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Carême chrétien : 40 jours pour devenir meilleur

Carême : c’est suffisamment connu de tous maintenant, vient du latin quadragesima qu’on peut traduire par « quarantième » ou « quarantaine ». En tout cas il s’agit de cet espace de 40 jours, en référence, immédiate, aux quarante jours passés par le Christ dans le désert. (Mc1, 12-13//).

 Si donc carême tient de 40, c’est-à-dire le quarantième jour avant l’Evènement des évènements de la foi chrétienne, Pâques, il se trouve aussi que, selon la Bible, 40 est le nombre de l’attente, de la préparation, de l’épreuve ou même du châtiment. Il y symbolise surtout la mort à soi-même et la renaissance spirituelle. Ceci dit, comprenons-nous bien. Même si la Bible fait une centaine d’emplois du chiffre 40, (98 précisément), il ne faut pas y voir forcément un sens particulier. Il s’agit surtout d’y mettre l’accent sur une vérité spirituelle. Il n’y est pas du tout question de numérologie avec un sens caché ou un code pour découvrir quelque message secret que ce soit, puisqu’au contraire de tout autre mystère, le mystère chrétien révélé en Jésus Christ est destiné à être connu de tous et non à être caché…

C’est vrai que les auteurs bibliques usent beaucoup des chiffres, mais c’est toujours de façon symbolique : Le chiffre 1 symbolise Dieu, l’unique. Il exprime l’exclusivité, la primauté, l’excellence. Ainsi Jésus dit : «Le Père et moi, nous sommes UN» (Jn 10, 30). De même, saint Paul déclare : « Il n’y a qu’un seul Seigneur, une seule foi, un seul baptême, un seul Dieu » (Eph 4, 5). Le chiffre 1 symbolise aussi l’environnement divin. Le chiffre 2 représente l’homme, en qui il existe une dualité, une division intérieure, conséquence du péché originel. Le chiffre 3 exprime une totalité, en rapport avec les trois dimensions du temps : passé, présent, futur. Dans la Bible, dire trois équivaut à dire «la totalité» ou «toujours». Sept indique la plénitude ; douze, les tribus d’Israël, les apôtres, etc.

Ainsi, pour les chrétiens, le temps du carême, quarante jours et quarante nuits, est nourri de tous ces textes de l’Ecriture liés au chiffre quarante. C’est un temps où l’on se rapproche de Dieu comme Moïse sur la montagne du Sinaï. C’est le moment de faire une halte dans notre vie pour rencontrer Dieu, comme Elie, dans une voix de fin silence. C’est aussi le moment de redécouvrir que l’homme ne vit pas de ‘‘pain seulement, mais de tout ce qui sort de la bouche du Seigneur’’. C’est encore le temps, à l’exemple des Ninivites, à travers le jeûne et la prière, de se convertir et d’implorer la miséricorde du Seigneur.

Dans cette optique, le récit de la transfiguration du Seigneur, proposé le 2e  dimanche de carême, le 13 mars dernier, nous invitait ainsi à accueillir le carême comme un temps de transfiguration de notre vie, étant donné que la conversion est une forme de transfiguration qui exige de nous la pénitence et le combat à mener contre le mal. Dans ce sens, c’est tout mettre en œuvre pour rencontrer Dieu, de manière particulière et renouvelée dans ma vie. Cela demande qu’on se déplace, tels Jésus et ses disciples, de la pleine au sommet de la montagne où a lieu cette rencontre.

Dans le carême donc, se trouve inscrit le meilleur devenir de l’homme. Car nul ne peut rencontrer Dieu et rester tel quel, sans se trouver transfiguré. C’est en vue de cela que le carême nous apprend à donner le meilleur de nous-mêmes, à travers des gestes concrets comme le partage, le service, la prière, l’écoute de la Parole de Dieu, le jeûne…. De façon particulière, le jeûne, la prière et l’aumône sont comme des conditions et des expressions de notre conversion, de notre transfiguration. Si fondamentalement le jeûne se rapporte à l’alimentation, dans le sens de notre conversion, nous pouvons pratiquer toute sorte de jeûne. Le principe étant toujours celui de la conversion. Par exemple, le pape François en faisait cas, il y a cinq ans, en ces termes :

– Jeûne de paroles blessantes : que tes lèvres ne prononcent que des paroles de bénédiction.

– Jeûne de critiques et de médisances : bienveillance et miséricorde doivent habiter ton âme.

– Jeûne de mécontentement : que douceur et patience deviennent tes compagnes de chaque jour.

– Jeûne de ressentiment : que ton cœur cultive la gratitude.

– Jeûne de rancune : que le pardon ouvre toutes les portes qui t’ont été fermées.

– Jeûne d’égoïsme: que la compassion et la charité fleurissent à chacun de tes pas.

– Jeûne de pessimisme : que l’espérance ne quitte jamais ton esprit.

– Jeûne de préoccupations et d’inquiétudes inutiles : que règne en toi la confiance en Dieu.

– Jeûne d’occupations superficielles : que la prière emplisse tes journées.

– Jeûne de paroles futiles : que le silence et l’écoute t’aident à entendre en toi le souffle de l’Esprit Saint.

En somme, le carême nous apprend à délaisser ce qui n’est pas essentiel, ce qui nous sépare de Dieu et nous éloigne des autres. Ainsi donc, vivre le carême c’est opérer « un retour sur soi-même » en toute vérité, même s’il est vrai que parfois, explorer notre intérieur, notre vie, notre parcours s’avère difficile. Mais dans ce « temps de vérité« , il s’agit de prendre conscience qu’on est aimé de Dieu ! Toujours.

Abbé Paul DAH

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