Une délégation du Cadre d’expression démocratique (CED) a été reçue par le Mogho Naaba, ce 2 novembre 2016, à Ouagadougou. Objectif : parler de la réconciliation nationale mais aussi bénéficier des conseils et bénédictions du chef suprême des Mossé.
« Nous avons foi en la justice et nous pensons qu’elle joue son rôle. Jusqu’à l’heure où nous parlons, elle joue son rôle jusqu’à ce que le contraire nous soit démontré. Jusqu’à preuve du contraire, nous avons foi en elle. La justice est un mécanisme où il y a des enquêtes à mener, des investigations à faire avant d’établir la culpabilité des uns et des autres. Nous ne pouvons pas lui demander d’aller à une vitesse qui n’est pas la sienne. Il faut aller doucement et je demande à tous d’êtres patients. Il faut lui laisser le temps de bien faire son travail. Si le travail est fait et que nous estimons qu’elle ne l’a pas bien fait, bien sûr avec des preuves à l’appui, nous pouvons dire qu’on n’est pas d’accord avec le travail qu’elle a fait », a répondu Issiaka Ouédraogo, chargé de la prévention des conflits du CED, à l’issue des échanges avec le Mogho Naaba, à la question de savoir ce qu’il pense de la justice à l’heure actuelle.
En ce qui concerne la raison de leur visite chef le chef suprême des Mossé, M. Ouédraogo a expliqué en ces termes : « Nous sommes venus voir le Mogho Naaba pour parler de réconciliation nationale. Vous n’êtes pas sans savoir le rôle historique qu’il a joué lors des évènements de 2014 et de 2015. Il a été d’un important atout pour la paix et la stabilité dans ce pays. Vous n’ignorez pas que les autorités de la transition venaient prendre conseil auprès de lui, ainsi que toute la classe politique. Le CED a engagé cette démarche avec notre première conférence de septembre 2016, suivie d’une audience avec le chef de file de l’opposition, avec le CAR et avec le Haut conseil pour la réconciliation et l’unité nationale. Nous sommes venus voir Sa Majesté pour demander sa bénédiction, son soutien dans cette démarche que nous avons entreprise ». Selon lui, toute réconciliation a des préalables qui sont la justice et la vérité. « On ne se lève pas d’un coup de tête pour aller à la réconciliation. Il faut préparer les esprits, donner des explications sur la réconciliation à la population. Cela est très important… Pour parvenir à la réconciliation, il faut d’abord que tous les acteurs soient sincères avec eux-mêmes. La justice, ce n’est pas aller s’arrêter au Palais devant les juges, mais elle commence d’abord par nous-mêmes. Nous devons nous-mêmes nous rendre notre propre justice, en acceptant le rôle que nous avons joué à un moment donné », a-t-il dit avant d’affirmer que Sa Majesté le Mogho Naaba a apprécié positivement leur démarche « citoyenne » et souhaité qu’il y ait une vraie réconciliation dans le pays et pour le peuple.
Colette DRABO