Le principal opposant à la junte tchadienne du général Mahamat Idriss Déby Itno, son cousin Yaya Dillo Djerou, a été tué mercredi dans l’assaut par l’armée du siège de son parti, a annoncé, jeudi 29 février à l’Agence France-Presse (AFP), le porte-parole du gouvernement. Un « assassinat », ont accusé auprès de l’AFP des responsables de son parti et de l’opposition.
Il « est mort assassiné par la garde républicaine », la garde prétorienne du régime, a jugé Evariste Gabnon, porte-parole du Parti socialiste sans frontières (PSF) de M. Dillo. « Ça ne peut être qu’un assassinat programmé », a renchéri Rakhis Ahmat, chef du Parti pour le renouveau démocratique du Tchad (PRDT). Max Kemkoye, porte-parole de la deuxième plate-forme de l’opposition, a également accusé le pouvoir militaire de transition d’avoir fait « assassiner » M. Dillo. Il s’agit d’un « crime odieux et inadmissible » a aussi commenté Max Loalngar, coordinateur de Wakit Tama, la principale plate-forme de l’opposition et de la société civile.
Dans la matinée, le procureur de la république de N’Djamena avait annoncé la mort, la veille, de plusieurs personnes, dont Yaya Dillo, sans en préciser les circonstances.
Yaya Dillo est mort « là où il s’était retranché, au siège de son parti. Il n’a pas voulu se rendre et a tiré sur les forces de l’ordre », a précisé Abderaman Koulamallah, porte-parole du gouvernement et ministre de la communication.
Selon le gouvernement, M. Dillo, le plus farouche opposant au général Déby dont il est le cousin, était accusé d’avoir attaqué, dans la nuit de mardi à mercredi, les locaux des services de renseignements, après l’arrestation d’un de ses partisans pour « tentative d’assassinat contre le président de la Cour suprême ».
Interrogé par l’AFP, quelques heures avant sa mort, M. Dillo avait farouchement nié, dénonçant « un mensonge » et une « mise en scène » destinée à l’écarter de l’élection présidentielle prévue le 6 mai.
« On pouvait l’arrêter par tout autre moyen. Le fait que toute une armée se déploie face à des civils non armés » montre la volonté de l’« assassiner », a dénoncé Rakhis Ahmat. « Etre candidat face » aux autorités « de transition », « c’est être candidat à la mort », a asséné M. Kemkoye, ajoutant : « Nous attendons de la communauté internationale, qui s’apprête à financer un processus électoral qui commence par un assassinat, qu’elle engage une enquête indépendante. »
Le Monde avec AFP