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Budget de l’Etat exercice 2024 : des OSC plaident pour un accroissement des budgets des secteurs sociaux

Le Centre d’études et de recherche appliquée en finance publique (CERA-FP), en collaboration avec le Réseau des OSC intervenant dans le domaine des Finances publiques (ROSC/FP) dont il est membre, a organisé, le 7 mai 2024, à Ouagadougou, une conférence publique en vue de restituer les résultats de l’analyse citoyenne sur le budget de l’Etat, exercice 2024. Il s’est agi, au cours de cette restitution de donner la lecture de la société civile sur le budget de l’Etat exercice 2024, de se poser la question de savoir si ce budget répond aux priorités du gouvernement inscrites dans le référentiel national de développement qui est le Plan d’action pour la stabilité et le développement (PA-SD) 2024-2026, lequel repose sur 4 piliers. Mieux, à travers cette analyse, les OSC entendent apporter leur contribution à l’amélioration de l’action gouvernementale à travers des propositions alternatives pour corriger ou rectifier le tir si cela s’avère nécessaire.  Cette analyse s’inscrit dans le cadre du projet de « Renforcement des bonnes pratiques et des mobilisations citoyennes en faveur de politiques publiques adaptées à la réduction des inégalités au Sahel » financé  par l’ONG Oxfam.

Le budget de l’Etat, exercice 2024, a globalement suivi la vision des autorités de la transition. C’est ce qui ressort des résultats de l’analyse citoyenne sur le budget de l’Etat 2024. “ Contrairement aux autres budgets précédents, le budget 2024 a suivi la vision des autorités.  Nous avons remarqué que tout ce qui est priorité de la transition a bénéficié d’une allocation assez conséquente. Aussi les différentes réformes qui sont en train d’être prises, ont bénéficié de ressources pour pouvoir être concrétisées.  Nous avons salué cet état de fait qui vient rompre avec l’aspect de budget de reconduction que nous avons connu de par le passé”, s’est réjoui Hermann Doanio, secrétaire exécutif du CERA-FP qui a conduit l’étude en collaboration avec les OSC intervenant dans le domaine des finances publiques. Ces priorités au nombre de 4, s’articulent autour de la lutte contre le terrorisme et la restauration de l’intégrité du territoire, la réponse à la crise humanitaire, la refondation de l’État et l’amélioration de la gouvernance, et l’œuvre de réconciliation nationale et de cohésion sociale. S’agissant du pilier 1 qui est la lutte contre le terrorisme et la restauration de l’intégrité du territoire, l’allocation s’élève à 800 912 009 000 de FCFA, soit 21,68% du budget. Le pilier 2 qui est la réponse à la crise humanitaire, s’en tire avec 270 936 071 000 FCFA soit 7,33%. Le pilier 3, refondation de l’État et amélioration de la gouvernance reçoit une allocation budgétaire de 2 620 298 211 000 FCFA, soit 70,92% et enfin la priorité 4, l’œuvre de réconciliation nationale et de cohésion sociale obtient une allocation de 2 447 721 000 FCFA, soit un taux de 0,07%. Des données fort appréciables qui satisfont des OSC. “L’analyse globale du budget des piliers fait ressortir que la situation est appréciable car elle démontre que la sécurisation et la défense du territoire est la priorité des priorités du pouvoir en place.  Du reste, les autorités de la transition ont pris la mesure que la seule voie de paix durable ne réside pas dans la réponse militaire, mais plutôt dans le développement et la bonne gouvernance. D’où le fort taux budgétaire (70,92%) alloué au pilier 3 qui traite de la refondation de l’Etat et de la gouvernance”, a déclaré Lina Gnoumou, chargée de programme au CERA-FP, qui a présenté les résultats de l’analyse. Toutefois, elle interpelle les autorités à se pencher sur la question de la réconciliation nationale et la cohésion sociale qui, si elle n’est pas prise à bras le corps  dans l’action gouvernementale en 2024,  pourrait “compromettre ou saper les efforts de lutte contre le terrorisme et la sécurisation du territoire. “ Ce constat interpelle les autorités sur l’urgence de la mise en œuvre de sa stratégie de réconciliation nationale et de promotion de la cohésion sociale”, a prévenu  la chargée de programme.

S’agissant des secteurs sociaux de base (santé, éducation, eau et assainissement), il ressort que les dotations budgétaires en 2024 sont estimées à 1 173 658 348 000 francs CFA soit 31,77% du budget global. Le secteur de la santé s’en sort avec 376 019 272 000 francs CFA représentant 10,18% du budget total de l’Etat, l’éducation reçoit 745 015 981 000 francs CFA, représentant 20,17% du budget de l’Etat.  Quant au secteur de l’eau et assainissement, il sera doté à hauteur de 52 623 095 000 francs CFA, soit 1,42% des dépenses totales. Le secteur rural (agrosylvopastoral) bénéficie de 4,72% du budget 2024.  Autant d’éléments qui démontrent l’attention particulière accordée par les autorités pour la fourniture des services sociaux à la population. Cependant, l’analyse fait ressortir que des engagements internationaux pris par le gouvernement dans certains secteurs à savoir la santé, l’éducation, l’agriculture, n’ont pas été respectés. “Quand vous prenez  le secteur de la santé, il ressort que la part budgétaire est de 10,18%. Elle n’est pas en accord avec l’engagement international ratifié par l’Etat burkinabè. En effet, la déclaration d’Abuja de 2001 stipule que le Gouvernement de chaque Etat signataire alloue chaque année 15% de son budget national à la santé. De même, ce ratio est encore largement en deçà de la plateforme revendicative des partenaires sociaux qui réclament 20% du budget pour la santé”, a relevé Lina Gnoumou.“ Pour ce qui concerne l’agriculture qui est le ventre mou du Burkina avec une population à 70% rurale, c’est  4,72% du budget qui a été consacré au secteur agro-sylvo-pastoral. C’est à travers cette agriculture qu’on se nourrit et on a aujourd’hui des défis sur le plan alimentaire avec la crise humanitaire. Nous invitons le gouvernement à allouer plus de ressources à l’agriculture pour nous permettre soit d’assurer une sécurité alimentaire à défaut d’assurer la souveraineté alimentaire”, a plaidé Hermann Doanio. Un autre point de satisfaction relevé a été la réduction du train de vie de l’Etat, qui a connu une baisse autour de 6% contrairement à 2023 où il était de 7%. “C’est vraiment un train de vie que le gouvernement a travaillé à contenir, et cela est à saluer. Toutefois, il faut dire que les éléments ayant participé au calcul de ce ratio ne concernent que l’administration publique et le fonctionnement des institutions républicaines”, a précisé M. Doanio.

 

Une vue de participants à la restitution de l’analyse citoyenne

 

En tout état de cause, l’analyse a formulé des recommandations. Pour ce qui concerne la mobilisation des recettes, il est recommandé la poursuite des efforts de mobilisation de recettes pour que dans les années à venir, le pays puisse tendre vers un budget de 5 000 milliards de FCFA. Et M. Doanio de relever  qu’il faut utiliser et valoriser tout le potentiel fiscal que dispose le pays et amener la population à être  de plus en plus civique sur le plan fiscal,  parce que c’est ce qui va permettre de pouvoir développer ce pays. L’institution d’un impôt sur la fortune et le développement de mécanismes alternatifs de mobilisation des ressources endogènes à l’image du fonds de soutien patriotique (FSP) et de l’APEC font partie des recommandations.

Au titre des dépenses, les OSC recommandent la contraction de certaines dépenses budgétaires moins prioritaires afin de réduire considérablement le besoin de financement du budget 2024, la rationalisation des dépenses communes interministérielles (DCIM). S’agissant des priorités de la transition, il a été recommandé la mise en œuvre effective de la stratégie de réconciliation nationale et de promotion de la cohésion sociale, l’accroissement des budgets des secteurs sociaux.

Pour rappel, le budget de l’Etat, exercice 2024 s’établit à  3694, 59 milliards de FCFA en dépenses contre 3019,11 milliards de FCFA en recettes. Soit un gap de 18,28% équivalant à 675,47 milliards de FCFA à recouvrer.

Colette DRABO

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