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AUDITION DU CHEF DES RENSEIGNEMENTS RWANDAIS : Kigali gesticule, la justice londonienne reste sereine

L’arrestation, le week-end dernier, du chef des services de renseignement rwandais par la police britannique, a jeté un coup de froid entre le Rwanda et la Grande Bretagne. Ainsi, après avoir manifesté sa colère, Kigali essaie, par tous les moyens, d’extirper son représentant des griffes de la justice de ce pays, qui est en train d’examiner les contours de l’affaire pour évaluer les possibilités de l’extrader vers l’Espagne, d’où émane le mandat d’arrêt en vertu duquel il a été interpellé. C’est dans ce sens que des manifestations ont été organisées dans la capitale rwandaise, devant la représentation diplomatique anglaise, pour protester contre cette arrestation. En plus du coup de sang du président rwandais lui-même, qui s’offusque de ce qu’il appelle l’arrogance de l’Occident.

Mais voilà ! Kigali a beau gesticuler, la justice londonienne devant laquelle le prévenu a été à nouveau présenté hier, reste imperturbable et sereine. Après avoir été auditionné, le chef de renseignement rwandais a été libéré sous caution. Il doit se présenter deux fois par jour devant le juge. En tout cas, la justice britannique semble décidée à traiter cette affaire jusqu’au bout, en toute indépendance. Et l’on doute fort que les gesticulations des Rwandais puissent changer grand-chose à la donne, d’autant plus que l’on voit mal Buckingham Palace exercer une quelconque pression sur le pouvoir judiciaire londonien,  dans le but d’infléchir sa position. Même si tout porte à croire que l’Exécutif, qui s’est gardé de tout commentaire, est quelque peu gêné aux entournures dans cette affaire.

En Europe, la notion de   séparation des pouvoirs n’est pas une vue de l’esprit

C’est dire si Paul Kagamé a vraiment du souci à se faire, d’autant plus que l’acte d’accusation de la justice espagnole est une véritable bombe dont la déflagration pourrait avoir des conséquences désastreuses pour  Kigali. En effet, cet acte d’accusation présente Emmanuel Karenzi Karake alias « KK » comme l’un des officiers supérieurs rwandais coupables de génocide, crimes contre l’humanité et terrorisme, en plus d’être responsable des crimes commis par les services secrets militaires dont il était le chef, durant la période du génocide rwandais, notamment les assassinats de personnalités politiques de premier plan. Quand on connaît la très grande proximité de ce dernier avec le maître de Kigali, l’on comprend pourquoi ce dernier ne décolère pas, et fait des pieds et des mains pour extirper « son » homme- lige de cette mauvaise situation. D’autant plus que dans les pays du Gondwana, ce sont des choses qui se règlent aux bout du téléphone rouge, entre princes régnants, sans avoir besoin d’ameuter toute la terre.

Toutefois, l’un des enseignements que l’on pourrait tirer de cette affaire sans entrer dans le fond du problème, c’est le fait qu’en Europe, la notion de démocratie et de séparation des pouvoirs n’est pas une vue de l’esprit, dans la mesure où tout justiciable peut y répondre de ses actes, quelle que soit sa position sociale. L’Afrique devrait s’en inspirer car, bien souvent sur le continent, le pouvoir est un moyen pour échapper à la justice, un parapluie dont se servent les tenants du pouvoir pour  se mettre à l’abri de tout ennui  judiciaire. Et bien des criminels savent qu’une fois qu’ils y sont, et tant qu’ils y sont, ils sont pratiquement intouchables. D’où leur propension à vouloir s’accrocher au pouvoir par tous les moyens, très souvent en violation des textes fondamentaux de leur pays.

En tout état de cause, les autorités rwandaises ne devraient s’en prendre qu’à elles-mêmes. Car, en manquant de tenir le procès des ces personnes pour les motifs invoqués, elles ouvrent la possibilité à d’autres juridictions en Occident, de le faire. Au demeurant, si « KK » n’a rien à se reprocher par rapport aux accusations portées contre lui, Kigali gagnerait à coopérer pour la manifestation de la vérité, afin que son représentant soit blanchi. Il n’en sortirait d’ailleurs que plus grandi.

Outélé KEITA

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