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CONTRE-OFFENSIVE DE TRIPOLI POUR LA RECONQUETE DU CROISSANT PETROLIER: Sarraj se trompe de cible

« Quand la pluie vous bat, ne vous battez pas entre vous », dit un adage africain. Autrement dit, lorsque vous vous trouvez dans une situation délicate, mieux vaut travailler main dans la main et ne pas en rajouter aux problèmes déjà existants. La bataille entre les forces du général Khalifa Haftar, chef de l’Armée nationale libyenne (ANL) et celles fidèles  au gouvernement d’union nationale de Fayez El Sarraj pour le contrôle des sites du croissant pétrolier, montre malheureusement que les Libyens n’ont pas fait leur cette adage. Au lieu de privilégier le dialogue, le gouvernement a plutôt opté pour la poudre en vue de reconquérir le croissant pétrolier dont le général Haftar et ses hommes se sont emparés il y a une dizaine de jours. Une folle aventure entreprise par Tripoli, qui ne surprend pas.  D’abord, parce le croissant pétrolier constitue une zone où transite près de la moitié du pétrole brut exporté. Les enjeux économiques sont donc énormes et l’on comprend l’attitude du gouvernement de Fayez El Sarraj qui, disons-le, doit son existence à la Communauté internationale qui le soutient. non pas pour les beaux yeux des Libyens, mais pour ses intérêts, notamment le pétrole. L’on comprend donc pourquoi, malgré les difficultés constatées déjà sur le front dans la bataille contre l’Etat islamique, le gouvernement s’est engagé à ouvrir un autre front à l’Est. Ensuite, parce que ce gouvernement qui n’est pas adoubé partout en Libye, a besoin de se construire une légitimité. Pour cela, il doit nécessairement disposer de moyens qui lui permettent de travailler à avoir la sympathie et l’adhésion de tous les Libyens. Or, laisser près de la moitié des exploitations du pétrole sous le contrôle de l’ANL, revient à perdre environ près de la moitié des sources de revenus, d’où cet assaut contre les troupes du général Haftar. Mais il ne faut pas se leurrer, les forces pro-gouvernementales risquent de mordre la poussière.

 

Il faut craindre que les forces pro-gouvernementales essuient un cuisant revers

 Le général Haftar, dans cette zone, bénéficie de la complicité des populations et cela pourrait être un obstacle rédhibitoire pour les hommes de Sarraj. En plus, ces derniers sont moins bien organisés et cela a été constaté sur le champ de bataille, dans leur lutte contre l’EI. Les hommes du général Haftar, par contre, sont pétris d’expérience et bien organisés. En plus de cela, il faut compter avec les soutiens multiformes dont ils pourraient bénéficier de la part de certains voisins, en l’occurrence le Tchad où Haftar a séjourné récemment. Il faut donc craindre que les forces pro-gouvernementales essuient un cuisant revers sur le front Est. Ce qui serait une mauvaise publicité pour le gouvernement de Sarraj, lui qui est toujours en quête de légitimité dans cette Libye chaotique. En tout cas, si c’était le cas, ce serait une défaite politique pour Sarraj. Cette contre-offensive du gouvernement d’union nationale s’apparente donc à une guerre de trop. Le gouvernement n’a pas intérêt à ce qu’il y ait une multiplication des foyers de tension. A travers cette action, il n’a fait qu’ajouter le feu au feu. Toujours est-il que la solution n’est pas dans l’affrontement entre frères. Les Libyens gagneraient à se départir des jeux d’intérêts de la Communauté internationale, à faire bloc contre l’EI et à asseoir une vraie politique de redressement. Ce d’autant plus que dans l’opinion publique, des voix ont commencé à s’élever pour décrier la politique interventionniste de l’OTAN qui a fait partir Kadhafi.

 

Adama SIGUE

 

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