Le 24 avril est une date symbolique pour le peuple congolais. En effet, c’est le 24 avril 1990 que le maréchal Mobutu a mis fin au monopartisme au Zaïre, actuelle RDC. Même si c’était sous la contrainte que le roi du Zaïre avait ouvert la concurrence politique à son MPR (Mouvement pour la révolution), on peut dire que son acte était d’une portée historique et ouvrait la voie de la démocratie au pays des Simba. C’est justement pour célébrer ce renouveau démocratique dans la perspective de le renforcer, que les Congolais célèbrent annuellement le 24 avril. Pour cette année 2016, l’événement a été célébré sous le régime de Kabila fils et dans un contexte politique de toutes les incohérences. Alors que les manifestations se sont bien déroulées à Kinshasa la capitale, à Lubumbashi, c’est sous la répression policière que la « démocratie» a été « magnifiée». En fait, le pouvoir de Joseph Kabila a décidé de mater une partie de son peuple qui ne partage pas ses opinions. Toutes les manœuvres actuelles du satrape congolais concourent à perpétuer son pouvoir. La répression qui s’est abattue sur la ville de Lubumbashi, ville emblématique du Katanga, en est une illustration parfaite. A vue d’œil, la tactique du dictateur est d’empêcher l’opposition de s’organiser pour faire face à son pouvoir despotique. C’est là une incohérence qui ne dit pas son nom.
En travaillant à radicaliser ses opposants, Kabila ne fait que préparer l’incendie
Car, pendant qu’il appelle au dialogue pour résoudre les problèmes politiques et institutionnels au Congo, Kabila réprime sans ménagement ses opposants dont le seul tort est de vouloir utiliser les moyens que leur confère la Constitution pour s’exprimer et mener leur combat politique. Alors question : peut-on dialoguer avec une personne qui n’a que faire des règles élémentaires de la démocratie ? L’Union africaine avec son médiateur Edem Kodjo, l’Union européenne, les Etats-Unis et l’ONU sont certainement gênés aux entournures, eux qui ont appelé au dialogue. Il revient à ces entités de constater les agissements du régime Kabila et d’en tirer toutes les conséquences. En tout cas, en travaillant à radicaliser ses opposants, Kabila ne fait que préparer l’incendie qui, une fois déclaré, ne pourra pas être éteint par les eaux du fleuve Congo. Et pourtant, ce jeune potentat devrait réfléchir par deux fois avant d’agir. Jean-Pierre Bemba qui croupit dans les geôles de la Justice internationale, serait bien heureux d’accueillir une « vieille connaissance » à ses côtés. Les conditions pour qu’il en soit ainsi sont en passe d’être réunies. Kabila qui a hérité du pouvoir par les liens du sang et les arrangements politiques, croit être capable de s’amuser avec le destin du peuple congolais. Il risque de se cramer les ailes. Car, quand le peuple congolais décidera de lui dire basta, Joseph n’aura pas le temps de se sauver de la colère dévastatrice de ce peuple qui criera son ras-le-bol.
Michel NANA