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3E MANDAT DE ALASSANE OUATTARA : voici ce qu’en pensent des Ouagavillois

Le 6 aout 2020, veille du 60e anniversaire  de l’indépendance de la Côte d’Ivoire,  lors de son discours à la nation, le président Alassane Dramane Ouattara annonçait officiellement sa candidature pour briguer un 3e mandat. ActuBurkina a tendu le micro à des citoyens à Ouagadougou pour recueillir leurs avis. Et voici ce qu’ils en pensent.

Marc Bonogo, juriste et président de l’Alliance des nouvelles consciences (ANC)

« C’est un principe cardinal de démocratie qui est foulé aux pieds par ADO »

 

« Tout d’abord, il est bienséant de rappeler que la Côte d’Ivoire est un pays qui a opté pour le système démocratique et cela a de fortes implications telles que la séparation des pouvoirs, la reddition des comptes, l’organisation régulière d’élections libres, transparentes et équitables et aussi l’alternance à la tête de l’Etat. Ensuite, rappelons que Alassane Dramane Ouattara est au terme de son second mandat, donc 10 ans déjà au pouvoir. La question que nous sommes amené à nous poser est celle qui consiste à savoir si juridiquement il peut se représenter. En rappel,  avec le passage du régime parlementaire au régime présidentiel, le camp Ouattara a procédé au gommage de tout ce qui pourrait être un obstacle à une nouvelle candidature du président ADO aussi bien la limitation des mandats qui limitent l’âge pour se présenter. Partant de ce fait, tous les Ivoiriens, de tous âges y compris le président sortant, ont le droit de se présenter, toute chose qui a permis aussi à Henri Konan Bédié, 86 ans, de déclarer sa candidature. Toutefois, il faut noter que devant le Parlement ivoirien et aux yeux du monde entier, le président ADO a déclaré qu’il ne se représenterait plus et qu’il passera le témoin à la nouvelle génération. Ainsi, il désigna Amadou Gon Coulibaly pour porter le flambeau du RHDP. Je pense que la décision de briguer un autre mandat est une manière de denier la démocratie. C’est ici un principe cardinal de démocratie qui est foulé aux pieds par ADO à savoir celui de l’alternance démocratique. Par ailleurs, sur le plan de l’éthique, on ne saurait comprendre une telle volte-face de la part d’une personnalité de sa trempe. Dire qu’on ne décevra jamais les Ivoiriens en tenant mordicus à s’éterniser au pouvoir constitue un danger réel pour ce pays. Comme l’a signifié le chanteur Fréderic Ehoui Meiway, si après la mort du candidat désigné par le RHDP,  Ouattara n’a plus une personnalité de la nouvelle génération compétente pour le remplacer, c’est qu’il a lui-même lamentablement échoué. Enfin, cette décision est de nature à mettre en mal la quiétude, la cohésion sociale et surtout la paix que le père de l’indépendance avait construite et que ses successeurs comme lui Ouattara, Bédié et Gbagbo ont contribué à effriter. Personnellement, j’ai en son temps salué la hauteur d’esprit d’ADO de renoncer à se présenter à nouveau. Il aurait pu, par là même, sortir par la grande porte comme son homologue du Niger Mamoudou Issoufou. En tout état de cause, quand on sait comment Alassane Ouattara est arrivé au pouvoir, on est en droit de penser qu’il est en train de réunir les conditions de sa réalisation de la maxime populaire qui dit que « qui règne par l’épée, périra par l’épée ».

 

Hermann Sankara

« Je suis un peu déçu de voir que nos doyens ne nous donnent pas une leçon sur le principe du respect de la parole donnée »

 

 « C’est avec grande surprise que j’ai appris la déclaration du président Alassane Dramane Ouattara annonçant sa candidature à l’élection d’octobre 2020. Cette surprise vient du fait que j’avais appris à travers les médias, il n’y a pas longtemps, cette déclaration faite devant l’Assemblée Nationale où il disait qu’il n’allait plus se représenter. Cette décision a été très bien acclamée par l’AN. Je pense qu’aujourd’hui, je ne connais pas les motivations du président Ouattara, mais en tant que jeune africain soucieux du bien être des différentes communautés, je suis un peu déçu de voir que nos doyens ne nous donnent pas une leçon sur le principe du respect de la parole donnée. Nul ne peut être indispensable pour un pays et la Côte d’Ivoire a plus de 20 millions d’habitants. Donc dire que le président Ouattara n’a plus d’homme de qualité dans les rangs du RHDP est impensable. On peut comprendre que juridiquement, il est à mesure de se représenter car la Constitution le lui autorise mais en termes d’opportunité,  je ne suis d’avis contraire. C’est cette même goutte qui a débordé le vase en 2014 et qui a abouti à l’insurrection populaire au Burkina Faso. Je me dis que ce 3e mandat risque de porter un coup à la stabilité du pays.  Et je pense qu’il peut faire grâce de ce scénario car la Côte d’Ivoire est un pays qui vient de loin et elle a besoin de cette stabilité pour retrouver ses marques. Si éventuellement sa candidature peut entacher cette quête de stabilité, je pense que ce n’est pas opportun pour le président ADO de faire un forcing. Il a déjà fait ses preuves ; qu’il laisse la place à une nouvelle génération ».

Badini Adoul Kabirou

« Pour l’heure, c’est l’homme idéal »

« Je  n’ai aucun problème avec cette décision. Personnellement, je le voyais venir et ce pas maintenant que je vais m’offusquer par rapport à sa volte-face. Il faut savoir qu’il avait déjà émis l’hypothèse selon laquelle, si toutefois ses 3 concurrents historiques à savoir les président Henri Konan Bédié et Laurent Gbagbo revenaient, il n’écartait pas la possibilité de se présenter. Il avait la volonté manifeste de passer le flambeau en choisissant un dauphin. Mais malheureusement, il a été contraint par la force des choses avec la perte de Gon Coulibaly. Cela a fortement impacté les calculs et rebattu les cartes au sein du RHDP. Ce qui est difficile, c’est  de trouver un candidat idéal qui va maintenir la stabilité au sein même du parti. Etant donné qu’il est  le maillon fort du parti, s’il ne se représentait pas, il serait difficile pour le RHDP de remporter les élections et de maintenir les acquis des deux mandats d’ADO. Pour l’heure, c’est l’homme idéal. Avec les éventuels retours de Gbagbo, Blé Goudé et Bédié, face à ces hommes, le RHDP n’a plus d’autre choix que de barrer la route à ses opposants historiques. Les 3e mandats ont toujours fait l’objet de contestations dans plusieurs pays, et la Côte d’Ivoire n’est pas une exception. Mais par la suite, ces pays retrouvent la stabilité. La Côte d’Ivoire a une longue expérience en matière de crise, je ne pense pas qu’actuellement, les Ivoiriens ont un intérêt particulier à ce que leur pays rechute dans une nouvelle crise ».

DAH Sami

« Je suis entièrement  d’avis qu’ADO se représente »

« Moi je suis entièrement  d’avis qu’ADO se représente. Je ne vois pas qui, mieux que lui, pourra faire ce qu’il a déjà réalisé. Pour moi, ce n’est pas un problème d’homme de confiance ou d’homme de qualité qui manque. Le RHDP est une famille et c’est le chef de famille qui décide. Maintenant, faut-il craindre ou ne pas craindre une nième crise, moi personnellement, je ne cautionne pas les manifestations. A mon avis, la crise poste électorale de 2010 a permis de mesurer les conséquences des mouvements spontanés. Pour moi, tous les présidents africains sans exception, c’est comme bonnet-blanc, blanc-bonnet. Qu’il soit ADO, Soro ou Bédié, ça toujours la même chose.

Propos recueillis par Didèdoua Franck ZINGUE

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