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RECUSATION DES EXPERTS DE L’UA PAR LE GABON :  De quoi a peur la Cour constitutionnelle ?  

 

 

Après l’Union européenne, c’est au tour de l’Union africaine de se voir refuser un droit de regard sur le processus de validation des résultats de l’élection présidentielle du 27 août dernier, suite aux résultats contestés du scrutin, qui donnent le président sortant Ali Bongo vainqueur avec 49,8% des voix contre 48,23% pour son adversaire Jean Ping. Les arguments avancés par la Cour pour récuser les experts de l’UA sont, entre autres, l’autonomie des juges constitutionnels et le fait que ces derniers ont prêté serment pour dire le droit en toute impartialité au nom du peuple gabonais. Mais, c’est là justement que le bât blesse. En effet, au regard de la composition de cette Cour et des affinités entre certains de ses membres, notamment la présidente Marie-Madeleine Mborantsuo et le pouvoir en place, l’on peut se demander ce que vaudra ce serment, dans le délibéré qui devrait être rendu le 23 septembre prochain. Ce d’autant plus que sous nos tropiques, ce genre de serments jurent avec les comportements des juges sur le terrain. Ali Bongo n’a-t-il pas juré de préserver les intérêts du peuple gabonais, avant de réprimer dans le sang ce même peuple sorti pour contester les résultats des élections ? Franchement, Dame Mborantsuo et ses collaborateurs auraient dû trouver mieux que des arguments aussi spécieux pour tourner le dos aux experts de l’UA. C’est vrai, l’on peut concéder à la Cour, sa souveraineté.

L’UA est, d’une manière ou d’une autre, responsable de la situation au Gabon

Mais, pour le cas d’espèce, il s’agit plus d’une question de légitimité que de légalité car, à la moindre erreur, c’est le peuple gabonais qui risque encore d’en pâtir. Déjà qu’il y a des a priori du fait de sa composition, la Cour aurait mieux fait d’agir de manière à écarter toute suspicion. C’est en cela que la présence des observateurs de l’UA aurait pu grandement lui être utile. Non pas pour l’influencer d’une quelconque manière que ce soit, mais pour l’accompagner dans sa quête de vérité si tant est que cela relève de son désir le plus ardent. Autrement, de quoi a-t-elle peur ? « Il n’y a pas le feu au lac », comme diraient certains. Toutefois, l’UA n’est pas à plaindre. En effet, elle s’est très souvent fourvoyée dans la résolution de bien des crises sur le continent.  Elle s’est toujours montrée au service des intérêts des dictateurs plutôt que de celui des peuples. Ce qui, du reste, lui a valu la triste réputation de « syndicat des chefs d’Etat ». Et, d’ailleurs rien ne dit qu’elle ne se serait pas davantage compromise si elle avait eu l’aval des autorités gabonaises. Au demeurant, l’UA est, d’une manière ou d’une autre, responsable de la situation au Gabon. Si après la mort d’Omar Bongo, elle avait tapé du poing sur la table pour s’opposer à la succession dynastique qui a vu l’arrivée de Bongo fils dans les conditions que l’on sait, on en serait certainement pas là.

Adama SIGUE

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