Du 13 au 15 novembre 2025, des hommes et femmes de médias ont visité, dans les régions de Bankui et de Nando, des fermes agro-écologiques, une semi industrie transformant le coton bio. A Ouagadougou, ces derniers ont pu visiter aussi le Laboratoire d’analyse d’intrants et de fertilisants.
La première étape du voyage a conduit les journalistes à Bana, dans la région de Bankui, précisément dans le champ de coton d’Eric Tirakuy. Ce dernier s’est lancé depuis trois ans dans la culture du coton bio. Le moins que l’on puisse dire, c’est que notre agriculteur ne regrette pas ce choix. Il y a deux ans, les ressources générées par la vente de son coton bio, lui avait permis de se faire assez d’argent pour répondre aux besoins de sa famille et faire des économies. De son point de vue, la production du coton bio est moins laborieuse, « puisqu’on produit sans produits chimiques ». Ceci pour parler des avantages de cette culture.
Marita Dakuyo, productrice à Soukuy, est dans la même dynamique. « Le bio nous épargne de beaucoup de maladies et nous procure la santé. Et ce d’autant que nous produisons nous-mêmes les fertilisants pour le traitement », dit-elle. « Le conventionnel nous rend malades à cause des produits chimiques que nous utilisons », dénonce-t-elle. Marita Dakuyo a interpelé toutes les femmes du Burkina Faso à s’investir dans la culture du bio, car elle a remarqué que c’est très bénéfique. « Le produit bio peut faire un mois sans se détériorer mais là où nous utilisons l’engrais, déjà après deux semaines, ça commence à se décomposer. C’est là que j’ai compris que le bio est plus bénéfique que quand nous utilisons les produits chimiques », précise-t-elle.
Le coton bio, un avantage certain
Sur le coton conventionnel, Lamoussa Dakuyo en a une idée. En effet, il était producteur de coton conventionnel. Pour ce type de culture, explique-t-il « tu dois labourer le champ, traiter avec les produits, même si tu portes un cache-nez, la nuit tu ne dors pas ».

Selon lui, la production du bio est rentable. L’on retient que c’est la bouse de vache ainsi que les grains de neem qu’ils utilisent pour le traitement. Il a relaté que les deux dernières années, il gagnait plus de 400 000 F CFA par an. Hugues Traoré, chef de zone coton bio dans la localité de Dédougou, rappelle que la production du coton bio a des règles. Il y a le choix du producteur, le choix de la parcelle, le niveau de compréhension de la personne. En effet, il a relevé qu’avec le bio, il faut accepter certaines difficultés dans cette production. Mais à titre comparatif, et selon lui, la production du coton bio préserve la santé des producteurs et restaure les sols. Boubié Marc Bako, président de la coopérative KIEDOANEGNE a informé qu’ils se sont lancés dans la production biologique pour éviter les conséquences négatives des produits chimiques.

Le coton bio, c’est aussi dans la transformation. Sibiri François Yaméogo dit François 1er, créateur et fabricant, transforme le coton bio. Selon son cahier des charges, il ne doit pas utiliser la teinture, les colorants, le plomb ou le fer, mais plutôt des colorants homologués. « Quand je finis de teindre, je dois dire où sont parties les eaux usées, je dois dire ce que je fais avec les résidus du fil. Donc rien n’est jeté. Ici, les gens ne sont pas exigeants mais à l’International, il faut respecter les standards », fait observer François 1er.

La culture du coton bio est un domaine stratégique pour l’agriculture durable au Burkina Faso. Pour Ibrahim Sory, responsable du Laboratoire d’analyse d’intrants et de fertilisants organiques, il suffit d’organiser les acteurs, de renforcer leurs capacités opérationnelles et encourager l’utilisation des biofertilisants au niveau national. « Contribuer à la promotion et à la vulgarisation de l’agro écologie à travers une meilleure médiatisation des initiatives concrètes existantes ». Tel était l’objectif général de la caravane de presse qui a conduit les hommes et femmes de médias dans les régions de Bankui et de Nando.
La caravane de presse a été organisée par la Coalition pour le patrimoine génétique africain (COPAGEN), à travers le projet « Transition vers une agro-écologie paysanne au service de la souveraineté alimentaire » (TAPSA 2), en collaboration avec Terre solidaire et l’association des Journalistes et Communicateurs pour l’agriculture durable (JCAD).
Michel NANA (Correspondance particulière)

