Issa Koné alias Jezy Kankelen est un artiste-musicien burkinabè évoluant dans le reggae. Il totalise 27 ans de carrière dans la musique reggae avec 5 albums au compteur. Il a été lauréat du prix Bobo lolo 2016 dans la catégorie Reggae, et a remporté le Marley d’or 2017. Dans cet entretien dont il a bien voulu renseigner le questionnaire, le natif de Bobo-Dioulasso où il réside, s’est prononcé sur divers sujets notamment la musique Reggae au Burkina dont il estime qu’elle “se porte mal”. Et il en donne les raisons dans ces lignes qui suivent. Lisez plutôt !
Votre nom d’artiste est Jezy Kankelen. Que signifie-t-il ?
Jezy renvoie à Jésus qui signifie aussi Issa chez les musulmans. Kankelen veut dire un homme qui n’a qu’une seule parole. Le nom m’a été attribué par des amis par rapport à mon engagement dans la vie sociale et dans la musique.
Vous faites de la musique Reggae. Pourquoi avez-vous choisi de faire ce genre musical ? Combien d’années de carrière totalisez-vous à ce jour avec combien d’albums au compteur ?
Lorsque j’étais à l’école, je lisais beaucoup les romans des panafricanistes et depuis ce moment, j’ai compris que nous étions sous domination occidentale, exploités, manipulés, marginalisés et opprimés. Tout ceci m’a révolté et le seul chemin qui s’offrait à moi pour dénoncer et combattre la situation, était la musique Reggae. Je me suis donc engagé dans ce combat que j’estime juste et noble. Et jusqu’à ce jour, je suis dans la dynamique. Il faut dire que je comptabilise 27 ans de carrière avec 5 albums au total.
Votre dernier album “Farafina Dambé” est sorti en novembre 2022. Comment s’est-il comporté sur le marché ?
A dire vrai, “Farafina Dambé est passé inaperçu par manque de promotion. Cela s’explique par le manque de moyens financiers. Je n’ai pas pu faire de clip, pas concert. La seule activité que j’ai pu faire a été la conférence de dédicace. Donc l’album est passé sous silence.
Vous avez remporté le Marley d’or en 2017. Qu’est-ce que cela a apporté à votre carrière ?
Pendant longtemps, j’étais considéré comme un artiste de Bobo- Dioulasso. Puisque beaucoup ne me connaissaient, certains animateurs, pour me présenter, disaient l’artiste bobolais au lieu de l’artiste burkinabè mais c’est le Marley d’or en 2017 qui est venu me dévoiler, me faire connaitre au plan national et même au-delà des frontières du pays.
Comment appréciez-vous aujourd’hui la musique reggae au Burkina ?
Pour moi, la musique Reggae se porte mal au Burkina parce que les mélomanes n’ont d’yeux que pour les Reggaemen étrangers. Ils apprécient la musique de ces derniers et les considèrent comme des dieux. Quant à ce que nous autres débrouillards faisons ici au pays, nous ne sommes pas appréciés à notre juste valeur et cela est dommage. Par ailleurs, nos institutions considèrent le Reggae comme une musique étrangère. La preuve est qu’au Bureau burkinabè des droits d’auteurs (BBDA), le Reggae a le coefficient 1 pendant que la musique traditionnelle a le coefficient 5. C’est cela la triste réalité !
Quels sont vos projets à court et moyen termes ?
Il y a la préparation de la sortie d’un single » Burkindi » qui parle de la situation nationale. Nous avons même commencé à faire le clip pour la promotion. Après le single, il y aura un maxi de 4 titres. Je n’ai pas la date précise mais je mettrai tout en œuvre pour faire sa promotion également. Voici donc pour ce qui concerne mes projets pour le moment.
Menez-vous une autre activité en dehors de la musique ? Si oui, laquelle ?
En plus de la musique, je fais la maçonnerie. Donc je suis un maçon.
Quel message avez-vous à adresser à vos fans ?
Je leur demande tout simplement de croire au Reggae burkinabè car nous avons du talent à revendre. Aussi j’aimerais ajouter que comme tous les autres genres musicaux, le Reggae a sa place dans la construction de ce pays en ce sens qu’il contribue vaillamment à la recherche de la paix, de la sécurité et du bon vivre au Faso.
Actuburkina
