Le président gabonais, Ali Bongo, a appelé à la réconciliation dans son pays divisé par les violences postélectorales, lors de sa prestation de serment pour un deuxième septennat, quatre jours après la validation de sa réélection contestée par son rival Jean Ping. L’appel au dialogue tant prôné par le président Bongo, sera-t-il entendu par l’opposition ? Rien n’est moins sûr. Car, pour l’ensemble des forces de l’opposition, seuls les naïfs peuvent encore croire Bongo. Et c’est Gaspard Ntoutoume, le porte-parole de Jean Ping, qui a donné le ton en affirmant que « toute participation à un quelconque gouvernement d’ouverture est exclue. En tout cas, pas de la part de Jean Ping ». Mais le camp présidentiel qui a conscience de l’enjeu que constitue le rétablissement de la cohésion sociale et de l’urgence à réconcilier les cœurs profondément meurtris, continue de tendre la main à l’opposition. Mais en s’installant dans cette posture de dialogue, Ali Bongo sait que la tâche ne sera pas du tout aisée. D’autant que Jean Ping qui se considère comme le président élu, n’entend pas entrer dans le gouvernement d’un homme qu’il accuse d’avoir volé sa victoire. Cela dit, Ali Bongo qui étrenne désormais son 2e septennat et a promis d’engager des réformes politiques, tiendra-t-il ses engagements ? Faut-il croire Bongo ? Rien n’est moins sûr. L’on peut en effet comprendre la réticence de l’opposition à saisir la main tendue d’Ali Bongo. L’homme étant acculé, il est prêt à faire toutes sortes de propositions à l’opposition, juste pour desserrer l’étau autour de lui. En tout cas, on ne saurait condamner l’opposition pour son excès de méfiance car la preuve est faite que les dictateurs ne tiennent jamais parole. En tout cas, si par extraordinaire, il tenait parole, il se rachèterait, quelque part, de la délinquance électorale à laquelle il s’est livré lors du scrutin.
L’un des grands défis pour le président gabonais, c’est la reconstruction de son pays
Mais le tout n’est pas d’engager des réformes. Il doit penser à préparer sa sortie, la preuve étant désormais faite que beaucoup de Gabonais, sinon la majorité, sont fatigués de la dynastie des Bongo. Quant à l’opposition qui a fait preuve de solidarité face à l’épreuve, elle doit tirer toutes les leçons du scrutin. Notamment en s’engageant véritablement dans le combat pour l’obtention d’un scrutin à deux tours, de la limitation et de la durée des mandats électifs, sujets sur lesquels Ali a du reste promis qu’il n’y aurait pas de tabou. Cela dit, l’un des grands défis pour le président gabonais, c’est la reconstruction de son pays. Comment Ali Bongo parviendra-t-il à diriger un pays profondément divisé ? En tout état de cause, il y a un très fort rejet du système Bongo, en particulier au niveau de la jeunesse. Il faut ajouter à cela que la cérémonie d’investiture a été boudée par plusieurs chefs d’Etat africains et occidentaux. Un message qui devrait enfin pousser Bongo à comprendre qu’il ne doit plus s’amuser avec le désir ardent du peuple, au changement.
Seydou TRAORE