La nomination d’un nouveau chef pour l’Etat islamique (EI) de la province d’Afrique de l’Ouest, Abou Mosab al Barnaoui, attriste beaucoup celui que beaucoup donnaient pour mort ou très malade, c’est-à-dire Abubakar Shekau. En effet, dans une vidéo diffusée dans la soirée du dimanche 7 août 2016, ce sanguinaire a promis à l’organisation à laquelle son mouvement a fait allégeance en mars dernier, d’intensifier le combat djihadiste. Mais tout en promettant le feu aux Nigérians et aux Occidentaux, Shekau a dit n’avoir désormais aucune intention de tuer ses frères musulmans qui, on le sait, auront payé un lourd tribut depuis qu’il a décidé de massacrer aveuglément dans le Nord du Nigeria et dans les pays voisins de celui-ci. A y regarder de près, cette deuxième sortie de Shekau, en l’espace d’une semaine, n’a autre but que de montrer à l’EI qu’il n’est pas à jeter comme du citron pressé et qu’il est encore capable de répandre la terreur. Réussira-t-il à convaincre le patron de l’EI de son opérationnalité et de son indispensabilité? On attend de voir. Toutefois, il y a une chose dont on est certain : Shekau était depuis un moment en manque de publicité et l’on a l’impression qu’il veut profiter de cette crise au sein de son mouvement, pour rebondir. Contrairement à ce qu’il veut faire croire, Shekau est bel et bien affaibli. En attestent sa nouvelle attitude et le nouveau ton moins arrogant qu’il a adoptés. Du reste, il ne serait pas exagéré de dire que cette sortie est un appel du pied adressé à tous ceux qui ont encore de la sympathie pour lui et qui épousent sa cause, afin qu’ils volent à son secours. Après s’être fait passer pour l’homme le plus craint du Nord du Nigeria, Shekau ne voudrait pas être abandonné par les siens. Ses agitations actuelles ressemblent plus à des cris de désespoir. En affirmant qu’il n’a aucune intention de tuer ses frères musulmans, Shekau donne l’impression de poser là, un acte de contrition. Mais sera-t-il entendu par l’EI ? Rien n’est moins sûr.
L’Occident, tout comme le Nigeria, a intérêt à prendre des mesures appropriées pour empêcher Shekau de mettre à exécution sa menace
Par ailleurs, sera-t-il pardonné pour les nombreux crimes commis contre ses frères musulmans? Le nouveau combat qu’il promet de livrer aux Occidentaux, n’est qu’un jeu de charme. C’est un clin d’œil qu’il fait à l’EI. Mais c’est aussi un avertissement sans frais au monde entier. Et les dirigeants des pays cités auraient tort de ne pas prendre au sérieux cette nouvelle menace de Shekau. Certes, suffisamment traqué par la force de la coalition, Boko Haram a pris beaucoup de coups. Mais ce monstre n’a pas encore dit son dernier mot. Il dispose encore et il faut bien l’admettre, d’une grande capacité de nuisance. A preuve, sa dernière incursion au Niger aura fait plusieurs morts dans les rangs de l’armée nigérienne. Pour regagner la sympathie de l’EI, Shekau pourrait bien intensifier les attentats non seulement contre les intérêts locaux des Occidentaux, mais aussi contre ceux des pays partenaires. Comme un adage le dit, « mieux vaut prévenir que guérir ». Alors l’Occident, tout comme le Nigeria, a intérêt à prendre des mesures appropriées pour empêcher Shekau et sa bande de fous de mettre à exécution sa menace. Car, il ne fait l’ombre d’aucun doute que cet ingénieur du mal joue sa survie. Par conséquent, aucune action ne serait de trop pour prouver à l’EI qu’il demeure incontournable.
Dabadi ZOUMBARA