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Edition des manuels scolaires au Burkina : les éditeurs privés locaux demandent à l’Etat de revoir sa politique

L’Association des éditeurs du Burkina Faso (ASSEDIF) était face à la presse ce 14 novembre 2024 à Ouagadougou. Objectif :  dépeindre les sérieuses difficultés que connaissent les éditeurs privés locaux et exhorter l’Etat à revoir sa politique d’édition des manuels scolaires au Burkina.

Au Burkina, l’édition des manuels scolaires relève du seul monopole de l’Etat. Une politique qui lui fait obligation de disponibiliser les manuels scolaires dans toutes les matières, pour toutes les classes et dans tous les ordres d’enseignement. Pour les éditeurs privés locaux, ce monopole d’édition a des insuffisances car l’Etat ne produit pas suffisamment de livres.  Selon les conférenciers, pour un besoin minimum de 3 millions d’exemplaires, 600 000 manuels pour les classes de CP1 et CP2, en français et en mathématiques ont été produits par l’Etat pour tout le Burkina.  Une situation qui a occasionné une vaste piraterie des manuels. “ En son temps, nous avons attiré l’attention du ministère en charge de l’enseignement de base pour que nous puissions adopter une politique consistant à éviter ce dont on voit en ce moment. Ils nous ont fait comprendre qu’il n’y a pas de financements. Nous avons alors proposé le partenariat public-privé. Ils ont refusé. Dès que les manuels sont sortis, ces manuels se sont retrouvés sur le marché. Toute chose que nous, éditeurs, ne comprenons pas. Nous avons remis tous les fichiers au ministère de l’enseignement de base et on ne sait pas comment ces manuels se sont retrouvés sur le marché. Cela veut dire quelque chose n’a pas fonctionné au niveau du ministère”, a déclaré le président de l’ASSEDIF, Hermann Somé. Or, de l’avis des conférenciers, si l’Etat donnait la possibilité aux éditeurs privés d’éditer les manuels, ceux-ci allaient produire suffisamment de livres pour satisfaire les besoins du pays. Ils en veulent pour preuve le fait que deux éditeurs privés sélectionnés pour éditer des manuels scolaires, ont mis “ moins d’une année pour sortir deux manuels, celui du CP1 et du CP2”.

 

Une vue de manuels piratés présentés lors de la conférence de presse

 

Mais depuis 2022, les cadres du ministère n’ont pas été capables de sortir ni les manuels du CE1, ni du CE2 alors qu’ils se sont fixés pour objectif de faire sortir ces documents pour qu’il n’y ait pas de rupture”, a relevé pour sa part Jean-Baptiste Sedogo, porte-parole des éditeurs privés. Pour lui, chaque acteur doit jouer le rôle qui lui revient.  “Ce n’est pas le rôle de l’Etat d’être un éditeur. Nous avons dit que cela est contre productif pour notre pays. Parce que s’il y a un marché international, est-ce que l’Etat peut aller postuler à ce marché international parce qu’il a déjà édité des livres ? Oui, il en a édité et c’est de très bons livres mais remplit-il les conditions pour postuler à ce marché ? Des marchés ont été lancés ici mais ce sont des éditeurs étrangers qui ont raflé ces marchés parce qu’on n’a pas donné la capacité aux éditeurs locaux de compétir pour avoir ces marchés. L’Etat a des cadres compétents mais chacun doit jouer son rôle et rester à sa place. Leur rôle, c’est le contrôle, la conception et le rôle des éditeurs est de travailler à sortir des livres conformes aux cahiers de charge. Nous ne sommes pas contre les cadres du ministère mais nous leur disons de rester dans leurs rôles” a estimé M. Sedogo.

En tout état de cause, les éditeurs privés locaux demandent entre autres à l’Etat de faire une ouverture pour ce qui concerne l’édition des manuels scolaires, de définir un cahier de charge pour permettre aux éditeurs privés locaux d’avoir des agréments pédagogiques pour éditer à leur compte des manuels scolaires, ce qui sous tend la levée de la politique du manuel scolaire unique, de mener une lutte implacable contre les pirates et leurs commanditaires. “ Nous connaissons la chaine du livre au Burkina et si tous les acteurs étaient impliqués, il n’y aurait pas de piraterie parce que nous nous connaissons”, a affirmé M. Sedogo.

« Livres, manuels scolaires et piraterie au Burkina Faso: pratiques, responsabilités, conséquences« , tel était le thème de la conférence de presse.

Colette DRABO

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