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Allocations budgétaires aux secteurs sociaux de base : les secteurs de la santé, de l’agriculture, de l’eau et l’assainissement, loin du compte

Après un premier rapport de suivi citoyen de l’exécution des budgets alloués aux services publics essentiels (santé, éducation, AEPA et agriculture) en 2022, le Centre d’études et de recherche appliquée en finances publiques (CERA-FP) vient de produire, cette année, son second rapport sur ce suivi budgétaire. La présentation des résultats dudit rapport est intervenue le 14 juin 2024, à Ouagadougou, au cours d’une conférence publique.

On le sait, le Burkina Faso a pris de nombreux engagements internationaux en vue d’une augmentation des parts budgétaires destinées à la délivrance des biens et services publics dans les secteurs sociaux que sont l’éducation (au moins 20% du budget national), la santé (au moins 15% du budget national) et l’agriculture (au moins 10% du budget national). Cependant, qu’en est-il exactement sur le terrain ? L’Etat respecte-t-il ses engagements dans ces 4 secteurs vitaux, en dépit du contexte de crise sécuritaire ? Apparemment sur les 4 secteurs sociaux concernés, un seul notamment celui de l’éducation semble être mieux logé. Des résultats de l’étude, il ressort que le budget alloué au secteur de l’éducation est passé de 630,197 milliards de francs CFA en 2020 à 745,015 milliards de francs CFA en 2024, affichant ainsi un taux de croissance globale de 18,22% et un accroissement annuel moyen de 4,27% sur la période sous revue. “ Le seul engagement respecté au-delà de la cible, est l’engagement de la déclaration de Dakar au niveau de l’éducation. Le taux d’allocation est à 23% en moyenne sur la période 2020-2024 et en exécution à 24% du budget de l’Etat… Ce secteur connait des taux d’exécution autour de 80% par an. Ce qui est assez important pour nous, et ce taux d’exécution devrait combler les besoins en termes d’éducation”, s’est réjoui Hermann Doanio, secrétaire exécutif du CERA-FP, qui a présenté les résultats de l’étude.

 

Hermann Doanio, secrétaire exécutif du CERA-FP

 

Même si le secteur de l’éducation jouit d’une bonne cote, ce n’est pas le cas pour les autres secteurs. “Pour ce qui est de la santé où l’engagement était d’allouer au moins 15 % du budget au secteur, nous nous retrouvons avec 10,05%. Cela est assez déplorable parce que rien que pour le ministère de la santé, l’engagement est de 12,7% donc on n’a même pas atteint l’engagement du ministère de la santé à plus forte raison celui de tout le secteur de la santé… Pour l’eau et assainissement, la part tourne autour de 2%. Ce n’est pas une grosse part..”, a déploré M. Doanio. Le secteur de l’agriculture n’est pas lui non plus au mieux de sa forme.  L’étude révèle que le budget alloué au dit secteur, est passé de 155,485 milliards de francs CFA en 2020 à 164,485 milliards de francs CFA en 2024, affichant ainsi un taux de croissance globale de 5,79% et un accroissement annuel moyen de 1,42% sur la période sous revue. Mais, il y a pire ! “Nous avons constaté qu’au-delà du non-respect de la part des 10% consacrés à ce secteur, en termes de financements, les financements extérieurs sont assez importants. Ils constituent pratiquement la moitié du budget alloué. Alors qu’aujourd’hui, il s’agit d’un secteur très vital et si nous dépendons de l’extérieur sur le plan alimentaire, cela veut dire que nous ne nous sommes pas encore approprié notre développement.  Au niveau de la santé, la part budgétaire est de 10% et l’agriculture, autour de 5% “, a fait savoir M. Doanio. Toutefois, il fonde l’espoir qu’avec l’offensive agro sylvo pastorale initiée par les autorités, en 2024, en termes de prévisions, ce secteur est en train d’avoir les ressources nécessaires pour faire face aux besoins d’autonomisation alimentaire des populations. “ Et nous espérons que cette initiative présidentielle va continuer et va amener les autorités à consacrer plus de ressources à l’agriculture pour parvenir à une sécurité alimentaire dans ce pays”, a déclaré le secrétaire exécutif du CERA-FP pour qui l’étude vise à savoir si au-delà de la réponse à la crise sécuritaire, des actions sont menées pour développer le capital humain.

 

Une vue de participants à la conférence publique

 

Au regard de ce tableau non reluisant, le centre a formulé quelques recommandations tant à l’endroit de l’Etat qu’à l’endroit des Organisations de la société civile. A l’Etat, il recommande entre autres, un accroissement des dotations au profit de la santé, de l’eau et assainissement et de l’agriculture au regard des défis de développement de capital humain, une fixation des cibles d’affectation budgétaire par secteur et sur trois ans, l’instauration de concertation avec les OSC sectoriels, dans le calendrier budgétaire, et la réalisation d’un audit social de l’impact des dépenses concernées. Aux OSC, le CERA-FP plaide pour un renforcement des capacités des OSC sur le budget et l’analyse budgétaire pour un suivi citoyen efficace du budget, l’élaboration d’une stratégie de plaidoyer et de lobbying pour influencer les affectations budgétaires, l’établissement d’un partenariat avec les structures techniques pour faciliter la collecte de données et l’analyse et l’élaboration d’un tableau de bord de suivi citoyen de certains indicateurs sociaux.

Pour rappel, cette étude du CERA-FP, qui s’inscrit dans le cadre du projet « Renforcement des bonnes pratiques et des mobilisations citoyennes en faveur de politiques publiques adaptées à la réduction des inégalités au Sahel » bénéficie de l’accompagnement de l’ONG OXFAM Burkina.

Colette DRABO

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