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Zidass, artiste-musicien, formateur en jeu d’instruments traditionnels : « Les instrumentistes traditionnels sont en train de devenir rares… »

Cette semaine, votre média actuburkina.net a reçu comme invité, l’artiste-musicien, Yacouba Zoungrana, alias Zidass. Il est chanteur, compositeur, percussionniste, formateur en jeux d’instruments traditionnels et interprète des instruments traditionnels parleurs. Avec lui, il a été question de l’avenir des instrumentistes traditionnels. Sur la question, notre Chevalier de l’ordre du mérite burkinabè n’est pas passé par quatre chemins pour exprimer ses craintes. A son avis, au fil du temps, les instrumentistes traditionnels sont en train de devenir rares et si l’on n’y prend garde, « on risque de ne plus avoir d’instrumentistes s’agissant de certains instruments »

Depuis quand faites-vous la musique et combien d’albums avez-vous à ce jour ?
Je dirai que je fais la musique depuis 2005 mais avant, j’étais dans la culture puisqu’en 2001, je faisais le théâtre et c’est à partir de 2005 que j’ai commencé à faire de la musique. J’ai à mon actif deux albums et aussi quelques singles. J’ai été directeur artistique de quelques artistes comme Clanabel, et j’ai composé certaines chansons pour des artistes comme Bill Aka Kora.

Vous qui évoluez dans le tradi-moderne. D’où tirez-vous votre inspiration ?
Je pense que je tire mon inspiration de mes parents mais aussi de mes devanciers. Ma maman était une cantatrice traditionnelle. Au moment des réjouissances à la place publique, elle chantait, juste pour se faire plaisir puisqu’elle n’était pas artiste en tant que tel. Quant à mon père, il a joué au Bendré (tambour à calebasse) et c’est son Bendré qui est plus vieux que moi, que j’utilise actuellement. Au-delà de ces derniers, je m’inspire des devanciers notamment mes papas, mes grands frères qui ont chanté avant moi : Jean Claude Bamogo, Georges Ouédraogo, To Finley, Pierre Sandwidi, Prince Edouard Ouédraogo, etc. Des gens de qui je m’inspire beaucoup pour mes compositions.

Zidass maniant son instrument de prédilection que sont les castagnettes

 

Vivez-vous de cet art que vous pratiquez ?
Depuis 2006 où j’ai quitté l’université, je n’ai pas fait un autre boulot à part la musique. Je vis pleinement de la musique.

Vous qui êtes formateur en instruments traditionnels. Sentez-vous un certain engouement de la part des jeunes ? Et quels conseils avez-vous à leur donner ?

 

Comment appréciez-vous la musique tradi-moderne aujourd’hui au Burkina ?
Je dirai qu’il y a une avancée significative mais en même temps, nous sommes en train de perdre les valeurs des instruments traditionnels. En effet, on a pris la musique tradi-moderne et on l’a transposée sur le piano, le clavier de sorte que finalement, on risque d’oublier les instrumentistes traditionnels et j’estime qu’en la matière, nous sommes en train d’aller à côté de la plaque parce que quel que soit l’instrument qu’on va utiliser dans le piano, il ne peut pas remplacer les intentions de l’instrumentiste qui est sur place en train de jouer. Il faudra qu’on fasse encore plus de recherches et cela ne peut se faire sans une implication des instrumentistes traditionnels. Pour moi, il faut qu’on revoie parce que les gens font de la musique tradi-moderne, ce qui est à saluer, mais on a oublié l’authenticité de la musique traditionnelle. Je lance un appel à tous les arrangeurs mais aussi aux artistes à revoir ce côté des choses pour permettre aux instrumentistes d’être là et de créer la musique avec les artistes, ce qui va donner une certaine originalité.

Est-ce à dire que vous avez des craintes quant à l’avenir de ce genre musical ?
J’ai des craintes parce que quand on prend des années 2000 à 2015, il y avait beaucoup plus d’instrumentistes que de 2016 à nos jours. Les instrumentistes sont en train de devenir rares et si cela continue, on risque de ne plus avoir d’instrumentistes s’agissant de certains instruments. Les instrumentistes abandonnent aussi au profit d’instruments modernes parce qu’il peut arriver qu’un instrumentiste ne soit appelé deux ou trois fois seulement pour jouer sur scène et cela une année. Ce qui n’est pas facile. Du coup, ça ne nourrit pas son homme. Je lance encore un appel pour qu’on reconsidère l’instrumentiste traditionnel de sorte à lui permettre de vivre de son art, ce qui va créer un engouement et permettra de revaloriser l’instrument traditionnel.

Vous êtes un instrumentiste qui maîtrisez plusieurs instruments à la fois (castagnettes, Bendré, guitare, batterie, etc). Comment s’est fait votre apprentissage pour parvenir à leur maîtrise parfaite ?
Je dirai que ç’a été un apprentissage de longue haleine parce que de 2006 à 2015, j’ai sillonné plusieurs orchestres de la ville et j’ai officié dans au moins 14 orchestres. Il n’y a aucun orchestre officiel où je n’ai pas mis les pieds. De l’orchestre national, à celui de l’université en passant par celui de la police, de la présidence, bref. Mon objectif était d’apprendre et avoir une large gamme de la prestation live et c’est ainsi que j’ai appris les instruments au fur et à mesure hormis le Bendré que j’avais déjà et dans lequel je me suis perfectionné au fil du temps. Mais pour ce qui est des autres instruments traditionnels, c’est vraiment au sein des orchestres que s’est fait mon apprentissage.

Quel est le message que vous avez à adresser à eux qui aiment votre musique, à vos fans ?

Je suis déjà fier du fait qu’il y ait des milliers de personnes qui croient en ma musique, qui espèrent en la progression de Zidass mais je souhaiterais que ce soit le cas pour des milliards de personnes.  Comme je l’ai dit, la musique tradi-moderne est reléguée au second plan, et s’il n’y a pas un regain d’engouement, c’est souvent difficile pour l’artiste de faire mieux. A tous mes fans, je leur dis merci pour leurs soutiens mais je demande encore plus de fans, de bénédictions, de soutiens.

Propos recueillis par Colette DRABO

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