Dans cet écrit, l’Abbé Kizito Nikiéma aborde deux œuvres de miséricorde spirituelles que sont : pardonner les offenses et prier pour les vivants et les morts. Lisez plutôt !
Le pardon est sans aucun doute l’œuvre de miséricorde spirituelle la plus difficile, tant la blessure causée par l’offense peut être très profonde. Des exemples incluent l’infidélité conjugale, la trahison d’un ami, la divulgation d’un secret, les traumatismes liés à la guerre et aux conflits, le viol et les autres abus sexuels, l’abandon, le rejet d’un parent, les escroqueries financières, les fausses accusations, la délation, les décisions judiciaires erronées, la discrimination, l’injustice sous toutes ses formes, et bien d’autres encore. Dans bien de cas, il faut un accompagnement pour que la personne offensée accepte de pardonner, et beaucoup de temps pour que la blessure puisse guérir.
Pardonner au prochain a été directement commandé par Jésus dans la Prière du Notre Père et érigé comme condition pour être soi-même pardonné : « Pardonne-nous nos offenses comme nous pardonnons aussi à ceux qui nous ont offensés … Oui, si vous remettez aux hommes leurs manquements, votre Père céleste vous remettra aussi ; mais si vous ne remettez pas aux hommes, votre Père non plus ne vous remettra pas vos manquements » (Mathieu 6, 12.14-15).
Le pardon peut être facilité lorsque celui qui a mal agi vient lui-même demander pardon
Le pardon va au-delà du renoncement à la vengeance et nous dispose à continuer à faire du bien à l’offenseur : « Sans rendre à personne le mal pour le mal, ayant à cœur ce qui est bien devant tous les hommes, en paix avec tous si possible, autant qu’il dépend de vous, sans vous faire justice à vous-mêmes, mes bien-aimés, laissez agir la colère ; car il est écrit : C’est moi qui ferai justice, moi qui rétribuerai, dit le Seigneur. Bien plutôt, si ton ennemi a faim, donne-lui à manger ; s’il a soif, donne-lui à boire ; ce faisant, tu amasseras des charbons ardents sur sa tête » (Romains 12, 17-20).
Le pardon peut être facilité lorsque celui qui a mal agi vient lui-même demander pardon. Seulement, bien des fois, il peut ne pas être conscient d’avoir blessé quelqu’un parce qu’il n’a pas agi avec une mauvaise intention. Certaines fois, la personne refuse de demander le pardon. Ou encore, l’agresseur, même s’il regrette, ne peut plus retrouver la personne offensée (cas d’une personne qui insulte une autre en circulation, etc.). Même dans ces circonstances, seul le pardon peut libérer notre cœur du fardeau du ressentiment et de la haine, et nous donner la paix. On peut dire « Je te pardonne » à haute voix, ou dans son cœur, ou à la personne concernée selon les cas. C’est libérateur.
Pardonner ne signifie pas forcément oublier ni minimiser l’offense. Nous avons une mémoire qui nous rappelle beaucoup de choses. Le pardon, c’est la décision de laisser passer, même quand on a toujours mal. En rappel, c’est au plus fort de sa souffrance sur la Croix que le Christ a lui-même donné l’exemple quand il dit : « Père, pardonne-leur : ils ne savent pas ce qu’ils font » (Luc 23, 34). Le pardon est même une condition pour avoir la paix intérieure. C’est comme un couteau planté dans le bras qu’il faut enlever afin que commence le processus de guérison. Une fois que l’on a pu pardonner, il va nous arriver de penser de moins en moins à l’offense, mieux, lorsqu’il arrive qu’on y pense parce que certaines circonstances nous le rappellent, nous aurons de moins en moins mal.
Le pardon enseigné par l’évangile est un art de vivre au quotidien qui tient compte du fait que nous faisons nous aussi des erreurs : « Heureux les miséricordieux, car ils obtiendront miséricorde » (Mathieu 5, 7). « Montrez-vous bons et compatissants les uns pour les autres, vous pardonnant mutuellement, comme Dieu vous a pardonné dans le Christ » (Ephésiens 4, 32). « Supportez-vous les uns les autres et pardonnez-vous mutuellement, si l’un a contre l’autre quelque sujet de plainte ; le Seigneur vous a pardonné, faites de même à votre tour » (Colossiens 3, 13). « Si ton frère vient à pécher, réprimande-le et, s’il se repent, remets-lui. Et si sept fois le jour il pèche contre toi et que sept fois il revienne à toi, en disant : Je me repens, tu lui remettras » (Luc 17, 3-4).
Quand il arrive qu’on ne soit pas encore disposé à pardonner, on peut, en attendant, prier instamment pour demander à Dieu la force de pardonner.
Prier Dieu pour les vivants et les morts
Quant à l’intercession pour les vivants et les morts, elle est une forme concrète de solidarité spirituelle. En effet, les catholiques croient en la « communion des saints ». Cela signifie concrètement que les chrétiens qui sont toujours sur la terre sont en lien, en communion avec les défunts qui sont au purgatoire, ainsi qu’avec les saints qui sont au Paradis.
La prière des uns pour les autres a été encouragée par les Apôtres : « Je recommande donc, avant tout, qu’on fasse des demandes, des prières, des supplications, des actions de grâces pour tous les hommes, pour les rois et tous les dépositaires de l’autorité, afin que nous puissions mener une vie calme et paisible en toute piété et dignité. Voilà ce qui est bon et ce qui plaît à Dieu notre Sauveur » (1 Timothée 2, 1-3 ; Ephésiens 6, 18). Ce passage a contribué à instituer la prière universelle lors de la messe.
Saint Paul lui-même priait pour les autres : « Nous prions nous aussi à tout moment pour vous, afin que notre Dieu vous rende dignes de son appel, qu’il mène à bonne fin par sa puissance toute intention de faire le bien et toute activité de votre foi » (2 Thessaloniciens 1, 11). En retour, il a demandé de prier pour lui : « Priez pour nous en particulier, afin que Dieu ouvre un champ libre à notre prédication et que nous puissions annoncer le mystère du Christ » (Colossiens 4, 3-4 ; 1 Thessaloniciens 5, 25 ; 2 Thessaloniciens 3, 1).
« La prière pour les défunts est primordiale dans l’Eglise »
L’intercession a donc été prescrite et encouragée, même pour nos persécuteurs qui ne nous l’ont pas demandée : « Aimez vos ennemis, et priez pour vos persécuteurs, afin de devenir fils de votre Père qui est aux cieux » (Mathieu 5, 44-45). Jésus lui-même a plusieurs fois fait grâce à des gens sur la base de la foi d’autres personnes : la prière de Marie à Cana pour les nouveaux mariés (Jean 2, 1-11), la prière du centurion pour son fils malade (Mathieu 8, 13), la supplication de la cananéenne pour sa fille malade (Mathieu 15, 28), la prière de l’Eglise pour Pierre emprisonné (Actes 12, 5), etc.
La prière pour les défunts est primordiale dans l’Eglise. C’est ainsi que lors de toutes les messes, on fait mémoire des défunts : « Souviens-toi aussi de nos frères et sœurs qui se sont endormis dans l’espérance de la résurrection, et de tous les hommes qui ont quitté cette vie : reçois-les dans ta lumière auprès de toi » (Prière eucharistique II ; cf. 2 Maccabées 12, 42-46).
La prière pour les âmes du purgatoire est une forme de charité envers ces âmes en état de purification, qui ne peuvent rien pour elles-mêmes, mais qui prient pour nous les vivants. Cette charité peut se manifester à travers des demandes de messes, des prières multiformes, et les indulgences.
Une question très récurrente est de savoir si le purgatoire est biblique et si l’on a le droit de prier pour les défunts. Cela est bien documenté dans mon livre intitulé « La foi catholique face aux doctrines protestantes », qui est disponible à la Librairie Jeunesse d’Afrique. Que par la miséricorde de Dieu, les âmes des fidèles défunts reposent en paix. Amen.
Abbé Kizito NIKIEMA
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