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Sofiano, artiste burkinabè : « Ce n’est qu’en 2025 qu’on vient d’avoir une identité musicale certifiée par le ministère en charge de la culture »

L’artiste chanteur burkinabè, Sofiano, à l’était civil Sofiane Balzak Kanazoé, est, cette semaine, l’invité de votre média, actuburkina.net. Très connu de la scène musicale nationale, Sofiano totalise en 11 ans de carrière, 5 albums, 162 singles et deux Maxi. Dans cet entretien qu’il nous a accordé le 20 octobre 2025, le Kundé de la révélation et le Kundé de l’espoir 2015, regrette que le Burkina Faso, jusqu’à une date récente, n’avait pas encore une identité musicale propre à lui à l’image de biens des pays, en l’occurrence la Côte d’Ivoire avec le Zouglou ou encore le Coupé Décalé. « Ce n’est qu’en 2025 qu’on vient d’avoir une identité musicale qui a été certifiée par le ministère en charge de la culture. C’est un début, une bonne nouvelle », se réjouit l’artiste avec l’arrivée du Wagali. Tout en invitant les Burkinabè à en faire la promotion, il dit être convaincu que « c’est maintenant que notre culture va s’exporter ». Voici ce que « le Chao » a dit.

On entend dire Sofiano le Chao ?  Que signifie le Chao ?

C’est juste un surnom en langue Nouchi des Ivoiriens, qui veut dire le Vieux père, le Boss.

Il y a tout juste quelques jours, vous avez sorti une chanson intitulée « Kiiba » en hommage aux orphelins des Volontaires pour la défense de la patrie (VDP) et des Forces de défense et de sécurité (FDS) tombés au front. Quel est l’objectif visé à travers cet hommage ?

Etre un orphelin, c’est une épreuve très douloureuse. Déjà perdre un frère, ce n’est pas facile et quand c’est un père, c’est intenable. Il était donc nécessaire pour nous, de donner de la force, d’apporter tout notre soutien à ces enfants des forces combattantes tombées pour que le Burkina reste debout. L’esprit, c’est de leur faire comprendre qu’ils ne sont pas seuls, qu’ils ont notre affection et notre soutien.

Il est vrai que la chanson est sortie il y a juste quelques jours. Comment les mélomanes l’ont-elles accueillie ?

Déjà avant la sortie officielle, sur Tik Tok, nous avions recueillir plus de 100 000 vues, et pour moi, cela est touchant. Je tiens à dire merci à tous mes fans qui ont aimé et nous soutiennent.  Pour moi, le plus important, c’est le message qui est véhiculé mais pas l’engouement. Il faut dire que les gens ont vraiment aimé parce que la chanson parle de la réalité de la vie.

A ce jour, combien d’albums totalisez-vous ?

J’ai au total 5 albums, 162 singles et 2 maxi.

En combien d’années de carrière ?

En 11 ans de carrière.

En 11 ans, êtes-vous satisfait de votre parcours ?

Je suis satisfait parce que déjà, pour moi, la musique, ce n’est pas le luxe ou la belle vie. C’est quelle chose qui m’a plu et j’ai pu la réaliser.  Je suis satisfait de ce que je fais parce que les messages que j’y véhicule ont permis à bien des personnes de changer quelque chose de mauvais de leur comportement. Et cela, c’est ma plus grande satisfaction. Dans mes chansons, je parle d’amour, de déception, d’espoir, de jeunesse et de persévérance. Moi qui suis là, c’est à force de persévérance que je suis aujourd’hui où je suis. Et j’exhorte la jeunesse à cultiver cette persévérance.

On a constaté que Sofiano aime les featurings. Vous avez fait des feats avec plusieurs grands noms de la musique burkinabè tels Floby, Dez Altino, Kayawoto, etc. Pourquoi ce penchant pour les featurings ?

Effectivement, j’ai fait beaucoup de featurings au Burkina ainsi qu’à l’international. Pour moi, le featuring est un partage d’expériences et de sonorités musicales. Par exemple, j’ai fait des featuring avec Serge Benaud, Mix 1er, DJ Kedjevara, Ariel Sheney, feu Erikson le Zouglou, etc. A mon avis, il est bon d’essayer d’exporter notre musique, faire découvrir la musique burkinabè ailleurs. C’est important.

Le 7 novembre prochain, vous organisez un concert live au maquis restau Renaissance à Ouaga. Pourquoi pas un concert live au stade municipal ou au Palais des sports de Ouaga 2 000 ?

Excusez-moi pour ce que je dirai, mais je ne chante pas pour des gens qui ne connaissent pas la musique. Je suis un artiste qui aime le live. Les 1ers et 2 octobre derniers, j’ai joué en live et le 7 novembre prochain, je jouerai encore en live. J’aime le live parce que c’est le lieux où tu peux t’exprimer, où tu peux montrer ton talent. Si je le voulais, je pouvais faire un concert au CENASA. Mais il y a des gens qui n’ont pas le temps, en faisant un concert live, on leur permet de venir payer et voir l’artiste sur scène, pendant un moment.

Avez-vous en projet un concert au Stade municipal Issoufou Joseph Conombo de Ouagadougou ?

Non !  Ce n’est pas dans mes projets. Faire un concert au stade, je trouve que ce n’est pas le moment. Je suis un artiste connu au plan national mais pas encore à l’international. Moi je veux travailler de sorte à faire voyager notre musique, notre culture au-delà des frontières. Je veux être connu à l’international avant de venir faire un concert au stade.  A quoi sert d’organiser un concert au stade si on ne te connait pas au-delà ? Ça ne sert pas. L’engouement ce n’est pas seulement au pays, c’est de montrer aux yeux du monde que le Burkina existe.

 

Sofiano

 

Quel est aujourd’hui votre regard sur la musique burkinabè ?

C’est décevant ! Je trouve que les devanciers n’ont pas fait quelque chose d’extraordinaire. En 62 ans, le Burkina Faso n’a pas une identité musicale reconnue. Une identité ou l’on dira à quelque part que cette musique vient du Burkina. Il n’y en a pas. C’est dernièrement que l’artiste DonSharp de Batoro a créé le Wagali qui a été accueilli par les Burkinabè. Aujourd’hui, nous aussi pouvons taper notre poitrine pour dire que si les Ivoiriens ont leur Zouglou, nous aussi avons notre Wagali. Cela n’existait pas avant. Quand tu postules aux festivals internationaux pour aller faire un concert live, on te demande de décliner ton genre musical. En ce moment, tu es là, tu n’as rien à dire. Tu va répondre par exemple que tu fais du tradi-moderne. Mais même au Nigeria, on fait du tradimoderne !

Que dites-vous du warba, Liwaga, etc ?

Le Warba n’est pas une identité musicale, c’est juste un concept. Mais quand vous prenez la Côte d’Ivoire, le Coupé Décalé est une identité musicale ivoirienne. Au Sénégal, on te dira que c’est le Mandingue tout comme au Mali. Actuellement, je peux dire que ça va. Ce n’est qu’en cette année 2025 qu’on vient d’avoir une identité musicale qui a été certifiée par le ministère en charge de la culture.  C’est un début, une bonne nouvelle et j’invite tous les Burkinabè, les journalistes, les acteurs culturels à en parler parce que c’est maintenant que notre culture va s’exporter.

Dans les années 2000, l’artiste Hamed Smani a initié le Takborsé mais la cadence n’a pas été suivie par vous les artistes. Si le Burkina n’a pas d’identité musicale aujourd’hui, comme vous le dites, n’êtes-vous pas responsables de cette situation ?

Il est vrai qu’à l’époque, je n’étais pas encore artiste mais j’étais DJ dans un maquis. Il était du rôle des devanciers de le faire mais ça n’a pas été le cas. Les devanciers n’ont pas su gérer. Quand nous nous sommes arrivés, nous n’avons pas trouvé de concept, il n’y avait d’identité musicale.  Tout le monde faisait du tradi-moderne. Effectivement, le Takborse était un concept qui aurait pu être une identité musicale burkinabè mais hélas. Je félicite au passage le grand frère Hamed Smani. Même de nos jours, beaucoup d’artistes font le Takborse mais refusent de l’appeler ainsi.

Quels sont vos projets ?

Déjà, j’ai une tournée internationale qui commence par l’Angleterre, ensuite Bruxelles, Italie, Allemagne. Après cela, on viendra se préparer pour la sortie du 6e album prévue pour bientôt.  En 2023, j’ai sorti l’album « La Main de Dieu » composé de 14 titres, et la promotion continue. Il y a aussi de nombreux singles. Mais bientôt, quelque chose de merveilleux va arriver.

Quel est votre message à l’endroit des mélomanes, des Burkinabè dans leur ensemble ?

 

Propos recueillis par Colette DRABO

 

 

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