforcé la démocratie dans leurs  pays respectifs, en permettant à des concitoyens de prendre le relais.

Il est franchement regrettable de constater  que le mal de la  « présidence à vie  » s’attaque à cette nouvelle génération de chefs d’Etat dont l’accession au pouvoir s’est très souvent faite loin de tout respect des  normes  démocratiques. En effet, la plupart des potentats comme Denis Sassou Nguesso, Pierre N’kurunziza, Paul Kagamé et compagnie, ont pris le pouvoir par les armes. D’autres, comme Kabila de Kinshasa, Ali Bongo du Gabon, ou encore Faure Eyadéma du Togo, tous aujourd’hui contestés par leur peuple, ont  tout simplement  reçu le pouvoir en héritage.   Il faut le dire, le rapport de ces gouvernants au pouvoir pose un véritable problème éthique.  C’est à croire qu’ils ont fini par confondre pouvoir moderne et pouvoir traditionnel ;  qu’ils se sont mis dans la peau d’un chef  qui tire son pouvoir de droit divin.

Et pourtant, ces princes régnants qui pratiquent la politique du  » J’y suis, j’y reste « , sont généralement des personnes que rien ne prédestinait  à un destin national. Mais une fois parvenus au pouvoir, ils s’y accrochent par tous les moyens. Et ce, au prix, bien souvent, de nombreux morts. Ils se comportent comme si le pouvoir, c’est seulement bon pour eux, et pas pour les autres.

C’est pourquoi les peuples  doivent comprendre que leur salut ne viendra que d’eux-mêmes et que c’est surtout par la persévérance dans la lutte qu’ils parviendront à se  débarrasser des  dictateurs et non par les urnes. Et puisqu’on ne  réinvente pas la roue, rien ne leur interdit de s’inspirer de la lutte des autres peuples comme ceux d’Egypte, de Tunisie, du Burkina, pour ne citer que ceux-là. A l’exemple de Ben Ali, de Moubarack, de Blaise Compaoré, Kabila finira bien un jour par être chassé du pouvoir.

« Le Pays »

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