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Me PAUL KERE, AVOCAT DE RAMA LA SLAMEUSE : « Rama est une fille qui s’est plus ou moins élevée toute seule ; son père a été assassiné»

Convoquée puis auditionnée, le 24 juin 2019 pour, entre autres,  blanchiment de capitaux, Rasmata Diallo alias Rama La Slameuse, a été déférée à la Maison d’arrêt et de correction de Ouagadougou (MACO). En effet, le procureur du Faso a décerné deux  mandats de dépôt à son encontre.  Selon le communiqué du procureur du Faso, Maïza Sérémé, l’affaire du blanchiment d’argent remonte à mai 2018, où « le parquet près le Tribunal de grande instance (TGI) de Ouagadougou saisissait la Cellule nationale de traitement des informations financières (CENTIF) aux fins de diligenter une enquête sur des faits présumés de blanchiment de capitaux ».  En attendant son jugement attendu dans ce mois de juillet 2019, nous avons rencontré son avocat, Me Paul Kéré. Lisez !

« Le Pays » : Que reproche-t-on à votre cliente, Rasmata Diallo alias Rama La Slameuse ?

 

Me Paul Kéré : Mme Diallo  a été convoquée par le magistrat instructeur dans le cadre d’une infraction de blanchiment d’argent. Ce que je peux vous dire, je vous rappelle le caractère absolument secret de la procédure pénale.  Je ne pourrai pas évoquer l’infraction de blanchiment d’argent. En revanche, pour les deux procédures qui ont été instruites par le procureur de la République, je peux vous dire quelques mots sur la première infraction qui est l’incident avec le policier sur la route et la vidéo qui a été publiée qui n’est pas reluisante sur la Justice.

 Pouvez-vous nous parler de son régime d’incarcération ?

 

 Le magistrat instructeur n’a pas décerné un mandat de dépôt. Il l’a laissée en liberté provisoire assortie d’un contrôle judiciaire.  Ce contrôle judiciaire, ce sont les obligations habituelles, à savoir   la garantie de représentation, éviter le trouble à l’ordre public, éviter par exemple de republier des vidéos. Ce qui est une très bonne décision, une sage décision de   la part d’un magistrat instructeur. En revanche, la procédure qui dure depuis 7 mois contre les policiers, procédure dans laquelle elle a écrit à la Direction générale de la police qui lui a répondu pour dire qu’elle acceptait les excuses de madame, je ne comprends pas pourquoi cette procédure revient 7 mois après et en flagrant délit. C’est finalement le procureur du Faso qui a décerné deux mandats de dépôt contre Rama La Slameuse à la fois sur l’incident avec les policiers et la publication de la vidéo.

 Son domicile a-t-il été perquisitionné comme tentent de le faire croire les réseaux sociaux ? D’autres vont jusqu’à dire qu’on a retrouvé une machine qui imprime de l’argent dans sa maison. Confirmez-vous ou infirmez-vous ces informations ?

 D’abord, il faut faire la différence entre la rumeur publique et la clameur publique. Lorsque vous êtes dans cette situation, la rumeur va très vite. Il suffit de jeter sur la toile une information erronée. Puisqu’elle est poursuivie pour blanchiment d’argent, même si le juge n’a pas encore établi l’infraction, une machine à fabriquer de l’argent va bien avec l’histoire. Mais je peux vous garantir qu’il n’y a aucune machine à fabriquer de l’argent chez madame Diallo. Je peux vous garantir que moi-même je suis allé à son domicile pour m’entretenir avec elle. Il n’y a rien de machine à fabriquer d’argent chez elle.

Pensez-vous que les activités qu’elle mène peuvent lui permettre d’entretenir le train de vie qu’elle menait  ?

 

Je vais vous raconter une anecdote qui va glacer plus d’un.  Au cours de son audition, Rama a demandé à ceux qui étaient en face d’elle, y compris son avocat, ceci : « Vous les hommes, lorsque vous donnez de l’argent à vos maîtresses, vous le publiez à vos épouses légitimes ? ». Rama est artiste. Je ne la connaissais pas avant cette affaire. C’est la première fois que je la rencontre et elle me demande d’intervenir pour sa procédure. Je peux vous dire qu’elle m’a dit qu’elle avait un copin, même si elle refuse de donner l’identité de ce dernier, qui l’aime et qui subvient à ses besoins.  C’est ce qu’elle a dit. Mais je ne peux pas vous certifier avec un acte notarié, que je sais l’origine de ses fonds.

 Comment le contact s’est-il établi entre vous et Rama La Slameuse, puisque vous résidez en France ?

 

 Je suis arrivé à Ouagadougou pour le procès du putsch de 2015.  Un certain Ismaël Sogo m’a envoyé un message pour me demander de sauver cette dame parce qu’elle est dans des difficultés.  Et le rôle de l’avocat, c’est d’intervenir là où il y a la souffrance. Je ne connaissais pas Rama et j’ai été sollicité et il faut que l’opinion nationale et internationale comprenne que la place de l’avocat, c’est là où il y a la souffrance. Si c’est une veuve, un orphelin qui souffre, l’avocat doit être présent à cette situation.  Si c’est un milliardaire qui souffre, l’avocat doit être présent.  Nous ne faisons pas de la politique et nous ne sommes pas partisans. (…) Défendre un criminel ne signifie pas qu’on accepte l’acte de crime.  Il faut que les gens fassent une différence radicale entre la défense de quelqu’un qui a offensé les règles sociales et évidement la personne de l’avocat qui est digne et intègre. Nous avons fait le serment de défendre tout le monde.

 Où se trouve Rama Actuellement ?

 

 Rama a fait l’objet de deux mandats de dépôt de la part du procureur du Faso. Avec l’adoption du nouveau Code pénal qui a été promulgué depuis le 29 mai 2019, nous attendons que le président du Faso puisse prendre un décret pour qu’il soit publié.  Si ce décret est publié, désormais, en matière de flagrant délit, la personne placée sous mandat de dépôt ne peut pas faire plus de deux semaines. Si elle fait plus de deux semaines, elle est obligée d’être remise en liberté d’office. Et en matière de détention provisoire, en matière criminelle, le délai maximum est de deux ans. Vous voyez que le régime d’incarcération de Rama, si le président du Faso prenait le décret demain ou après-demain, ferait que, dès lundi, Rama serait jugée et mise en liberté d’office. (…) Elle est actuellement détenue à la Maison d’arrêt et de correction de Ouagadougou (MACO).

 Avez-vous accès à elle en prison ?

 

Oui, les avocats ont accès à leurs clients.  Je profite de vos colonnes pour saluer tous les acteurs qui interviennent pour faciliter nos contacts avec nos clients en ces lieux. Je l’ai rencontrée à plusieurs reprises. Elle va bien. Ce qui est très bien, c’est qu’on constate qu’elle s’est plus ou moins calmée.  Je crois que les choses sont en train d’aller dans le bon sens.

 Ses publications sur les réseaux sociaux sont contradictoires les unes et les autres. D’aucuns estiment qu’elle ne se porte pas bien. Partagez-vous leur avis ?

 

 Je suis avocat et non un médecin encore moins un psychiatre.   Il me semble que c’est une fille qui s’est plus ou moins élevée toute seule. Son père a été assassiné. Quand on  rencontre des problèmes familiaux, il ne faut pas s’attendre à ce qu’on ait les mêmes réactions. Ses publications sont ses publications. Je ne valide pas forcément ces publications parce qu’elles sont à mes yeux excessives. Mais la personne de Rama est une fille adorable.

C’est une fille qu’il faut connaître.  A mon sens, je pense que cette dame est bonne mais gagnerait à modérer ses propos. Pour faciliter le vivre-ensemble, il faut compter avec les avis des autres.

Interview réalisée et retranscrite par Issa SIGUIRE

Le Pays

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