Il fait partie des artistes rappeurs Burkinabè de la old school. Aboubakar Sidiki Koïta alias Kas Boven, puisque c’est de lui qu’il s’agit, totalise plus de 20 ans de carrière musicale avec trois albums, un maxi et plusieurs singles à son actif. Après la sortie de son nouveau maxi intitulé « Returns of Kas », le 27 février 2024, qui marque son grand retour sur scène, il a décidé d’offrir un concert dénommé “ Reconquête” à tous ses fans, à tous ceux qui aiment sa musique. Il va s’exprimer au CENASA, à Ouagadougou, le 7 décembre prochain, où il promet une communion totale avec tous ceux qui y feront le déplacement. Avant d’attaquer le CENASA, il était l’invité de Actuburkina, le 26 novembre 2024 et là, il a été question de son silence après la sortie du 3e album “Africa”, de son regard sur le rap burkinabè, de la crise sécuritaire dont il dit être convaincu que “nous y sommes presque en ce qui concerne la reconquête ”. Lisez plutôt !
Comment se porte Kas Boven ?
Kas Boven se porte bien. Comme vous le savez, quand on dit Kas Boven, c’est l’art, les lettres car les deux vont ensemble. La santé physique y est, la santé de la carrière y est aussi parce que je suis en train de finaliser pas mal d’albums, de maxi et de singles aussi.
Que veut dire Kas Boven ?
Il faut dire que Kas est une contraction de tout mon nom. Le K, c’est Koïta, le A pour Aboubacar et le S pour Sidiki. Et Boven, en réalité c’est Bofè, un prénom dioula. J’ai des amis américains qui comme ils n’arrivaient pas à dire Bofè, ils disaient Boven. Du coup, j’ai gardé Kas Boven, question de feeling aussi.
A ce jour, combien d’années de carrière totalisez-vous et avec combien d’albums au compteur ?
Je sais qu’officiellement, le premier album Inch Allah, est sorti le 7 février 2004. Mais bien avant en 2004, j’avais réalisé des singles qui n’ont pas eu de succès. Donc, on va dire que je totalise, à la lumière, 20 ans mais en réalité, je parlerai de 25 ans puisque j’ai fait 5 ans dans l’ombre. J’ai au compteur 3 albums et un maxi avec beaucoup de singles.
Votre 3e album “Africa” est sorti en 2020. Puis après, c’était le silence radio ? Qu’est ce qui a justifié ce silence ?
C’est moi-même qui assure mes productions. Tous les 3 albums, c’est moi qui les ai produits. Donc être au four et au moulin, n’est pas toujours évident. Et puis, l’album “Africa” comprenait 14 titres. Le Bureau burkinabè des droits d’auteur (BBDA) m’a accompagné dans la réalisation dudit album mais dans le même temps, il y avait la distribution du côté d’une maison qui n’a pas fait le boulot. Mais le véritable handicap a été le Covid 19 puisque plusieurs activités de promotion, notamment un concert, étaient prévues. Malheureusement, on n’a pas pu les réaliser. Mais après, j’ai fait quelques singles pour soutenir cet album “Africa”. Et cette année, je suis revenu avec un maxi.
Justement, le 27 février 2024, vous avez sorti un maxi de 4 titres intitulé “Returns of Kas” qui signifie en français le retour de Kas. Comment se comporte ce maxi sur le marché ?
L’album est en Streaming sur les plateformes. Il est distribué par une structure américaine mais il y a toujours un problème parce que là où cette structure a déployé l’album, notamment les plateformes Spotify, Deezer, les gens ne me connaissent pas. Donc ceux qui connaissent Kas n’arrivent pas trouver l’album sinon qu’il est disponible en Streaming. Tout ceci est de l’autoproduction. Il est vrai que le BBDA m’a soutenu pour la réalisation de cet album à travers le Fonds pour la promotion culturelle, avec des clés USB, etc. Sur la toile, le son continue de dominer et cela m’a encore donné une certaine visibilité. Dieu merci, ça va.
Quelles sont les thématiques abordées dans ce maxi ?
“Returns of Kas” veut dire qu’on a connu Kas en tant que faiseur de Rap hard cord, de rap de revendication, de la old school. Quand on entend Kas, on voit le genre musical qu’il exerce qui est la old school, et en disant “Returns of Kas” c’est le retour de Kas, le retour de la old school. Je suis resté dans cette logique. Autre thématique abordée concerne les enfants de la rue à travers la chanson “Personne ne vient”. Je parle des enfants de la rue, des enfants déplacés internes qui sont dans les rues que personne ne vient voir. Cela est triste mais maintenant, il y a un changement avec des actions qui sont menées. Un enfant dans la rue cherche simplement à être consolé, il a besoin de la chaleur de la famille et de la société. La 3e thématique c’est “Singa Ka nè” qui est une adresse à la nouvelle génération. Le Rap a commencé par la old school donc j’invite la jeune génération à travailler à fond les thématiques de leurs textes parce que qui parle d’un rappeur, parle d’un éducateur. Il faut rééduquer la société. La 4e thématique porte sur l’entraide, à travers “Affirme leur”. On dit qu’il ne faut pas parler de ses projets mais moi je dis que si tu ne parles pas de ton mal, personne ne sera là pour te soigner. Donc dis aux gens que tu as besoin d’aide. Cette même chanson parle des personnes parties en aventure. Beaucoup d’aventuriers, en France, aux Etats-unis, aiment se renfermer sur eux-mêmes, ils ne collaborent pas. Ils vivent dans leur monde, se contenant de chercher leur argent mais moi je dis que quand on est à l’extérieur et qu’on est uni, on peut faire de grandes choses pour son pays.
Quand vous regardez aujourd’hui le Rap burkinabè, quelle appréciation faites-vous ?
Le 7 décembre prochain, vous avez un concert au CENASA. A quoi doivent s’attendre à toutes ces personnes qui y feront le déplacement ?
Cela fait bientôt 20 ans que les gens ne m’ont pas vu sur scène. Il est vrai que j’avais de petits concerts par-ci, par-là mais un concert exclusivement Kas Boven, il y a bien longtemps. C’est pourquoi je leur réserve une surprise agréable. Ils verront Kas Boven en live, accompagné d’artistes de la jeune génération, sans oublier le grands frère Roger Wango, Donsharp de Batoro, Gérard Koala, etc qui m’accompagnent en tant que parrains artistiques. Le thème du concert est : « Reconquête ».
Et pourquoi reconquête ?
Bien avant que ce thème ne me vienne à l’esprit, j’avais composé une chanson avec Marciano Béla intitulée “Nous sommes soldats”. Pour dire que chacun est soldat. La chanson est disponible un peu partout sur les plateformes. Je me suis dit qu’il faut galvaniser nos forces combattantes, leur donner de l’espoir. Si Kas Boven a disparu plus de 20 ans, et revient sur scène, c’est parce qu’il y a une cause nationale à défendre. Chacun est soldat dans son métier et moi je veux apporter ma touche en galvanisant les troupes. J’ai réalisé un single “Pleine nuit” où je parle du terrorisme. Pour moi, nous y sommes presque en ce qui concerne la reconquête du territoire. Dans le même temps, c’est la reconquête du hip hop de la old school parce qu’il faut que cette old school revienne pour rééduquer la société et surtout la jeunesse à ne pas se laisser aller, à demeurer digne et intègre. J’invite tout le monde à venir parce qu’il y aura l’ancien et le nouveau Kas sur la même scène. Et tout le monde sera servi.
Un message à l’endroit du peuple burkinabè ?
Propos recueillis par Colette DRABO