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 Journée mondiale de la santé mentale: vers une  loi pour garantir l’équité dans la prise en charge

Ceci est un message du ministre de la Santé à l’occasion de la journée mondiale de la santé mentale commémorée chaque 10 octobre . Lisez!

À l’instar des autres pays du monde, le Burkina Faso célèbre ce 10 octobre, la Journée mondiale de la santé mentale, placée cette année sous le thème : « 𝑳’𝒂𝒄𝒄è𝒔 𝒂𝒖𝒙 𝒔𝒆𝒓𝒗𝒊𝒄𝒆𝒔 – 𝒔𝒂𝒏𝒕é 𝒎𝒆𝒏𝒕𝒂𝒍𝒆 𝒆𝒏 𝒄𝒂𝒔 𝒅𝒆 𝒄𝒂𝒕𝒂𝒔𝒕𝒓𝒐𝒑𝒉𝒆𝒔 𝒆𝒕 𝒅’𝒖𝒓𝒈𝒆𝒏𝒄𝒆 », choisi par la Fédération mondiale pour la santé mentale. Ce thème met en lumière la nécessité d’intégrer pleinement la santé mentale dans les réponses aux crises et aux urgences, en particulier dans les contextes marqués par de fortes contraintes sécuritaires. En effet, les catastrophes naturelles, les crises sanitaires et le contexte sécuritaire difficile mettent à rude épreuve la santé mentale de nos populations. Les troubles psychiques constituent désormais un véritable enjeu de santé publique, avec des répercussions majeures sur la cohésion sociale, l’économie et les droits humains.
Depuis 2015, la crise sécuritaire et humanitaire que traverse notre pays a provoqué des déplacements massifs des populations, générant des besoins croissants en santé mentale et en soutien psychosocial. Même si les actions de reconquête du territoire national permettent à des milliers de Burkinabè déplacés internes de retourner dans leurs localités d’origine, la question de la santé mentale demeure cruciale et ne saurait être reléguée au second plan.
Les données disponibles illustrent l’ampleur du défi. Une évaluation réalisée en 2021 au Burkina Faso par Pr OUEDRAOGO Arouna indiquait que 33,5 % de la population remplissaient les critères d’au moins un trouble psychique selon le Mini International Neuropsychiatric Interview (MINI), tandis que la prévalence du stress post-traumatique atteignait 95,5 % parmi les personnes déplacées internes (PDI). Une enquête menée en 2022 par la Coopération sanitaire pour la recherche et la formation en santé mentale (GCS) révélait que plus d’un tiers (1/3) de la population souffre d’au moins un trouble psychique, que deux tiers (2/3) des personnes qui souffrent d’un trouble psychique ne bénéficient pas de soins, et que seuls 30% de ces personnes ont eu accès à des soins appropriés.
Cette Journée mondiale nous invite à faire le point sur les progrès accomplis, à identifier les priorités à venir et à réaffirmer notre engagement à faire de la santé mentale une réalité pour toutes et tous. Elle rappelle également l’importance de sensibiliser davantage les décideurs, les communautés et les familles, tout en mobilisant des ressources accrues pour répondre aux besoins croissants dans ce domaine.
Conscient de ces enjeux, le Ministère de la Santé a fait de la santé mentale une priorité du Plan national de développement sanitaire (PNDS) 2021-2030. Des avancées notables ont dès lors été enregistrées :
– Élaboration du Plan stratégique en santé mentale 2022-2026 ;
– Élaboration de boîtes à images et de modules de formation pour les praticiens de la médecine traditionnelle ;
– Adaptation du Guide d’interventions en santé mentale (GI-mhGAP) développé par l’OMS pour la formation des prestataires non spécialistes en santé mentale ;
– Recrutement des psychologues cliniciens et renforcement du soutien psychosocial dans les zones à défis sécuritaires.
Cependant, d’important défis demeurent : disponibilité limitée des médicaments psychotropes, insuffisance du personnel qualifié en santé mentale, faible développement de certains profils spécialistes en santé mentale (ergothérapeutes, orthophonistes, psychomotriciens), pesanteurs socioculturelles persistantes et faible financement de la recherche en santé mentale.
Les perspectives incluent notamment l’ouverture d’un Centre de soutien et de traitement du psychotraumatisme, l’intégration d’indicateurs spécifique en santé mentale et soutien psychosocial dans le Système national d’information sanitaire (SNIS), le renforcement de la communication communautaire, et l’élaboration d’une loi sur la santé mentale pour garantir l’équité dans la prise en charge.
Je tiens à saluer le courage et le dévouement de tous les agents de santé œuvrant dans les zones à défis sécuritaires, ainsi que l’appui de nos partenaires techniques et financiers. J’en appelle à un renforcement collectif du plaidoyer pour intégrer davantage la santé mentale dans les soins de santé primaires et dans l’action humanitaire.
Enfin, j’adresse un message de solidarité aux personnes vivant avec des troubles psychiques et à leurs familles. Ne restons pas prisonniers de la stigmatisation. La plupart des troubles peuvent être traités ou stabilisés à condition d’un accompagnement précoce et approprié.
Ensemble, faisons de l’accès à la santé mentale une priorité nationale, y compris dans les zones à défis sécuritaires.
Le Ministre de la Santé
Dr Robert Lucien Jean-Claude Kargougou
Officier de l’Ordre de l’Étalon

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