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ADOPTION D’UNE NOUVELLE LOI ELECTORALE EN RDC : On voit venir Kabila

La démocratie va-t-elle cesser d’être malmenée en Afrique ? L’alternance peut-elle y être envisagée sans le recours à la rue ? Ces questions, on est en droit de se les poser, au regard de ce qui se passe aujourd’hui en République démocratique du Congo. En effet, le samedi 17 janvier 2015, l’Assemblée nationale a adopté une loi électorale qui lie la tenue de la présidentielle de 2016 à un recensement général de la population. Le moins que l’on puisse dire est qu’en matière de techniques pour prolonger son bail à la tête de l’Etat congolais, Joseph Kabila a du génie. C’est pourquoi l’opposition qui représente une portion congrue au sein de l’hémicycle congolais, a préféré boycotter la séance parce que les dés étaient déjà pipés.

Qu’elle fût présente ou non, la volonté du président aurait été religieusement respectée par les députés acquis à sa cause. Et ils se sont effectivement exécutés puisque dans leur écrasante majorité, ils ont adopté la loi. Et le fait de l’avoir adoptée un jour férié et de surcroît un jour d’ouverture de la coupe d’Afrique des nations, en dit long sur le souci de Joseph Kabila de faire passer cette loi en catimini. Désormais, les choses sont claires : pas de recensement, pas d’élections, puisque c’est la République qui a été respectée, martèle la majorité à l’issue du vote. Cette loi, visiblement, cache mal la volonté de Kabila de s’accrocher au pouvoir en instrumentalisant la représentation nationale. Et cette gymnastique pour confisquer le pouvoir, ressemble comme deux gouttes d’eau, à celle que Blaise Compaoré avait entreprise au Burkina et qui avait provoqué sa chute. D’ailleurs, l’on se rappelle que pendant que le pouvoir de Blaise Compaoré concoctait son plan d’assassinat de la démocratie au Burkina, Joseph Kabila  avait dépêché une délégation à Ouagadougou pour certainement s’en inspirer. Cela dit, l’ambition de Joseph Kabila, au-delà de la loi qui lie désormais la tenue des législatives et de la présidentielle surtout au recensement de la population, est la mise en place d’une nouvelle Constitution qui l’autorisera à rebeloter autant de fois qu’il le souhaite. On le voit donc venir. Et ceux qui pensent que Joseph Kabila pourrait subir le même sort que Blaise Compaoré, vont peut-être vite en besogne.

Kabila ne craint pas de vouloir régner à vie sur la RDC

En effet, Joseph Kabila connaît son peuple. Il sait qu’il peut poignarder la démocratie sans que ces danseurs de « Mayebo » et de Rumba devant l’Eternel ne se mettent en mouvement pour l’en empêcher. Kabila sait aussi que son peuple est beaucoup plus préoccupé par les querelles de type régionaliste et ethniciste, que par les bonnes questions politiques dont les réponses appropriées permettent de tirer la démocratie vers le haut. Certes, l’opposition politique et quelques éléments isolés de la majorité sont en train de donner de la voix pour dénoncer les dérives antidémocratiques de l’homme fort de Kinshasa, mais cela risque d’être un coup d’épée dans l’eau, tant que le peuple congolais, les mouvements de la société civile, l’Union africaine (UA) et l’Occident, ne monteront pas au créneau pour crier leur holà à Joseph Kabila. Le peuple, pour des raisons que nous avons évoquées plus haut, risque de ne pas bouger.

L’UA, pour des raisons qu’elle porte dans ses gênes, non plus. La communauté internationale pourrait être tentée de caresser Kabila dans le sens du poil pour ne pas donner à celui-ci un alibi pour basculer définitivement dans le giron de la Chine dont on sait que les questions liées à la démocratie et aux droits de l’Homme, sont le cadet de ses soucis. Et comme personne ne veut cracher sur les immenses richesses du Congo, l’on pourrait s’attendre à ce que l’Occident s’accommode de la démocratie à la saveur Bantou que Kabila est en train d’expérimenter dans son pays. Joseph Kabila est conscient de toutes ces réalités. Il est donc serein. Il l’est d’autant plus que sa volonté de s’accrocher au pouvoir s’intègre de façon harmonieuse dans une culture de négation de la démocratie, largement partagée par l’ensemble des pays de la sous-région.

Comment, en effet, l’Occident peut-il dresser une inquisition pour brûler le seul Kabila pour ses pratiques antidémocratiques, tout en fermant les yeux sur celles de Denis Sassou N’Guesso, de Paul Kagamé et autres ? Kabila qui sait qu’il n’est pas le seul à porter le bonnet d’âne de la démocratie dans la classe, ne se fera pas prier pour assassiner la démocratie dans son pays.

Il le fera d’autant plus qu’il a la conviction que les donneurs traditionnels de leçon en matière de démocratie, au-delà de leurs sorties hypocrites pour l’interpeller, n’iront pas jusqu’à couper les ponts avec lui. Pour toutes ces raisons, Kabila ne craint pas de vouloir régner à vie sur la RDC et il faut être naïf ou de mauvaise foi pour ne pas le voir venir

Le Pays

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