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Terrorisme  au Burkina : Deux catégorie de djihadistes s’affrontent, selon  le journaliste, Newton Ahmed Barry

 Newton Ahmed Barry, journaliste et ancien président de la CENI dans cette tribune publiée sur sa page Facebook, fait le constat  qu’il y a un partage des rôles entre les djihadistes « de brousse » et les djihadistes « de ville ». Même si les deux s’affrontent pour le contrôle du pays, ils ont, selon son  avis, les mêmes ennemis et une finalité commune qu’est le leadership dont ils se disputent déjà. Lisez plutôt.

Combien de Burkinabè font la part des choses dans le cocktail social explosif qui s’amorce sous nos yeux ? Très peu. Deux djihâdistess s’affrontent ouvertement maintenant pour le contrôle du pays.

Le premier est celui contre lequel le pays ferraille depuis 2016. Le second est celui des villes qui s’adosse sur les institutions de l’Etat avec le même dogme que ceux de la brousse et le « Mahdi » IB, comme prophète (croyance chiite duodécimains).

Grosso modo, les deux ont les mêmes ennemis et une finalité commune dont ils se disputent déjà le leadership. Sous le joug de quels djihadistes allons-nous ployer dans un futur proche ? Les djihadistes de la brousse ou les djihadistes de la ville ?
Les djihadistes de la brousse sont connus. Ils sont de la mouvance Al-Qaida la principale organisation djihadiste en Afrique, dont l’objectif est d’instaurer un nouvel ordre mondial avec l’idéologie salafiste. Ils utilisent les communautés comme des moyens au gré de leur avancée en usant et en exacerbant les dissensions intercommunautaires.

Et ils sont en concurrence avec l’autre centrale djihadiste de la région qui monte en puissance dans le zone des Trois Frontières depuis quelques mois, l’EIGS (État Islamique au Grand Sahara)…Une des plus dangereuses au monde et qui semble s’être dangereusement renforcée dans notre septentrion avec Markoye, Gourom, Falagountou, Seytenga… déjà presque sous leur contrôle.

Les djihadistes de la ville sont ceux faussement fâchés par les revers de la lutte contre le terrorisme des djihadistes de la brousse. Qui sont anti français, anti démocratie, anti droit de l’homme, anti occident, anti élite politique et intellectuelle et qui sont les pro-IRISSI. Ils exercent le terrorisme d’Etat sur les civils non armés, Peulh principalement, dans le but que cette terreur ciblée oblige les djihadistes de brousse à abandonner le terrorisme.

Les djihadistes de la ville sont constituées essentiellement de mossiphones (tous les audios sont dans cette langue) et les djihadistes de brousse par les fulaphone. C’est en Peulh qu’ils s’expriment dans leurs vidéos sur les réseaux sociaux.

Cependant, il y a un partage cynique des rôles entre les deux djihadistes.
Dicko et Diallo tiennent le fusil !
OUEDRAOGO, KABORÉ et TRAORÉ assurent la logistique !
Les djihadistes de brousse n’ont pas de champs, mais ils sont mieux nourris que le commun des Burkinabè. Ils n’ont pas une usine de montage de moto, cependant ils roulent toujours sur des motos neuves, puissantes et qui ne sont jamais en manque de carburant.

Depuis la crise ivoirienne certains Burkinabé ont acquis un vrai savoir-faire pour faire du business dans les situations de crise. Des deux côtés ce sont les affaires. Comme le cas de ce leader musulman bien connu, membre de la faîtière qui dormait chez Damiba avant de retourner casaque pour cornaquer IB, en lorgnant l’immense marché des armes. Mais ça nous en parlerons dans les épisodes suivants.
Ce que beaucoup ne savent pas
Il y a une centralité de la pensée de nos « djihadistes des villes… », la religion et accessoirement l’ethnie.

Il est illusoire de croire que les « djihadistes de la ville » sont dans la vocifération sans un objectif précis. C’est un vrai projet construit avec des moyens d’actions plus ou moins bien élaborés dans l’objectif d’imposer un modèle social et sociétal qui pour l’instant n’est pas dévoilé car les conditions objectives ne sont pas encore réunies. Mais ils ont réussi à rassembler une armada de combattants, (intellectuels, OSC, panafricanistes) autour de plusieurs leurres.

Voici les leurres :
1) Négation des droits de la République
2) Négation des libertés
3) Refus des droits de l’homme
4) Refus de la démocratie
5) Refus de l’école occidentale
6) Refus de l’Occident dont le symbole achevé est la France au Sahel
7) Appel de Poutine (IRISSI) en secours

L’ensemble de ces leurres sont théorisés dans les principaux axes de l’idéologie d’Al-Qaïda avec comme finalité « la restructuration du monde actuel en perdition » (Soto Mayor, mars 2022)
Le postulat : « l’islam est un système de vie complet », l’associer à une autre « pensée du monde », idéologie, démocratie, droit de l’homme est considérée comme « Chirk » ; le crime d’association de Dieu à une autre divinité.

Comment on conditionne les gens ?

Identifier des alliances stratégiques et terroriser la pensée critique
1) Il faut créer une atmosphère de terreur qui dissuade les élites et ceux qui savent.
La violence outrancière qui se déploie actuellement sur les réseaux sociaux oblige tout le monde à se tenir à carreaux. Surtout, il ne faut pas s’aviser à élever une critique sur IB.

Et on voit le narratif évoluer ; Il ne s’agit plus de transition politique mais d’un pouvoir établi sans limite de durée. Dans ces conditions, ce qui n’a pas de limite de durée dans le temps n’a pas d’objectifs mesurables. A contrario, il est approprié à la réalisation du « Manhaj », en arabe, transformer « la matrice de la pensée » pour construire un monde alternatif à celui « impie de l’Occident ». D’où la criminalisation des Burkinabè soupçonnés de proximité avec la France. Ils sont maudits à longueur de prêches et traités d’apatrides.

2) Les alliances stratégiques
Référence alibis aux dimas et aux coutumiers !
C’est un vrai endormissement, correspondant à une stratégie dont les segments ont été élaborés et ont fait l’objet de Recommandation de l’Imam Al Zawihiri (Septembre 2008, Clés de la stratégie Al-Qaïda en Afrique). Il s’agit de respecter les structures traditionnelles africaines de pouvoir et de croyances y compris leurs syncrétismes, le temps de retourner les esprits.

C’est une stratégie de pénétration et d’implantation. La majorité de ceux qui s’égosillent dans les audios haineux et les prêches enflammés n’en savent peut-être rien. Ce rôle est sans doute réservé « aux leaders », c’est une référence que l’on entend dans les audios. Il est quasiment certain cependant, que la cohorte des « panafricanistes » avec qui se noue une alliance stratégique, sont dans l’ignorance. Avec eux c’est la réplique de la duperie comme celle nouée (à son détriment) par le mouvement AZAWAD avec AQMI au Nord du Mali dans les années 2010.
Les Djihadistes ont un dispositif suffisamment puissant capable de soumettre ou de réduire les alliés devenus encombrants comme on l’a vu au Nord Mali en 2012…
En attendant il faut un objet, par défaut, de « loyauté absolue »

Dans l’idéologie djihadiste originelle, il s’agit de « al-wala al-bara » qui signifie « loyauté absolu ». L’objet de la loyauté absolu dans le cas présent, pour nos « djihadistes de ville », c’est Ibrahim Traoré. En a t’il conscience ? Ou est-il un objet du projet ? Certains témoignages rapportent qu’il prend au sérieux l’honneur d’être le deuxième président musulman, après Sangoulé Lamizana.

Mais la stratégie est relativement élaborée et devrait opérer par touches successives. Ils ne peuvent pas faire valoir à l’étape actuelle la vérité de « al-wala al-bara » qui est la « centralité dans la foi », imposant « la loyauté absolue et dissociation complète » qui est dû à Dieu et à lui seul. Mais le temps viendra. Pour l’instant, les coutumiers et les coutumes sont de bons alliés.

Il faut savoir mixer pour mieux servir la cause.
Pour les instruments de la terreur ; emprunter à la coutume moaga et l’assaisonner à l’islam.
Tuer, bannir, ou emprisonner !
Il est fortement recommandé au capitaine IB pour réduire ses « ennemis » d’user d’un triptyque qui a cours seulement dans les rapports de pouvoirs chez les mossis. Surtout, les deux premiers. Car la prison, n’était pas connue dans nos sociétés traditionnelles.

Par extrapolation et en faisant de la manipulation des hadiths on a oint tout ça de l’islam. Certains juristes musulmans (au temps des califes Rachidun, califes bien guidés) ont en effet théorisé la qualité de l’ennemi intérieur au « calife » assimilé à l’hérésie, qui peut être combattu au moyen des armes.
D’où les récurrentes fatwas exhortant à « tuer ».

Sinon dans le coran, il n’est nulle part écrit qu’il faut tuer. Même la mécréance, écrit le théologien Ibn Taymiyya « n’est pas un motif suffisant de mise à mort…. ». Mais nos djihadistes des villes, comme ceux de la brousse, récitent souvent sans rien comprendre à ce qu’ils disent et confondent ce que prescrit l’islam et ce qui relève de nos traditions.

Voilà ce qui est à l’œuvre, insidieusement, dans l’ignorance du grand nombre, mais pas de tous.
Que va-t-il en rester de notre modèle social de tolérance ?
Une fois de plus le pire qui peut nous arriver, c’est le refus de la réflexion et du débat contradictoire. Notre société est en plein bouleversement. On peut s’en tenir aux effets et nous épuiser à les combattre. Il y aura des succès éphémères, mais rien de fondamentalement durable et structurant n’en sortira.
Allah aide, ceux qui s’aident !

NAB

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