Le Collectif des organisations de masse et des partis politiques (COMPP) et la Coalition contre la vie chère (CCVC) étaient au face à la presse ce 7 décembre 2020 à Ouagadougou. Un seul point était inscrit à l’ordre du jour, le programme des activités commémoratives du 22e anniversaire du drame de Sapouy, entendez du quadruple assassinat de Norbert Zongo et ses compagnons.
« Face aux tergiversations et aux obstacles dressés par les régimes successifs sur les dossiers pendants, poursuivons avec détermination la lutte pour la vérité et la justice pour Norbert Zongo et ses compagnons et pour toutes les victimes de crimes de sang ». C’est sur ce thème que se tiendront les activités commémoratives du 22e anniversaire du drame de Sapouy le 13 décembre prochain, sur toute l’étendue du territoire national selon les organisateurs.
Pour Chrysogone Zougmoré, président du collectif, 22 ans après le quadruple assassinat, la quête de justice et de vérité du peuple burkinabè reste intacte. De son constat, les régimes qui se sont succédé depuis l’avènement de ce drame, se sont montrés incapables d’être à la hauteur des attentes des populations en matière de vérité et de justice sur les crimes de sang. Pour lui, en dépit de l’espoir suscité par l’insurrection populaire et la résistance au putsch manqué de 2015, le constat demeure le même : le peuple attend toujours de connaitre la vérité sur les mobiles, les commanditaires et les exécutants de l’assassinat de Norbert Zongo et de ses compagnons d’infortune.
Y aurait-il des facteurs politiques qui entraveraient la manifestation de la vérité sur ce dossier ?
De l’avis du représentant du collectif des Avocats, Me Prospère Farama, il faut coute que coute qu’il ait un jugement, même s’il y a des velléités qu’on sacrifie le dossier au détriment de la réconciliation nationale. A l’en croire, il est vrai qu’il y a de plus en plus un espoir suscité par les autorités avec les inculpations, mais il ne faut pas se fier à cette bonne disposition d’esprit. « Pour moi, il y a effectivement des avancées dans le dossier Norbert ZONGO comme l’a indiqué le procureur Harouna Yoda. À une époque, on avait demandé la réouverture du dossier et le procureur de l’époque avait tout simplement refusé sous prétexte qu’il n’y avait pas d’éléments nouveaux, quoique des jeunes s’étaient présentés pour témoigner contre François Compaoré. Aujourd’hui, le dossier est instruit, il y a des inculpations et une demande d’extraction a même été lancée contre François Compaoré, l’une des personnes citées dans le dossier. Cependant, ces actions sont insuffisantes du moment où il y a certains dignitaires actuels qui étaient de faction avec le pouvoir de l’époque », a-t-il laissé entendre.
Et pour la commémoration de ce 22e anniversaire, plusieurs activités ont été prévues par les organisations de la société civile. Il s’agit entre autres de l’hommage à Norbert Zongo et à ses compagnons, à Falvien Nebié, Dabo Boukari, Cissé Fahadou, Balima Hama, aux victimes de l’insurrection populaire d’octobre 2014 et de la résistance au putsch du 16 septembre 2015 et à toutes les autres victimes d’assassinats ciblés et de crimes politiques. Cela à travers des rassemblements, des recueillements et des dépôts de gerbes de fleurs dans les cimetières, des ports de deuil, etc. Mais aussi des assemblées, conférences, meetings, marches-meetings autour du thème de la commémoration dans les régions, provinces, départements et autres localités.
À Ouagadougou, les principales activités prévues pour le 13 décembre, sous la direction des coordinations du CODMPP et de la CCVC, seront le rassemblement au cimetière de Gounghin pour un dépôt de gerbe de fleurs, un recueillement et un hommage à Norbert Zongo et à ses compagnons, aux martyrs de l’insurrection populaire et de la résistance au putsch et autres victimes dès 7h et un meeting à la Place de la nation, prévu pour 9h.
Profitant de cette rencontre avec la presse, les coordinations du CODMPP et de la CCVC ont lancé un appel à la jeunesse et à l’ensemble des populations des villes et campagnes à faire de ces activités du 13 décembre prochain un succès d’étape dans la lutte contre l’impunité.
Didèdoua F. ZINGUE
