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Fleur Sama Tapsoba,  garagiste : « J’étais sujette à des provocations de la part de mes collègues hommes »

Fleur Sama Tapsoba exerce depuis plusieurs années déjà un métier autrefois réservé aux hommes, celui de mécanicienne automobile. Une équipe de Actuburkina.net a effectué une incursion dans son garage au quartier Kouritenga, dans l’arrondissement 6 de Ouagadougou, le 9 février dernier pour toucher du doigt les réalités du métier de garagiste exercé par une femme. Fleur Sama Tapsoba a implanté son garage au cours de l’année 2017.

 

10 heures du matin avaient déjà sonné lorsque notre équipe arrive au « garage féminin Wendpanga »,  féminin », ce 9 février. Toute l’équipe des travailleurs étaient déjà en plein activité qui pour diagnostiquer, qui pour contrôler des véhicules ayant  besoin de réparation. La propriétaire du garage, Fleur Sama Tapsoba, est une femme mariée et mère de trois enfants. Elle exerce depuis plusieurs années dans le domaine de la mécanique automobile. Après sa formation en mécanique deux roues au Centre féminin d’initiation et d’apprentissage aux métiers (CFIAM), de 1998 à 2020,  il lui est venu à l’esprit de se convertir en mécanicienne de véhicules automobiles.  Pour atteindre son objectif qui était de devenir une mécanicienne des véhicules automobiles, Fleur Sama Tapsoba a fait le choix de se former 15 années durant au garage du golf à Ouagadougou.

 

C’est en 2017 que Fleur Sama a ouvert son garage

 

C’est en 2017 que notre femme battante a commencé à travailler pour son propre compte en ouvrant son garage situé au quartier Kouritenga, à l’arrondissement 6 de Ouagadougou.

« La mécanique automobile nourrit bel et bien son homme ou sa femme »

En tant que Chef d’entreprise, Fleur Sama Tapsoba organise son travail au quotidien avec cinq collaborateurs dont une femme. Les heures de travail sont de 7 h à 18 h, soit 11 heures de travail par jour et ce, du lundi au samedi. Pour un diagnostic du véhicule, notre femme garagiste se fait assister par le chef de garage. C’est quand le diagnostic est posé et la panne ou les pannes détectées que le travail de réparation à proprement parler est confié aux apprentis. En plus de la réparation des véhicules, la garagiste exerce dans le domaine de l’importation de véhicules du Canada vers le Burkina pour les clients qui en font la demande. Aussi, elle se rend régulièrement au port de Lomé pour acheter des véhicules pour ses clients. A notre question de savoir si le métier de garagiste nourrit son homme ? Notre interlocutrice répond sans détour : « je ne vis que de ce métier, je n’exerce pas un autre travail en dehors de la mécanique. La mécanique automobile nourrit bel et bien son homme ».

Cependant, Fleur Sama Tapsoba n’a pas manqué de signaler que comme dans tout métier, il y a des hauts et des bas. Elle explique que même si la plupart de ses clients sont compréhensifs, d’autres en revanche sont difficiles et ne font pas parfois preuve de sang-froid lorsque leurs véhicules ne sont pas réparés à temps. « Certains clients s’énervent et commencent à s’emporter. Ce n’est donc pas facile avec ce type de clients. Mais lorsque de telles situations surviennent, j’essaie de me faire comprendre par ces clients tout en demandant leur indulgence », a fait savoir Fleur Sama Tapsoba.

 

Un métier en perpétuelle évolution

Le métier de garagiste automobile est en perpétuelle mutation d’où la formation continue qui doit l’accompagner. Tout est devenu électronique, à tel point que pour poser un diagnostic, il faut obligatoirement se munir d’appareils et d’outils de pointe, au risque d’endommager tout le moteur du véhicule à réparer, a affirmé Fleur Sama Tapsoba. A cet effet, l’équipe de Fleur Sama Tapsoba organise régulièrement des séances de recyclage dans l’optique de maîtriser le fonctionnement des outils au fur et à mesure qu’elle les acquiert.

Fleur Sama et son équipe de travail

 

Ce n’est un secret de Polichinelle, le métier de garagiste était reconnu autrefois comme un métier réservé aux hommes. Fleur Sama Tapsoba nous a confié avoir voulu briser les paradigmes liés à ce métier. Elle estime que depuis son apprentissage au garage du Golf, ses collègues hommes la sous-estimaient. « Je voyais la mécanique automobile comme un métier dont j’étais passionnée. C’est pourquoi je suis allée pour me faire former en mécanique automobile. J’étais sujette à des provocations de la part de mes collègues hommes. N’eut été la compréhension et le soutien de mes parents, j’aurais très vite cédé au découragement », a-t-elle indiqué. Selon elle, depuis très longtemps, la société percevait la mécanicienne de façon générale comme une rebelle ou à la limite une bandite. Mais de plus en plus, les gens comprennent que les métiers dits d’hommes peuvent être exercés par des femmes pour peu qu’elles apprennent à les exercer.

 « En tant que femme garagiste, il n’est pas facile de concilier la vie professionnelle et celle de femme de foyer », s’est exprimée la garagiste pour qui, pourtant, il faut assurer de meilleures conditions de vie à sa famille et s’arranger aussi pour être assidu au travail. C’est pourquoi, dit-elle, chaque matin à partir de 6 heures, elle doit déposer les enfants à l’école avant de rejoindre le garage à 7 heures.

Ce que pensent certains clients de son travail

Ahmadou Moctar Diallo est un client de Fleur Sama Tapsoba que nous avons rencontré. Il a dit apprécié grandement le professionnalisme avec lequel travaille sa garagiste.

 

« Elle est à la hauteur de nos attentes en matière de prestation de service », dixit M. Diallo

« Dégourdie, elle est à la hauteur de nos attentes en matière de prestation de service. Elle s’impose dans un milieu que nous savons particulièrement masculin », a laissé entendre Ahmadou Moctar Diallo. Ce dernier a dit noter une différence entre le travail de sa garagiste et des garagistes hommes qu’il a connu de par son sérieux, son honnêteté et le respect de ses engagements envers ses clients.

 

Bernadette Toé, une cliente: « Elle s’applique bien au travail et aime ce qu’elle fait comme métier »

Une autre cliente du nom de Bernadette Toé que nous avons approché nous a confié que sa garagiste fait un travail de maître. « J’ai fait le constat que Fleure a reçu une formation solide. Elle s’applique bien au travail et aime ce qu’elle fait comme métier ». Bernadette Toé a fait savoir que les femmes garagistes sont plus honnêtes en matière de facturation.

Depuis son école de formation le CFIAM, Fleure Sama est reconnue pour être une femme battante. Ce qui lui a valu d’être lauréate au concours dénommé « Femme de défis » organisé par le CFIAM et dont la remise des prix a eu lieu le 25 février 2021 à Ouagadougou.

Kiswendsida Fidèle KONSIAMBO

 

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