« Audrey » de son vrai nom Audrey Korsaga, est une artiste-musicienne burkinabè qui est en train de se frayer un chemin dans le landerneau musical national. Sa passion pour la musique, qui a commencé depuis sa tendre enfance, s’explique par le fait puisqu’en plus d’avoir un oncle musicien, elle pratiquait la danse, le théâtre et prenait part à des activités comme Déni show. Autant de faits qui traçaient déjà un chemin pour la jeune perle, et qui ont fini par la rattraper aujourd’hui. Malgré sa formation de biochimiste, Audrey a la musique dans la peau et entend bien s’y consacrer entièrement. Son rêve est de se bâtir une image, notamment devenir un personnage culturel clé dans son Faso natal. Présente à Ouagadougou, Audrey a accepté volontiers d’être l’invitée de votre média actuburkina.net dans le cadre de la rubrique « Vie de stars ». C’était le 7 juillet dernier dans nos locaux. Bonne lecture !
Actuburkina : Comment se porte Audrey ?
Audrey : Très bien par la grâce de Dieu
Des informations faisaient état de ce que tu aurais des soucis de santé. Est-ce un épisode qui est derrière toi à ce jour ?
Il y a encore de petites choses à régler mais Dieu merci tout est sur une bonne voie.
Tu es biochimiste de formation mais depuis quelques années maintenant, tu t’es lancée dans la musique. D’où t’es venue cet amour pour la musique ?
L’élément déclencheur de ma passion pour la musique, je peux dire qu’elle date de depuis mon enfance. Déjà, très petite, mon père avait l’habitude de nous emmener assister à des concerts de musiciens tels que Ali Farka Touré. Donc, je frottais déjà de grands instrumentistes. Aussi, j’ai un de mes oncles, Eugène Kunker qui est musicien et moi j’étais tout le temps dans ses concerts. Sans oublier que je faisais la danse, le théâtre, bref tout ce qui était activités parascolaires en lien avec le culturel. J’ai pris part à des activités comme Déni show et on remportait souvent des prix. Tout cela réunit a réveillé quelque chose en moi, donc je dirai que c’était un chemin déjà tracé qui m’a rattrapée plus tard.
Quel est le genre musical que tu pratiques ?
J’appellerai cela de la variété urbaine à savoir un mélange de musiques assez classiques notamment la musique Mandingue, la Rumba, le Reggae. J’ai décidé de combiner pour l’appeler variété urbaine.
Combien d’albums as-tu à ce jour ?
Officiellement, j’ai 5 titres qui sont sortis, mais je n’ai pas encore d’album. Ce sont des singles et tous ne se positionnent pas au même niveau. Il y a certains qu’on a juste sorti comme ça et il y a d’autres sur lesquels on mise sur la promotion. Et les singles sur lesquels j’ai vraiment misé sur la promotion c’est le 1er, « Music is a blessing », qui est du reggae. Il y a eu le 2e « Vida Loca » qui est de l’Afropop chanté avec un couplet en mooré. Il y a « Ma fille » qui est le single qui a le plus marché. Il traite de la cohésion sociale, du mariage des jeunes filles, etc.
Parle-nous de ton nouveau « bébé »
Ah oui, le tout nouveau single sorti il y a une dizaine de jours et qui s’intitule « Blacky », est en hommage à l’illustre disparu Black So Man. C’est une réadaptation du titre « Adji ».
Tu es biochimiste de formation. Que fais-tu de cette formation ? L’exerces-tu correctement ?
Tu résides au Canada…
Je fais la navette entre les deux pays, à savoir le Canada et le Burkina, le temps de terminer tout ce que j’ai à faire là-bas et inch’allah, je reviendrai au pays.
As-tu le temps de faire comme il se doit la promotion de tes œuvres ?
Non, pas vraiment ! Quand je suis au Canada ce n’est pas évident parce que je n’ai pas encore installé une machine appropriée qui peut soutenir ma présence médiatique quand je ne suis pas là. Ce n’est pas évident, mais c’est en cours. Je suis là pour un bon moment et justement j’espère éventuellement aboutir à la sortie d’un album et un concert pourquoi pas ?
Y a-t-il des actions en cours que tu mènes pour la promotion de tes œuvres à l’international ?
Pour l’international, je ne pense pas que ce soit quelque chose qu’on calcule en tant que tel en termes d’actions proprement dits. Je pense que c’est dans ta façon de faire ta musique que tu inclus certains ingrédients et tout. Pour moi, l’international vient plus ou moins te chercher et toi tu déploies une machine pour aller vers ceux qui viennent vers toi. Mais rester ici et forcer pour être à l’international, je trouve que ce n’est pas si évident ici au Burkina, dans le domaine artistique en tout cas. Parce qu’il y a toute une machine qui n’est pas forcément là. L’international c’est un peu aussi la main de Dieu. Sinon, pour ce qui est des actions que j’entreprends, je dirai qu’il y a par exemple les médias tours que j’effectue actuellement pour la promotion de mon titre. Mais je suis quelque part handicapée parce que je ne peux pas utiliser ma voix pour le moment. Donc je ne peux pas faire de prestation et autre.
Peut-on savoir pourquoi ?
J’ai eu un incident il y a environ deux ans maintenant, c’était en octobre 2021. Je ne sais pas ce qui s’est passé exactement mais j’ai perdu l’usage de la voix pendant plusieurs mois. Je pouvais parler mais on sentait vraiment que le timbre vocal avait changé. C’était douloureux de parler. Au fil des mois, ça commencé à aller mais si on me demande de faire une prestation de chant de 30 mn, je ne peux pas. A un moment donné, je perds mes aigus, les harmoniques, bref la voix se fatigue extrêmement vite en fait. Actuellement, je suis un traitement en la matière.
Comment Audrey se voit-elle dans 5, 10 voire 20 ans ?
Dans 5, 10 ou 20 ans, j’espère avoir réussi à rentabiliser ma carrière artistique et l’image surtout que je veux me bâtir, à savoir devenir un personnage culturel clé dans mon pays. C’est mon ambition parce que mon amour pour la culture est fort et j’aimerais utiliser cela à bon escient. Un personnage culturel implique beaucoup de choses et moi j’aimerais avoir une vraie salle de spectacles à long terme, un vrai complexe pourquoi pas ? Sinon à court terme, j’ai à cœur de tenir un concert en bonne et due forme par exemple au stade du 4-Août. Je rêve de cela en tout cas. Mais pas maintenant mais peut-être dans 5 ans, avec deux albums. Comme cela, tu as du contenu pour te tenir devant les gens et aussi tu es en confiance parce que tu auras déjà fait beaucoup de choses. Je pense qu’il ne faut pas brûler les étapes. Mais un concert au stade du 4 août, ce n’est pas impossible, si on se donne le temps.
Y-a-t-il un artiste qui inspire Audrey et à qui elle aimerait ressembler ?
Si l’occasion de faire un featuring avec Alpha Blondy se présentait à toi, sauterais-tu là-dessus ?
Je le ferai même si je serais stressée d’être en face d’une sommité de son rang, de rendre quelque chose qui sera à la hauteur. Je le ferai sans hésiter.
Quelles sont tes relations avec l’artiste-musicien Amzy ?
Il est vrai que cela fait longtemps qu’on ne s’est pas parlé vu justement la situation que je traversais et que je n’étais pas au pays. J’étais vraiment occupée à retrouver mes esprits, à travailler parce que j’ai travaillé pendant un an au laboratoire avant de revenir. On a des relations peut-être pas au beau fixe qu’elles étaient parce que c’est la vie, mais j’espère que d’ici là, on va reprendre contact. Le temps que je reprenne mes activités et que lui revienne de ses tournées en France.
Qu’en est-il de tes relations avec les autres artistes ?
J’ai de très bonnes relations avec eux. Ils sont comme de grands frères que j’observe de loin, certains me donnent des conseils aussi. Ça va !
Comment vois-tu la musique burkinabè, de façon générale, aujourd’hui ?
C’est une musique qui a beaucoup d’avenir pour peu qu’on accepte de réellement s’ouvrir, d’apprendre et de réellement s’assumer.
Penses-tu que ce n’est pas le cas ?
Ça commence. Notre musique a connu de beaux jours. Je n’étais pas née à cette époque mais j’ai des échos sur comment ça se passait. Je sais qu’il y a beaucoup à faire.
Interview réalisée par Colette DRABO