L’UE s’apprête à conditionner son aide au développement à la lutte contre l’immigration irrégulière. Selon Politico, la Commission européenne devrait proposer de réduire les subventions aux pays africains qui n’agissent pas contre les départs de migrants vers l’Europe.
Ultimatum. S’ils veulent continuer à recevoir des fonds d’aide au développement de la part de l’Union européenne, les pays africains vont sérieusement devoir s’attaquer aux départs de migrants vers le Vieux Continent. La semaine prochaine, la Commission devrait officiellement suggérer de réduire les subventions allouées à ces États lors de la présentation de son plan directeur sur l’aide étrangère dans le nouveau cycle budgétaire, qui couvre les sept années à partir de 2028. Il s’agirait d’un changement important par rapport au modèle d’aide actuel de l’UE, pour l’heure largement dépourvu de conditions, dévoile ce mercredi Politico.
Depuis les élections européennes, où la droite a recueilli un soutien important, et sous la pression de l’Italie ou encore du Danemark, la politique migratoire du continent semble se durcir. « Nous devons avoir une Europe plus sûre, stable et robuste, et cela n’est pas vraiment le cas si nous ne contrôlons pas les flux vers l’Europe », a déclaré la ministre danoise des Affaires européennes Marie Bjerre, lors de la présentation des priorités de la présidence de Copenhague, qui a débuté le 1er juillet.
Ursula von der Leyen devra toutefois convaincre les sceptiques parmi les socialistes et démocrates de gauche et les Verts, dont le soutien est nécessaire pour approuver le nouveau budget au Parlement européen.
Des réductions partout en Europe
Face aux pressions budgétaires et aux priorités nationales, plusieurs pays ont sabré dans leur aide au développement ces derniers mois – à commencer par les États-Unis, premier contributeur au monde avec 64,7 milliards de dollars déboursés en 2023 selon l’OCDE. Le jour de son arrivée au pouvoir, le 20 janvier, Donald Trump a signé un décret ordonnant un gel de l’aide étrangère – à l’exception de l’aide militaire à Israël et de l’aide alimentaire d’urgence – pour 90 jours, le temps d’un réexamen complet.
En France, la loi de finances de 2025 a privé la mission d’aide publique au développement (APD) de plus de deux milliards d’euros. Une coupe qui s’ajoute aux 800 millions d’euros supprimés en février 2024. Les Pays-Bas comptent de leur côté réduire le budget annuel alloué à l’aide au développement de 2,4 milliards d’euros à partir de 2027. Le gouvernement néerlandais supprimera progressivement le financement des programmes d’égalité des sexes et limitera les financements liés au climat.
L’objectif de cette restructuration ? Lutter contre l’immigration irrégulière. « À partir de maintenant, les intérêts néerlandais auront la priorité », a promis la ministre du Commerce extérieur Reinette Klaver dans un communiqué la semaine dernière. Les Pays-Bas prévoient d’investir davantage dans les programmes régionaux d’aide aux réfugiés et de renforcer la coopération en matière de migration avec les principaux pays de transit et d’origine, tels que le Maroc et l’Ouganda.
L’Allemagne et la Suède suivent le même chemin. L’aide au développement allemande a été réduite d’un milliard d’euros pour 2025 tandis que Stockholm compte baisser ses dons de 975 millions de couronnes (84 millions d’euros) par rapport à l’année dernière, selon Devex. Si l’aide publique au développement a atteint un niveau record en 2023, portée notamment par le soutien à l’Ukraine, le vent est bel et bien en train de tourner…
La proposition finale de la Commission européenne devrait être présentée mercredi prochain, le 16 juillet.
Source : lejdd.fr