ActuBurkina
A la une Culture Vie de stars

Alif Naaba, promoteur des REMA : « Nous accompagnons la politique culturelle de notre pays avec les outils à notre disposition »  

Les Rencontres musicales africaines (REMA) auront lieu du 17 au 19 octobre prochain à Ouagadougou. Mais pour cette édition 2024, la ville de Bobo-Dioulasso sera également à l’honneur les 25 et 26 octobre. C’est d’ailleurs l’une des innovations des REMA 2024. A quelques jours de la tenue de ce grand rendez-vous culturel, nous avons échangé, hier 9 octobre, avec le promoteur de l’évènement, Noura Mohamed Kaboré, plus connu sous le nom de Alif Naaba. A l’en croire, tout est fin prêt. Plusieurs autres sujets ont été abordés au cours des échanges notamment la politique culturelle du Burkina Faso. « Nous accompagnons la politique culturelle de notre pays avec les outils à notre disposition », a laissé entendre, Alif NAABA.  Lisez plutôt !  

 A quelques jours de la tenue de la 7e édition des Rencontres musicales africaines (REMA), peut-on dire que tout est fin prêt ?

Oui, tout est fin prêt. Nous sommes toujours en train de mettre les petits plats dans les grands mais tout est prêt. Cela fait 11 mois de labeur et à quelques jours de cette 7e édition, nous sommes très impatients de retrouver le public.

 Quels sont les grandes étapes qui attendent les participants à cette édition ?

Il y a beaucoup de choses qui vont se passer cette année. Déjà nous avons une grande innovation à savoir les REMA Space. Les REMA space, c’est le public qu’on invite à venir au Rond-Point des martyrs à Ouagadougou.  Il faut y venir tous les jours, du 17 au 19 octobre à partir de 9h. Toute la journée, il y aura de la musique. Il y aura trois scènes qui vont être dressées et on invite la population à sortir massivement. Il y aura aussi des formations très éclatées, qui vont se passer un peu partout. Les artistes viennent de partout et ils vont jouer pour qu’on les découvre. Il y a aussi les REMA Play, le grand concert des REMA à Ouaga et cette année, à Bobo-Dioulasso, nous allons pour la première fois, créer les REMA Next.

Justement, quel est l’objectif visé en décidant d’organiser l’évènement à Ouaga et à Bobo-Dioulasso ?  

C’est parce que nous sommes convaincus d’une chose. Bobo-Dioulasso est une ville qui regorge de nombreux de talents au plan musical.  C’est un grenier important et nous nous sommes dit qu’il fallait absolument y aller pour donner aussi des outils de structuration aux artistes et acteurs de la localité. C’est cela les REMA, des dispositifs qui aident à structurer le secteur musical. Vous savez que Bobo-Dioulasso, est aussi le lieu où il y a beaucoup de jeunes artistes qui jouent des instruments, aussi bien modernes que traditionnels ; ils sont ancrés dans la tradition, ouverts au monde, ils accompagnent la musique burkinabè depuis la nuit des temps. Bobo-Dioulasso est une grande fierté avec la Semaine nationale de la culture qui s’y déroule régulièrement. C’est au regard de tout cela que nous avons décidé de nous y rendre aller pour créer les REMA Next, de sorte à donner des formations qui vont outiller les acteurs culturels de la région. Dans les années avenir, si Dieu permet qu’on aille dans d’autres villes, nous n’hésiterons pas du tout. Vous savez, nous accompagnons la politique culturelle de notre pays avec les outils à notre disposition.

Les REMA mobilisent du monde et les tenir dans deux localités à savoir Ouaga et Bobo-Dioulasso demandent une bonne dose de logistique et de moyens. Dans le même temps, le sponsoring devient de plus en plus rare au Burkina.  Comment arrivez -vous à combler le gap ?

 On essaie de combler le gap et on remercie nos partenaires qui croient en nous, qui comprennent la nécessité d’accompagner la structuration. Des gens pensent que les REMA c’est juste les concerts mais c’est beaucoup de formations derrière, beaucoup de réflexions, de panels, de moments où on parle, où on forme des jeunes et cela demande pas mal de moyens. Notre Etat a compris cela et met une dynamique pour nous accompagner et nous soutenir. Aussi nous avons des partenaires qui nous comprennent, qui ont l’oreille attentive à ce projet hyper structurant. Ce n’est pas évident mais nous ne pouvions pas attendre que tout soit réuni avant d’entamer quoi que ce soit. Donc nous faisons avec les moyens dont nous disposons pour essayer de mettre en œuvre cette envie de partager des expériences avec tout le monde. Nous avons la chance d’être dans pas mal de réseaux avec lesquels nous travaillons et à travers ces canaux, nous arrivons à faire venir des professionnels, des experts qui acceptent de venir à Ouagadougou pour apporter leur contribution. Chaque année, ils viennent car ils ont compris la nécessité de structurer le secteur musical, d’accompagner toutes les capitales africaines à se structurer. Il faut qu’à Dakar, à Ouagadougou, à Bamako, à Niamey, etc, dans toutes les grandes villes, nous puissions avoir, dans chaque pays, des secteurs structurés, une vraie économie de la musique et c’est ainsi qu’on parlera de vrai business de l’industrie musicale dans la sous-région et au niveau africain.

Notre pays connait une crise sécuritaire depuis des années maintenant.  Quelles conséquences cette crise a-t-elle engendré sur la culture en général et le showbiz en particulier ?

Dans tout pays où il y a une crise, l’art prend un coup notamment la musique. Et le Burkina ne fait pas l’exception. Il y a aujourd’hui beaucoup de jeunes artistes qui ont un champ d’action limité parce qu’ils partaient jouer à Dori, à Gorom- Gorom et d’autres localités du pays mais aujourd’hui, ils n’ont plus accès à ces populations. Or, ces populations qui sont dans ces zones ont toujours envie de voir leurs artistes, d’aller aux concerts. Malheureusement, on ne peut pas aller à un concert quand il y a crise. Cette crise a donc un impact sur la culture. Nous artistes, devons rester aux côtés de ces populations qui venaient à nos concerts. Nous devons les soutenir ces populations à travers la musique. Il faut absolument à travers une dynamique créative, soutenir l’effort que le pays fait. Et la musique peut être une arme. Il faut que la musique continue d’exister, que l’art en général continue d’exister. Il faut continuer à ouvrir des fenêtres d’espoirs, continuer à lever haut notre drapeau. Au niveau des REMA, nous sommes convaincus d’une chose : la musique est une arme qui peut aider notre pays à sortir de cette situation difficile dans laquelle il se trouve. C’est une arme qui peut galvaniser nos Forces de défense et de sécurité (FDS). Quand vous prenez nos routes nationales, nous voyons des jeunes qui se battent pour que notre pays puisse exister. Il faut continuer à les galvaniser, à galvaniser les infirmières, les instituteurs et à partir de la musique, tout cela est possible. Nous croyons en cela et les REMA sont dans cette dynamique. Faire en sorte que le monde entier sache que le Burkina Faso est un pays debout, résilient.

Quels sont les actions que mènent les artistes pour demeurer résilients dans ce contexte difficile ?

Les artistes ont beaucoup fait pour demeurer résilients. Il faut absolument travailler avec le digital et au niveau des REMA, toutes nos solutions sont digitales.   Par exemple aujourd’hui, il y a pas mal d’argent à se faire avec la distribution et toute la rémunération qui s’y trouve. Le jeune qui est à Dori par exemple ne peut pas voir l’artiste dans sa ville, mais il peut l’écouter. Quand il écoute, comment l’artiste peut gagner de l’argent derrière. C’est pour cela qu’il faut venir se former. C’est pour cela nous mettons l’accent sur la formation, la question de la monétisation, la diffusion, etc. Votre question trouvera sa réponse dans cette édition des REMA dont le thème est : “L’Afro digital créatif et économique en émergence”.

Que comptez vous laisser à la jeune génération d’artistes ?

Je ne suis pas encore de la vieille génération (rires). Nous travaillons ensemble. Au contraire, nous devons nous inspirer de la jeune génération parce que c’est leur temps, ce sont eux qui maîtrisent les outils. Ce que nous pouvons faire, c’est de faire en sorte que ceux qui réfléchissent 3.0, qui sont dans le monde entier et viennent à Ouagadougou, nous proposent leur vision et cela, pour le bonheur de la jeune génération. Nous rêvons de voir notre jeune génération se structurer, avoir des labels et tirer d’autres plus haut. C’est ce dont on rêve et c’est de ce dont parlent les REMA.

Selon vous, comment l’art et particulièrement la musique peut-elle contribuer à la lutte contre le terrorisme ?

L’art de manière générale et la musique en particulier, peut contribuer à la lutte contre le terrorisme. L’art peut galvaniser, contribuer à souder et à créer une unité. En écoutant les œuvres de certains artistes, on est en confiance. Il y a des artistes comme Privat qui sont dans l’armée et qui chantent parfaitement. En tant qu’artiste, quand je l’écoute, je me sens ragaillardi et je suis confiant. L’art peut apporter cela. L’art, ce n’est pas quelque chose qu’on peut mesurer mais c’est quelque chose qui joue en nous, qui nous permet d’être rassurés et les artistes doivent être dans cette dynamique de rassurer le peuple. Les artistes doivent continuer à créer de l’espoir, à galvaniser et à accompagner le pays vers sa sortie de crise.

Tout ce que vous dites doit s’inscrire dans une politique culturelle. Quelle appréciation faites-vous la politique culturelle au Burkina ?

Elle avance très bien. Nous sommes dans le secteur et nous voyons qu’il y a beaucoup de mutations. Au niveau notre ministère, celui de la Culture, il y a un grand travail qui est abattu dans le digital. Que ce soit au niveau du Bureau burkinabè des droits d’auteurs (BBDA) ou du Fonds de développement culturel et touristique (FDCT), et d’autres structures de l’Etat, ils sont dans le digital, les choses sont visibles. Au-delà tout cela, il y a des choses au niveau structurel dont je ne citerai pas. Nous recevons les équipes du ministère pour nous mettre à jour sur ce qui avait été fait, pour réorienter les choses, pour identifier et accompagner les structures. Il y a un vrai boulot qui est fait et nous sommes fiers. Aujourd’hui, je suis heureux de constater qu’un artiste qui est hors du Burkina puisse être déclaré au BBDA. Il y a des choses qui sont faites et d’autres qui sont en train d’être faites. Nous encourageons cela, il faut continuer dans cette dynamique.

Quel est votre message à quelques jours de la tenue de la 7e édition des REMA ?

 

Propos recueillis et retranscrits par Colette DRABO

Articles similaires

COVID-19 AU BURKINA FASO: 302 cas confirmés

ActuBurkina

UNION POUR LA DEMOCRATIE ET LE PROGRES : la nouvelle formation politique officiellement présentée

ActuBurkina

NATION : « le Sahel est-il vraiment une préoccupation essentielle pour le gouvernement ? »

ActuBurkina

Laisser un Commentaire

ACTUBURKINA

GRATUIT
VOIR