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Cheikh Diagne de la série « Maîtresse d’un homme marié » : « j’ai foi en l’avenir du cinéma africain parce que nous faisons notre propre cinéma »

Cheick Diagne, de son vrai nom, Cheikh  Babon Gaye, est l’acteur qui a joué le rôle du mari infidèle  dans la série  sénégalaise à succès, « Maîtresse d’un homme marié ». Présent à Ouagadougou dans le cadre de la 8e édition des SOTIGUI awards, Cheikh  Babon Gaye  a bien voulu se prononcer sur divers sujets entre autres le cinéma sénégalais, l’avenir du cinéma africain, etc. Sur la question, il dit être confiant en ce qui concerne l’avenir du cinéma africain, car affirme-t-il, l’Afrique fait désormais son cinéma, un cinéma qui parle aux Africains et qui a toute sa place dans le concert des nations. C’était le 11 novembre 2023.

Vous êtes là dans le cadre de la 8e édition des Sotigui awards. Comment appréciez-vous déjà cette cérémonie de distinctions des acteurs du cinéma africain et de la diaspora ?

C’est ma troisième fois de participer au Sotigui comme Guest star et je suis membre du comité d’organisation de l’Académie des Sotigui au niveau de Dakar. Comme vous le savez, les Sotigui Awards honorent les acteurs africains et de la diaspora. Son organisation demande beaucoup de moyens car pour rassembler la crème de la crème du cinéma africain, ce n’est pas facile. C’est un travail de longue haleine et il faut être dévoué, aimé le cinéma et aussi l’art pour le faire. Et les Sotigui ne ménagent aucun effort pour que cette manifestation annuelle se tienne dans les meilleures conditions possibles. Je suis très heureux d’être là.

Vous avez été révélé au grand public grâce à la série « Maîtresse d’un homme marié », où vous avez joué le rôle du mari infidèle. Aujourd’hui, quel est le regard du citoyen lambda sénégalais quand il vous voit dans les rues de Dakar et même hors des frontières sénégalaises ?

Je n’aime pas trop le mot infidélité car le rôle que j’ai joué, ce n’est pas de l’infidélité. L’homme, par essence, est polygame et après tout, c’est à chacun de choisir le nombre de femmes qu’il souhaite avoir. Donc j’ai été marié et quand j’ai vu une autre femme que j’aimais, je l’ai alors courtisée et je l’ai prise. On peut me reprocher le fait de l’avoir amenée chez moi, mais ce n’est pas de l’infidélité. Le regard que les gens ont de mon personnage dans la série « Maîtresse d’un homme marié » est toujours mitigé, car d’aucuns me disent que je ne suis pas quelqu’un de bien en revanche d’autres disent qu’en tant qu’homme et de surcroît un musulman, je peux prendre quatre femmes. Je pense que c’est ce qui fait la magie du cinéma africain, les gens se sont sentis dedans et partout où je passe, cela engendre des discussions que ce soit au Sénégal ou même à l’international.

L’acteur comédien Sénégalais, Cheickh DIAGNE

En tant qu’acteur, pouvez-vous affirmez que le cinéma nourrit son homme ?

De manière générale, en Afrique, l’at du cinéma ne nourrit pas en tant que tel son homme. Il y a des efforts qui sont en train d’être faits mais il reste encore beaucoup à faire parce que le cinéma est une industrie et dans nos pays africains, cette industrie n’est pas encore idéalisée parce qu’elle emploie énormément de gens. Le public ne voit que les acteurs qui apparaissent à l’écran alors que de la conception du film à sa réalisation, il y a de nombreuses personnes qui travaillent dans l’ombre.  Il est plus facile d’être comptable en étant assis dans son bureau et gérer les factures que d’être un acteur, un réalisateur ou un scénariste, car le scénariste conçoit le scénario, imagine le décor et les personnages, il prend même les caractéristiques de Dieu parce que Dieu a créé le monde, et le scénariste est un créateur.  Il crée un univers où bougent des personnes et le scénariste a droit de vie ou de mort sur chaque personnage. C’est cela la magie du cinéma et c’est extraordinaire. En tout cas, une personne lambda ne peut pas faire cela.

A l’ouverture des Sotigui le 8 novembre dernier, lors d’un panel sur le cinéma sénégalais, il est ressorti que les acteurs africains sont mal payés. Quelles sont les actions que vous entrevoyez pour que le métier d’acteur de série et cinéma soit mieux valorisé ?

Vous avez posé une question importante dans la mesure où pour cette 8e édition, nous avons mené des panels pour parler des forces et des faiblesses du cinéma sénégalais ainsi que des perspectives. Le cinéma sénégalais est vieux d’une cinquantaine voire même d’une soixantaine d’années, nous avons eu des précurseurs comme Sembène Ousmane et autres. Nous, en tant que jeunes, travaillons par rapport à notre époque et nous luttons farouchement pour que ce métier soit valorisé, qu’il soit reconnu et qu’il puisse faire vivre son homme. C’est un travail de titan parce que ce n’est pas facile, car l’acteur est considéré comme une personne qui s’amuse. Il est vrai qu’on s’amuse, mais on le fait en travaillant, on fait un travail d’éducation. Nous sommes des porteurs de voix et nous avons notre partition à jouer dans nos communautés, pour le développement de nos pays respectifs. Le président Léopold Sédar Senghor disait que l’écriture est un axe de développement, elle est le début et à la fin de tout. Moi j’ai l’habitude de dire que le cinéma, c’est la vie en spectacle. A travers le cinéma, on montre le reflet de notre société et nous sommes des voix autorisées à le faire.  Nous sommes la voix des sans voix.

Combien d’années totalisez-vous dans le cinéma ?

J’ai une jeune carrière de 17 ans. Après mon Baccalauréat, j’ai fait des études de Lettres en plus de la dramaturgie, j’ai fait du théâtre et après je me suis lancé dans le cinéma. Il y a une différence parce que le théâtre est fait pour être vu devant un public sur une scène. Sans scène, il n’y a pas de théâtre. Pour le cinéma, c’est tout autre, c’est la caméra. J’ai joué dans mon premier film qu’un Sénégalais avait réalisé, intitulé « La paix des arènes » en 2003.  Le film parlait de la lutte sénégalaise avec un grand lutteur sénégalais. De 2003 à nos jours, cela fait 20 ans. J’ai même joué avec la réalisatrice émérite du Burkina Appoline Traoré, j’ai joué dans le film « Frontières ».

En 20 ans de parcours, quel est votre meilleur souvenir et le pire ?

Je suis toujours positif. Il faut dire que le cinéma c’est quelque chose que j’ai aimé depuis tout petit. Moi c’était entre le football et le cinéma. Je jouais très bien au football mais mon père ne voulait pas. Du coup, je me cachais même pour aller jouer et je vous assure que j’étais un excellent footballeur. Je faisais du théâtre à l’école primaire et au collège. C’est quand je suis allé à l’université, j’ai pu vivre mon rêve car étant devenu grand, j’étais loin de mon père. Du coup, je faisais des castings pour des publicités, pour des sociétés de la place. En 2003, j’ai joué dans le film « La paix des arènes » et depuis, je continue ma passion.

Avez-vous foi en l’avenir du cinéma africain ?

Oui, j’ai foi en l’avenir du cinéma africain. Aujourd’hui beaucoup de choses sont en train d’être faites et je peux citer Nollywood aujourd’hui au Nigeria. Aujourd’hui, nous faisons notre propre cinéma, un cinéma qui nous parle, un cinéma panafricain. Avec la collaboration cinématographique entre les pays africains, on a vu des acteurs qui jouent dans des pays autres que leur pays d’origine. Le cinéma est en train d’évoluer, il transcende les frontières. Les acteurs travaillent farouchement pour l’évolution du cinéma. Et je pense qu’on va y parvenir. Cela n’était pas pensable il y a quelques années mais avec le cas des SOTIGUI aujourd’hui, je pense que c’est un grand pas et ça va aller de l’avant.

Quel message avez-vous à adresser à vos fans, ceux qui aiment vous voir sur leurs petits écrans ou dans des films ?

 

Propos retranscrits par Pierrette DANDJINOU

(Stagiaire)

 

 

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