Journée mondiale de la sécurité et santé au travail : le message du ministre en charge de la fonction publique

 » Mesdames et Messieurs les chefs d’entreprise ;

Chère population ;

De plus en plus, de nouvelles technologies induisant de nouveaux procédés de travail sont utilisées dans les processus de production des biens et services. Le recours à ces nouvelles techniques et méthodes de travail est susceptible d’engendrer de nouveaux risques sur les lieux de travail dont les conséquences peuvent être très dommageables. Cette situation découle sans doute de l’évolution continue des progrès techniques qui, associés à la mondialisation rapide, ont fortement contribué à transformer les conditions de travail de nombreuses personnes partout dans le monde.

A côté de ces changements, les accidents du travail et les maladies professionnelles continuent de faire des ravages au sein des travailleurs, avec des conséquences qui coûtent excessivement cher. En guise d’illustration, le coût total des accidents du travail et des maladies professionnelles représente près de 4% du PIB mondial, un chiffre qui est vingt (20) fois supérieur au montant total de l’aide officielle au développement.

Le Burkina Faso n’est pas épargné par le phénomène. En effet, les statistiques de la Caisse Nationale de Sécurité Sociale (CNSS) et celles de la Caisse Autonome de Retraite des Fonctionnaires (CARFO) pour l’année 2023, font ressortir ensemble mille huit cent dix (1 810) cas d’accidents du travail et de maladies professionnelles déclarés. La prise en charge de ces risques professionnels a coûté à ces deux organismes de prévoyance sociale la somme globale de deux milliards deux cent soixante-dix-neuf millions cinq cent quatre-vingt-treize mille quatre cent vingt-trois (2 279 593 423) francs CFA.

Toutefois, malgré cette énorme somme décaissée, on déplore malheureusement des cas de décès, d’infirmité permanente, de paralysie irréversible. Ce qui traduit de toute évidence le caractère dangereux du milieu de travail. Cette situation devrait forcement interpeller chacun, à quelque niveau professionnel qu’il soit, à prendre les dispositions idoines pour faire de son milieu de travail un lieu sûr et salubre.

Ceci étant et dans le souci de disposer en permanence d’un capital humain en bonne santé, la prévention des risques professionnels par l’amélioration constante des conditions de travail s’avère donc une nécessité impérieuse dans la mesure où elle permet d’assurer une meilleure protection aux travailleurs, d’impulser la croissance économique et donc le développement. Cette vision entre d’ailleurs en droite ligne de l’objectif stratégique 3.4 de l’axe 3 du Plan d’Action pour la Stabilisation et le Développement (PASD), à savoir « Promouvoir l’emploi décent et la protection sociale pour tous, particulièrement pour les jeunes et les femmes ».

Cette année, la JMSST et la JAPRP ont respectivement pour thème : « Révolutionner la santé et la sécurité : le rôle de l’Intelligence Artificielle et de la numérisation au travail » et « la prévention des risques professionnels à l’épreuve de la transformation numérique et des mutations technologiques : défis et stratégies d’adaptation ». Au thème central de la JAPRP est associé le sous-thème « Prévention et prise en charge des intoxications alimentaires en milieu de travail ».

En effet, l’évolution des progrès technologiques, l’intégration de nouveaux outils et l’utilisation de nouvelles méthodes de travail ont des répercussions notables sur le monde du travail exposant ainsi de nombreux travailleurs à de nombreux risques émergents. A cela s’ajoutent parfois des intoxications alimentaires pouvant perturber la quiétude des travailleurs sur leurs lieux de travail. Celles-ci peuvent résulter d’une maîtrise insuffisante des conditions d’hygiène au cours de la production, de la transformation et de la distribution de certaines denrées.

S’agissant des conséquences de ces risques, ils sont très souvent désastreux et peuvent concernés le travailleur, l’entreprise et même la Nation.

Pour ce qui concerne le travailleur, on peut noter entre autres :

– une atteinte physique pouvant entrainer des douleurs parfois inimaginables, des pertes en vie humaine, des maladies, des mutilations, des traumatismes ;

– la perte de l’emploi ;

– la perte de dignité dans la société ;

– la déscolarisation des enfants ;

– la déstabilisation de la famille.

Quant à l’entreprise, le constat peut être aussi amère. Elle peut être notamment confrontée à:

– la réduction des effectifs ;

– des arrêts de travail pour une durée plus ou moins longue selon la situation ;

– des situations de produits non fabriqués ;

– des situations de clients non satisfaits ;

– la perte des capacités à concurrencer avec les autres entreprises du même secteur ;

– la détérioration de l’image de l’entreprise ;

– la destruction du matériel de travail et/ou des locaux de travail ;

– la fermeture même de l’entreprise ;

– la perte de beaucoup de temps pour les formalités administratives pour la recherche d’un remplaçant s’il y a arrêt de travail.

Pour la prise en charge de ces risques, les organismes de prévoyance sociale de notre pays dépensent annuellement plusieurs centaines de millions ; toute chose qui pourrait menacer la survie des branches des risques professionnels.

C’est pourquoi, la célébration cette année de la JMSST et de la JAPRP constitue comme les années précédentes, une occasion pour mon département et ses partenaires, de multiplier les actions sensées promouvoir la culture de la prévention des risques professionnels durant le mois d’avril déclaré mois de la prévention par l’IAPRP.

Au regard de ce qui précède, je voudrais à cette occasion, vous inviter pour ceux qui ne l’ont pas encore fait, à prendre désormais en compte dans vos plans de travail les questions en lien avec la sécurité et la santé de vos travailleurs en vue de favoriser un développement harmonieux de vos structures. Aussi, pour la présente édition, prêter une oreille attentive aux activités qui seront réalisées dans ce cadre pourrait être très bénéfique non seulement pour chacun pris individuellement, mais également pour sa structure. Cela pourrait avoir pour avantage une prise de conscience individuelle et collective et c’est dans cette prise de conscience d’ensemble et un engagement ferme à tous les niveaux que la promotion d’une culture de prévention des accidents et des maladies liés au travail sera une réalité.

Vive la prévention des risques professionnels !

Vive la synergie d’action !

Bon mois de prévention à tous les acteurs du monde du travail.