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Me Prosper Farama: “J’ai fini par comprendre une chose au Burkina, les positions des gens aujourd’hui, ne sont jamais les mêmes demains..”

Le collectif des avocats de Me Guy Hervé Kam a animé, ce 31 mai, une conférence de presse pour se prononcer sur la ” pseudo-libération” de son client suivie de “ son transfèrement entre les mains de  la gendarmerie”, le 29 mai dernier. Face aux journalistes, le collectif a déploré cet état de fait et demande une fois de plus “la libération pure et simple” de l’avocat.

Il n’y a pas à s’alarmer sur l’état de santé de Me Guy  Hervé Kam. Du moins, c’est ce qu’ont laissé entendre le collectif de ses avocats qui répondait ainsi à la question d’un journaliste lors de la conférence de presse organisée ce 31 mai, à la maison de l’Avocat. “ Nous avons eu la possibilité hier (NDLR: 30 mai) de le rencontrer au niveau du tribunal militaire et d’échanger quelques minutes avec lui avant de son audition. S’il y a une chose sur laquelle nous pouvons vous rassurer, c’est que globalement, son état de santé va bien… Par contre, le point sur lequel nous pouvons vous rassurer, c’est son moral. Sur son moral, je crois qu’il est ferme, sous réserve de ce que les autres aussi ont perçu. Parce que nous avons une trentaine de minutes avec lui et une chose m’a marqué. Quand nous lui avons demandé de savoir, avant d’entrer voir le juge, nous avions des préalables à soulever sur des questions de principe comme nous pouvions passer outre s’il estimait que dans son intérêt, nous n’avions pas besoin de revenir sur des incidents, il a donné une réponse qui m’a fait très chaud au cœur. Il a dit : “si le fait que je sois privé de liberté pouvait permettre de rectifier les choses dans ce pays, ce n’est pas moi qui vous dirais d’aller contre des principes pour que je recouvre ma liberté”.  Je crois que c’est très clair. Cela veut dire qu’il est vrai que cela fait 4 mois qu’il est détenu et je pense que vous imaginez comment cela  peut être pénible dans cette situation mais il est prêt à assumer ce qu’il doit assumer au nom du respect des principes de liberté et de justice”, a confié Me Prosper Farama.   Pour le collectif, le cas de Guy Hervé Kam est malheureusement un cas parmi tant d’autres!  Si un homme de droit est malmené de la sorte, qu’en sera-t-il pour le simple citoyen? A cette question d’un journaliste, Me Farama estime que cette inquiétude est partagée par nombre de Burkinabè aujourd’hui. “Nous craignons pour le tournant que prend le Burkina. Au-delà de cette affaire Kam, tous les Burkinabè doivent s’interroger. Ce n’est pas une question de Me Kam. Est-ce qu’aujourd’hui, nous abdiquons tous en disant parce qu’on a peur parce qu’il y a des gens qui disent qu’il faut tuer tous ceux qui n’ont pas une opinion conforme à la leur, nous restons dans notre coin pour laisser s’effondrer des libertés qui nous garantissent à tous, je dis bien à tous à commencer par ceux qui sont au pouvoir, une vie paisible ?  Moi ma réponse personnelle, avec toutes les conséquences que cela suppose, c’est non !  Advienne que pourra !  Pour terminer, nous craignons.

 

Le collectif des avocats a “ décidé de faire un recours contre la décision du juge”

 

Oui, plus que des craintes, nous sommes tristes. Nous sommes tristes de voir ce peuple qui s’est battu depuis des années. Nous pensons que ce combat que nous avons mené tous ensemble, tous les Burkinabè y compris ceux qui sont au pouvoir et ceux qui sont dans l’opposition, nous avons eu le même combat qui est celui de dire que même si nous ne pensons pas la même chose, nous avons un dénominateur commun qu’il ne faut jamais brader, c’est le respect des règles démocratiques, des libertés fondamentales et individuelles”, a déclaré Me Farama qui fonde tout de même l’espoir “ que ce n’est pas encore tard. “ On peut toujours rattraper les choses. Et nous avons foi que l’Etat nous entend. Donc nous sommes inquiets mais ensemble, faisons ce que nous avons à faire pour que les choses évoluent”, a-t-il ajouté. Comment comprendre de telles violations des droits humains pendant que le gouvernement enregistre un nombre important d’hommes de droit ? Sur cette autre question, Me Farama exprime sa déception. “ C’est la première fois dans l’histoire de ce pays qu’on trouve au moins deux avocats au gouvernement à des postes que j’estime, des postés clés,  et j’ajouterai un ancien militant pour les droits humains. Nous avions l’espoir, comme tous les Burkinabè, quand on met un gouvernement sur place qui comprend autant de juristes, autant de gens qui se sont battus antérieurement pour les droits humains, à commencer au moins par la seule chose sur laquelle il ne peut pas avoir de faille, il ne peut plus avoir un retour en arrière, à minima, c’est la question des droits humains, de la justice. Le constat est amer. Aujourd’hui, je n’en plus rien. J’ai fini par comprendre une chose au Burkina, les positions des gens aujourd’hui, ne sont jamais les mêmes demains, dépendamment de la situation dans laquelle ils se trouvent. Je l’assume et je crois que c’est le plus gros problème du Burkina…”

En tout état de cause, le collectif dit ne pas encore pris connaissance du fond du dossier. Mais pour la suite, il a “ décidé de faire un recours contre la décision du juge” qui l’a mis en examen pour “complot contre la sûreté de l’Etat et  association de malfaiteurs”.

Colette DRABO

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