Deux mois après la réélection d’Ali Bongo, très peu de gens croient encore à un possible renversement de situation en faveur de l’opposant Jean Ping. Mais ce dernier croit toujours dur comme fer que la victoire que son adversaire à la présidentielle du 27 août 2016, Ali Bongo, est soupçonné de lui avoir volée, lui reviendra. En effet, pour nourrir l’espoir de ses partisans, il a pris son bâton de pèlerin pour faire le tour de certaines capitales occidentales dont Paris et Bruxelles, afin d’obtenir leur soutien. Dans la forme, l’homme n’a pas tort, car, on se rappelle que la Communauté internationale lui avait demandé de recourir aux voies légales pour trancher le litige électoral, au moment même où l’opposant était convaincu que la Cour constitutionnelle qu’il qualifiait de « tour de Pise », trancherait en faveur de son adversaire. De ce point de vue, l’on pourrait dire que Ping qui se retrouve aujourd’hui comme le dindon de la farce, a raison d’interpeller les Occidentaux sur leur engagement. Mais dans le fond, l’on pourrait dire que Ping fait preuve de naïveté. Car la préoccupation première des Occidentaux aujourd’hui, n’est ni de poursuivre un bras de fer ni de dégommer Ali Bongo pour placer son adversaire, mais plutôt de chercher à normaliser leurs relations avec le locataire du Palais du bord de mer qui conserve les rênes du pouvoir et donc est capable de défendre leurs intérêts. Il faut bien le dire, Jean Ping prêche dans le désert. Et, du reste, son passé parle aujourd’hui contre lui.
Le Gabon n’est pas l’Amérique
En effet, l’on se souvient de ses positions en faveur des dictateurs lorsqu’il était président de la Commission de l’Union africaine (UA). Lorsqu’Ali Bongo avait volé la victoire de l’opposant André Mba Obame en 2009, il n’avait pas été capable de le dénoncer ni d’aider ce dernier à rétablir la vérité des urnes. Bien au contraire, le « Chinois », comme certains Gabonais le surnomment, avait accompagné l’usurpateur pour protéger le butin de sa rapine. Il est donc aujourd’hui dans la situation de l’arroseur arrosé. Si aux Etats-Unis d’Amérique où Donald Trump vient d’être élu 45e président, le vote a un sens, en Afrique en général, tel n’est pas le cas. Cela est d’autant plus vrai que les résultats y sont fabriqués selon la volonté du prince régnant, surtout lorsque celui-ci est candidat à sa propre succession. Et c’est justement ce qui empêche non seulement la démocratie de s’enraciner véritablement sur le continent noir, mais aussi ce qui freine l’essor économique, social et politique du continent. Le système électoral est si transparent aux USA que les Américains n’auront pas attendu plus de 24 heures pour connaître le nom du nouveau locataire de la Maison Blanche. Ping doit se rendre à l’évidence que le Gabon n’est pas l’Amérique. Au pays de l’Oncle Sam, c’est le peuple qui élit le président mais au Gabon, c’est la fraude, l’achat des consciences, les intimidations, la loi du plus fort et autres pratiques malsaines qui ont prévalu lors de la présidentielle. Et Jean Ping le sait mieux que quiconque, pour avoir servi fidèlement et loyalement pendant plus d’un quart de siècle, Bongo père. Son périple occidental n’est qu’une simple tournée de lamentations.
Dabadi ZOUMBARA