Héma Abdoul Ganiou, encore appelé Fayama Abdou Ganiou ou Sawadogo Abdoul Ganiou, est le même jeune garçon, né en 2005 dans un village de Niangoloko dans la Comoé, qui a comparu le 7 octobre 2025 devant le TGI de Banfora pour répondre des faits de vol d’un ordinateur portable, d’un power-bank et de la somme de 3 000 F CFA.
En effet, des enquêtes ont permis de découvrir que le petit était tantôt Héma, tantôt Fayama et qu’à l’école primaire où il n’a fait que la classe de CPI, il portait le nom de famille de Sawadogo. Devant la barre, le jeune reconnaît les faits sauf celui du vol des 3 000 F CFA. Invité par le tribunal à s’expliquer, il dira que c’est un lundi, lui et ses camarades se sont retrouvés devant une cour à Niangoloko. Entre temps, ayant remarqué que la porte d’une des maisons était entre-ouverte et que visiblement il n’y avait personne, il s’y est introduit. Il dit avoir trouvé un ordinateur portable et un power-bank qu’il s’est accaparés. Au même moment, une vieille femme s’est mise à crier « au voleur ». « J’ai donc pris la fuite et en cours de route j’ai jeté mon butin », a-t-il dit.
« Donc votre premier séjour à la Maison d’arrêt et de correction de Banfora (MACB) ne vous a pas servi de leçon ? » Interroge le juge. En effet Abdoul Ganiou est un repris de justice. Il venait d’être libéré de prison le 19 juin 2025 seulement, et les faits pour lesquels il comparaissait le 7 octobre se sont déroulés le 25 juillet 2025. Abdoul Ganiou est donc un repris de justice. Il a en effet purgé une peine de 18 mois à la MACB. Et ce n’est pas tout, car à entendre le procureur qui attirait l’attention des juges sur la personnalité du prévenu, Abdoul Ganiou n’a pas été reconnu par son géniteur à sa naissance. Pire, il perd sa mère dès le bas âge et s’est vu obligé de vivre dans la rue. Sinon, dira le procureur, c’est malheureux qu’après 18 mois passé à la MACB, quelqu’un tombe encore dans les travers moins d’un mois après sa remise en liberté. Pour lui, c’est comme si en prison, on dort et on mange au frais du contribuable et les peines appliquées ne servent pas de leçon.
Selon la victime du vol de Ganiou, c’est en groupe qu’ils sont arrivés le jour des faits. Leur position et leur attitude l’a laissée perplexe. Ils n’avaient pas le comportement de personnes simples, dira la victime qui précise que des filles figuraient parmi le groupe. A l’entendre, elle a elle-même été surprise par les cris de sa maman qui criait « au voleur ». Selon le jeune, Ganiou n’a pas fait plus de 3 minutes dans la maison mais il a eu le temps de la mettre sens dessus dessous. Ce à quoi le prévenu, droit dans ses bottes, réplique en disant qu’il n’a pas fait plus de 30 secondes dans la maison avant d’en sortir. Toujours selon la victime, ce sont les VDP qui se trouvent dans les environs de leur domicile, qui ont réussi à mettre la main sur lui lorsqu’elle leur a donné des indications sur le groupe avec la précision des deux filles qui les accompagnaient. Abdoul Ganiou a été interpellé dans un kiosque et ramené à la maison où il a reconnu avoir dérobé l’ordinateur et un power-bank. Mais il soutient les avoir jetés en cours de route. Avec un langage discourtoi devant la barre et répondant aux questions avec impolitesse, il sera vite recadré par le procureur qui exige plus de respect au tribunal.
Dans ses réquisitions, le procureur a fait noter que le jeune Ganiou n’a pas commis ce forfait par nécessité. S’il s’était introduit dans la maison pour chercher à manger ou de l’eau à boire, on l’aurait compris. Pour lui, des enfants qui ont connu une enfance difficile et qui se sont battus pour devenir des exemples de réussite de nos jours sont légion. Mais, a poursuivi le parquet, Abdoul Ganiou a cherché la voie de la facilité qui consiste à voler et à se retrouver le soir avec des filles dans une auberge pour fumer la chicha. Il a néanmoins demandé au juge de tenir compte de la situation particulière de Abdou Ganiou car, selon lui, la société a failli envers lui tout comme l’Etat lors de la première condamnation. En effet, il était mineur à cette époque et devait être conduit dans un centre où il apprendrait un métier qui aurait pu lui permettre de s’insérer dans la société. Malheureusement cela n’a pas été le cas. Faute de certaines dispositions, il a été contraint de séjourner à la MACB. Dans sa réquisition donc, il a demandé au juge de condamner Abdoul Ganiou à 12 mois de prison ferme et à 500 000 F CFA d’amende assortie de sursis.
Invité à dire son mémoire en défense, le prévenu demande au tribunal de lui trouver du travail. Cela le mettra à l’abri de pareilles situations. Mais peine perdue pour lui, le juge suivra la réquisition du parquet, tout en espérant que cette fois, Abdoul Ganiou comprendra la leçon.
« Le Pays »