Le Premier ministre, Dr Apollinaire Joachimson Kyélèm de Tambèla, a reçu, ce vendredi 28 juillet 2023, l’ambassadeur, chef de la Délégation de l’Union Européenne, Wolfram Vetter. En fin de mission au Burkina Faso, le diplomate est allé faire ses adieux au Chef du Gouvernement.
Au cours de cette audience, les deux personnalités ont passé en revue la coopération entre le Burkina Faso et l’Union Européenne. Le Chef du Gouvernement a loué l’esprit de dialogue qui a toujours guidé la majeure partie des ambassadeurs qui se sont succédés à la tête de la représentation de l’Union Européenne au Burkina Faso. « Avec l’Union Européenne, il y a toujours eu ce dialogue, cette concertation et même l’immersion culturelle avec le pays d’accueil. Ils travaillent à se fondre dans la société, à vivre les réalités de la société, contrairement à certains ambassadeurs qui restent à l’écart de la société », a affirmé le Premier ministre. Il a également livré un message à l’endroit de Bruxelles, siège de l’Union Européenne. « Comme vous rentrez, rapportez à votre hiérarchie que les valeurs humaines sont universelles, mais il y a le contexte qui diffère », a-t-il exprimé.
Et Dr Kyélèm de Tambela de poursuivre : « vous en Europe vous êtes développés, nous sommes sous-développés, vous avez une stabilité institutionnelle, ici nous sommes dans l’instabilité institutionnelle. Le Burkina Faso est indépendant depuis 1960 et a à son compteur onze (11) chefs d’Etat. Cela montre à quel point il y a une instabilité institutionnelle. Vous en Europe, vous êtes dans une situation de paix alors que nous sommes dans une situation de guerre au Burkina Faso ».
C’est pourquoi, il a demandé aux Européens d’en tenir compte dans leurs analyses.
« Il est temps que nous nous posions les vraies questions, faire un diagnostic afin de trouver l’origine du problème, pour éviter cette instabilité. Quand vous parlez d’inclusion, cela peut se comprendre ou pas, car il y a des gens qui ont des agendas personnels pour leur propre intérêt. Nous, nous avons un agenda impersonnel pour l’intérêt général du pays », a-t-il ajouté.
A entendre le Premier ministre, » notre pays qui est sous-développé et les pays développés ne peuvent pas avoir la même vision dans la gestion de la chose publique ». « Vous repoussez, chaque fois les Africains qui viennent en Europe. Pourquoi ils partent là-bas ? Parce que l’Afrique est sous-développée. Ils vont vers là où c’est mieux développé. On ne peut les arrêter qu’en donnant un espoir à chaque citoyen, en donnant un travail intéressant à chaque citoyen. C’est la seule façon d’arrêter les gens de regarder ailleurs. Il nous faut nous pencher sur ces problèmes et chercher les voies et moyens pour que nos citoyens se réalisent sur place. Nous ne pouvons pas le faire avec les mêmes politiques qui ont donné les mêmes résultats depuis 1960. Il faudra que vous, les partenaires vous compreniez cela », a-t-il fait comprendre.
A l’occasion, Dr Apollinaire Joachimson Kyélèm de Tambèla est revenu sur la situation difficile que traverse le Burkina Faso. « Nous sommes dans l’insécurité et vous êtes dans la paix, il faut inclure cela dans les paramètres. Pendant que nous luttons contre le terrorisme, il y a des Burkinabè qui soutiennent les terroristes. Des Burkinabè sont en contact avec les terroristes, ils financent les terroristes, est-ce qu’il peut y avoir inclusivité avec ces gens ? Ce problème de lutte contre l’insécurité fait qu’il nous faut mettre beaucoup de moyens pour acheter les armes et il faut aussi que nous fassions attention avec qui nous travaillons pour ne pas renforcer le camp des ennemis », a insisté le Chef du Gouvernement.
A l’occasion, le Premier ministre a expliqué à l’Union Européenne le bien-fondé pour le Burkina Faso d’avoir une nouvelle Constitution. « Il nous faut une nouvelle Constitution qui prenne en compte nos réalités et qui va garantir la stabilité, parce que la Constitution actuelle n’a pas d’impact sur nos sociétés. Même ceux qui sont instruits ne la comprennent pas, seuls quelques juristes la comprennent. On ne peut pas défendre quelque chose qu’on ne comprend pas. C’est pourquoi, un coup d’Etat est vite passé. Il est donc impératif de reformer la Constitution afin qu’elle corresponde aux aspirations et réalités du peuple burkinabè. Nous voulons reformer la Constitution pour permettre son acceptation par la majorité de la population, c’est cela notre objectif. Il ne s’agit pas de refaire des élections rapidement avec la même Constitution et aboutir aux mêmes résultats. Nous savons que c’est long, mais il faut qu’on réfléchisse afin de trouver la voie pour éviter la spirale qui consiste, chaque fois, à recommencer à zéro », a martelé Dr Kyélèm deTambèla.
L’Ambassadeur, chef de la Délégation de l’Union européenne au Burkina Faso, Wolfram Vetter a affirmé avoir passé quatre belles années au Burkina Faso. A son avis, l’Union Européenne restera aux côtés du peuple burkinabè, car elle fait partie des partenaires traditionnels du Burkina Faso. Il a ensuite exprimé sa satisfaction à l’endroit des autorités burkinabè pour l’esprit d’ouverture qui a prévalu durant son séjour. « Nous apprécions l’ouverture des autorités de parler sur des sujets un peu plus délicats, que sont les questions sur les droits humains, le droit international humanitaire, etc. », a-t-il soutenu, avant de marquer son admiration pour la richesse de la culture du Burkina Faso, dans toutes ses facettes.
DCRP/Primature