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PROJET DE REVISION CONSTITUTIONNELLE EN RDC : Kinshasa n’est pas Ouaga

Depuis un certain temps, la volonté de modifier la Constitution  pour permettre au Président Joseph Kabila de « rester le plus longtemps possible » au pouvoir, n’était plus qu’un secret de Polichinelle. En effet, dès mars 2014, le dictateur  avait chargé ses sbires de sonder le terrain dans ce sens, sans doute pour lui permettre de prendre la mesure de l’adversité à laquelle il devrait faire face, si toutefois il s’entêtait dans son projet de ne mettre aucune limite à sa boulimie du pouvoir. Les résultats de ce « sondage » ont été plus qu’édifiants, parce que très largement au-delà même des craintes du commanditaire. Pour tout dire, ce fut un tollé général, un concert de condamnations, tant sur le plan national qu’international. Bien sûr, si l’on met de côté le soutien des courtisans. Et pourtant, rien n’y fit. Kabila est resté droit dans ses bottes et depuis hier 12 janvier 2015, les parlementaires de la RDC, sous la houlette bien entendu de la majorité au pouvoir, sont appelés à se prononcer sur une éventuelle modification de la Constitution congolaise, notamment en son article 220, qui consacre le nombre de mandats présidentiels consécutifs à deux. Si à l’issue de leur session, la modification de l’article en question  est adoptée, il faudra sans doute s’attendre à une nouvelle levée de boucliers aussi bien  au sein de l’Opposition que dans les rangs de la société civile congolaise. Le clergé, pour sa part et comme à son habitude, n’a jamais caché son hostilité à ce nouveau caprice de Kabila fils. Pour les hommes d’Eglise, en tout cas, le respect de l’ordre constitutionnel est « le  gage de la cohésion et de l’unité nationale et comme tel,  il doit être observé par tous ».

Hors de la RDC, des voix et pas des moindres s’étaient déjà élevées pour condamner ce projet, dès sa naissance. On a encore en mémoire la position sans ambages de l’Administration Obama, enjoignant Kabila de céder le pouvoir dès la fin de son mandat actuel.

Face à cet entêtement,  de quels moyens disposent l’Opposition et la société civile en RDC, pour contraindre le maître de Kinshasa à renoncer à son projet funeste ?

L’espoir de rééditer l’exemple de Ouaga à Kinshasa semble bien mince

Le peuple congolais réussira-t-il à rééditer au pays de Lumumba,  l’exploit du pays des Hommes intègres ?  Ce que l’on peut dire, pour le moment, c’est que la stratégie adoptée par  l’Opposition politique semble déjà  porter en elle-même les germes d’un échec. En effet, si on peut trouver judicieux le fait d’appeler la population à sortir massivement pour empêcher le vote de la loi de modification de l’article 220, on peut en retour trouver à redire sur son choix de boycotter les travaux de cette session. Si le peuple doit utiliser la manifestation de rue pour arracher au pouvoir le respect de la loi fondamentale du pays, l’Opposition, pour rester en règle avec ses principes, devrait respecter le jeu démocratique jusqu’au bout. Et ce respect du jeu démocratique commande que l’Opposition ne fasse pas la politique de la chaise vide. C’est chacun à sa place, le peuple dans la rue et discipliné et les élus à l’hémicycle, que la pression sera non seulement forte, mais aussi respectueuse  des normes républicaines. L’Opposition burkinabè, face à la même situation, avait ingénieusement choisi de se faire accompagner par le peuple jusqu’aux portes de l’Assemblée nationale, et était déterminée à jouer jusqu’au bout son rôle de parlementaire, au cas où le peuple aurait permis que le vote eût lieu. La suite, on la connaît ; élus et peuple ont parlé le même langage, défiant les gaz lacrymogènes et les canons à eau chaude pour obtenir non seulement le retrait de la loi incriminée, mais aussi la chute et la fuite de Blaise Compaoré.

L’autre faiblesse qui joue en défaveur de l’Opposition congolaise vient du fait que, contrairement au Burkina, le jeu démocratique au Congo se joue sur la fibre ethnique et /ou régionale. Conscient de cela, Kabila a su anticiper en mettant en place un gouvernement dit de cohésion nationale. Une façon très habile pour lui d’amener chaque ministre de son gouvernement à mobiliser les ressortissants de sa région natale, afin de soutenir son projet.

Au regard de ces réalités, l’espoir de rééditer l’exemple de Ouaga à Kinshasa semble bien mince. Mais ne jurons de rien ; un peuple excédé est toujours imprévisible. Ce qui a surpris Blaise Compaoré peut aussi surprendre Kabila.

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