Elle fait partie des rares humoristes burkinabè à avoir fait les plus grandes scènes internationales. Présente à Ouagadougou dans le cadre du FESPACO où elle a été membre de jury dans l’une des catégories, elle a bien voulu se prononcer sur le sacre de Dani Kouyaté, l’Etalon d’or de Yennenga 2025. Mais pas que car il a aussi été question, dans cet entretien ci-dessous, de son regard sur l’humour au Burkina, de ses projets à court et moyen termes. S’agissant de ses projets, elle invite les Burkinabè à se préparer pour son spectacle “Je demande la route” prévu en octobre prochain. L’invitée de actuburkina, le 2 mars dernier, était la talentueuse humoriste, Roukieta Ouédraogo.
Vous êtes à Ouagadougou (NDLR : l’interview a eu lieu le 2 mars) dans le cadre du FESPACO où vous avez été membre de jury. Dites-nous comment avez-vous vécu cette 29e édition ?
J’ai vécu un moment extraordinaire. C’est la première fois que je participais au FESPACO et je tenais à exprimer toute ma gratitude aux organisateurs qui m’ont invité à cette édition. Nous avons vu de très beaux films, de très beaux documentaires, des courts métrages, des séries, etc. Ç’a été très joyeux et rien que du bonheur !
28 ans après, notre compatriote Dani Kouyaté a offert l’Etalon d’or de Yennenga au Burkina. Comment avez-vous vécu ce sacre du réalisateur burkinabè ?
C’est un sentiment de joie qui m’a animé à l’annonce de son nom. J’ai eu la chair de poule dans la salle. A un moment donné, il y a eu un standing ovation et les gens ont commencé à crier, waou, ç’a été une immense joie. Il fallait vraiment que l’Etalon d’or revienne au pays. Ce n’est que du bonheur et j’ai hâte de découvrir le film parce que je n’ai pas encore eu le temps d’aller le regarder car étant donné que j’étais membre de jury Perspectives, j’ai regardé les films de cette catégorie donc j’ai hâte de voir le film le plus tôt possible.
Vous êtes une humoriste qui a fait et continue de faire les grandes scènes internationales. Quel est votre regard aujourd’hui sur l’humour au Burkina ?
Quels sont vos rapports avec les humoristes burkinabè
En général, j’ai toujours eu de bons rapports avec tout le monde parce que j’aime m’ouvrir aux gens. Je pense que si tu restes dans ton coin, tu fais les choses seul, alors qu’il est dit que seul on avance vite, mais ensemble on va plus loin. Et à chaque fois que je reviens au pays, j’essaie de toujours faire en sorte que les gens sachent que je suis là et quand ils veulent venir me voir, ils le font. C’est pour cela d’ailleurs que j’ai organisé cette causerie pour découvrir de nouveaux talents que je ne connaissais pas. Etant donné que je ne vis pas ici, donc je ne suis en connexion avec certains qu’à travers les réseaux sociaux où on s’écrit, on s’encourage et quand je viens, je crée une situation pour qu’ensemble, on puisse s’apporter mutuellement des conseils, cela est important. Je connais quelques humoristes tels Moussa Petit sergent que je vais vu jouer en France quand il y est venu, Gérard Ouédraogo avec qui j’avais déjà travaillé il y a quelques années sur un festival qu’il avait organisé et m’avait invitée, etc. Il faut noter que j’ai même coaché deux humoristes burkinabè dans le cadre d’un contrat que j’avais eu avec l’Afrique du Sud qui avait organisé une formation de coaching. Ils m’ont appelé en tant que mentor et pendant 4 mois, il y avait des humoristes, un Congolais, un Béninois et moi j’ai insisté pour qu’il y ait des Burkinabè et surtout une Burkinabè parce qu’il n’y avait que des garçons et j’ai insisté pour qu’il y ait une fille. Noëlie est le prénom de la jeune fille qui faisait partie du groupe. Aujourd’hui, l’heure est à la transmission et j ai envie de partager ce que je connais. Après 17 ans d’expériences et de scènes, je suis dans une dynamique de transmission, cela est important car à un moment donné, il faut transmettre ce qu’on a aussi reçu. Nous avons reçu de part et d’autre et maintenant, il faut aussi qu’on transmette nos connaissances à d’autres.
Dites-nous si l’humour nourrit son homme ou sa femme aujourd’hui ?
Quels sont vos projets à court et moyen termes ?
Je suis assez prudente avec les projets parce que vous savez, quand on a des projets de cinéma et autres, cela peut mettre du temps. J’ai passé des castings récemment et j’ai été retenue pour deux long métrages donc quand je rentre, j’ai énormément de boulot. J’ai aussi développé une activité où je vais rencontrer des étudiants et comme je suis marraine de la Semaine culturelle de la langue française, je fais des conférences dans des universités. L’année dernière, c’était à Madagascar, cette année j’avais le choix entre la Nouvelle Calédonie et le Bénin donc je pars au Bénin parce que c’est juste à côté. Je vais travailler durant une semaine là-bas, je vais faire des ateliers, j’ai des rencontres internationales de la Bande dessinée du Bénin parce que j’ai écrit une Bande dessinée. Donc, j’ai énormément d’activités cette année et je veux concrétiser mon court métrage. Donc il y a beaucoup de projets et j’espère que tout cela va se réaliser. Les projets sont là mais est-ce qu’ils vont se réaliser, je ne le sais pas, c’est dans le temps. Ce qui est sûr, il y a plein de projets qui arrivent. Et il faut retenir ceci. Je reviendrai au Burkina au mois d’octobre pour mon spectacle “ Je demande la route”. Il était très important pour moi de venir terminer la boucle à Ouaga. En effet, à chaque fois que je veux faire un spectacle, je viens le présenter à mon peuple mais, malheureusement, il y a eu pas mal de complications qui ont que je n’ai pas pu venir jouer mon spectacle ici. Cela fait 6 ans que je le joue, je l’ai terminé en France il y a quelque temps et il faut absolument que je vienne le jouer ici. Donc je suis en train de tâter le terrain et normalement, si tout va bien, par la grâce de Dieu, je serai là donc préparez-vous les gars, j’arrive !
Un message à l’endroit du peuple burkinabè …
J’ai tellement envie de dire beaucoup de choses. Mais je veux féliciter le peuple burkinabè pour son courage parce que mon pays traverse des moments difficiles mais malgré cela, quand on regarde, on voit le sourire sur les lèvres, les gens qui ont envie d’aller de l’avant, on ne sent pas trop que ça ne va pas. C’est cela la force du Burkina et des Burkinabè. Je remercie tout le peuple, les autorités et les organisateurs du FESPACO qui m’ont invitée à ce magnifique festival. Je remercie les gens chaleureux que je rencontre dans la rue et qui me félicitent, me soutiennent, cela fait chaud au cœur. Je suis très contente et je dis merci à tout le monde et surtout à nos vaillantes Forces de défense et de sécurité pour tout ce qu’elles font pour que le pays tienne debout.
Propos recueillis et retranscrits par Colette DRABO
Crédit photo : Juliette Dupuis Carles