Après deux jours de discussion avec le gouvernement et malgré l’interdiction, un syndicat a maintenu son appel à une grève illimitée au Nigeria pour protester contre la hausse du prix du carburant. En effet, un litre d’essence y coûte 145 nairas, soit environ 416 F CFA. Le paradoxe est que le Nigeria est le premier pays producteur de l’or noir en Afrique et occupe la 11e place sur le plan mondial avec 3, 11% de la production mondiale. Ce paradoxe s’explique par le fait que le Nigeria, malgré ses immenses réserves de pétrole brut, importe la majorité de sa consommation de carburant, d’où la nécessité de transformer sur place les matières premières. Les autorités nigérianes avaient-elles le choix ? Pas si sûr. Car, en augmentant le prix de l’essence à la pompe, le Nigeria espère deux choses. D’abord, alléger ses dépenses alors que le cours du pétrole, principale source de revenu du pays, est au plus bas. Ensuite, mettre un terme aux pénuries de carburant qui pèsent lourdement sur l’économie du pays, puisque les importateurs peuvent désormais s’approvisionner à leur guise.
Il est temps que les Africains apprennent à diversifier leurs sources de revenu
C’est le lieu d’inviter le syndicat en grève à faire preuve de compréhension, en donnant du temps au gouvernement actuel. Le Nigeria n’est d’ailleurs pas le seul pays à subir les affres de la chute du pétrole. D’autres pays comme l’Arabie Saoudite, le Venezuela, pour ne citer que ces deux-là, vivent le même problème. Malheureusement, en Afrique, les grèves de certains syndicats ne sont pas toujours fortuites. Parfois, il y a derrière cette affaire, une main invisible. Par ailleurs, il est temps que les Africains apprennent à diversifier leurs sources de revenu. Il faut aussi qu’ils apprennent à rationaliser leurs dépenses et partant, la gestion de leurs ressources naturelles. Pour le cas du Nigeria, on peut relever la déperdition du pétrole, notamment par les fuites liées à la vétusté de la logistique utilisée dans le cadre de l’exploitation. A cela s’ajoute la corruption qui gangrène le secteur. C’est ce lourd héritage que les anciens présidents de la première puissance économique du continent noir tels que Ibrahim Babanguida, Sani Abacha, Goodluck Jonathan, ont légué à Muhammadu Buhari. En tout cas, avec la grogne sociale, on peut dire que Buhari a un nouveau front après celui de la nébuleuse Boko Haram, du Mouvement de libération du Delta du Niger ou encore de la corruption.
Issa SIGUIRE