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Honoré Bambara, promoteur culturel : « Depuis 21 ans que j’organise Miss universités, personne n’a jamais pensé à décorer le concours »

Son nom figure sur la liste des grands promoteurs culturels du Burkina car il est sous les feux des projecteurs chaque année avec sa structure Hono management, qui pilote le concours Miss universités. Vous l’aurez certainement deviné, il s’agit de Honoré Bambara, un averti de la promotion culturelle pour avoir tenu 21 éditions du concours Miss universités sans discontinuer. Un parcours impressionnant qui n’a jamais reçu de reconnaissance de la part des autorités du pays et c’est avec un pincement au cœur qu’il le dit. Mais loin de se décourager sa passion de faire rêver les Burkinabè est et demeure intacte. Il était l’invité de actuburkina.net, le 26 juillet 2023. L’impact de la crise sécuritaire sur les activités des promoteurs culturels, la politique culturelle au Burkina, le concept « Aïcha trembler » en vogue en ce moment et la situation actuelle de certaines des Miss sont entre autres sujets abordés lors des échanges.  Lisez plutôt !

 On entend souvent parler de promoteur culturel, d’organisateur d’événementiels. Dites-nous, ces deux termes veulent-ils dire la même chose ou sont-ils différents ?

L’expression promoteur culturel englobe le tout. Parce que quand on prend un organisateur d’évènements qu’on appelle un événementiel, cela renvoie aux arts de la scène. Or les arts de la scène, c’est tout ce qui est culturel. Donc la promotion culturelle englobe tout cela.

Comment devient-on un promoteur culturel ?

Je ne saurai vous le dire. Peut-être que je parlerai de moi-même, notamment de comment je suis devenu promoteur culturel. A l’origine, je suis un économiste mais dès le lycée, j’ai toujours été passionné par tout ce qui est culturel. J’étais dans la troupe théâtrale du lycée Ouézzin Coulibaly (à Bobo-Dioulasso) et lorsque je suis arrivé à l’université de Ouagadougou, de façon tacite et volontaire, je portais appui au CENOU et à la Présidence de l’université pour tout ce qui concernait les organisations d’événements culturels et sportifs. Après, je me suis dit que comme je savais organiser les événements cultuels et sportifs, pourquoi ne pas m’y orienter, m’y spécialiser en créant une entreprise qui pourrait faciliter le travail.  Voici comment je suis venu dans l’événementiel mais je sais qu’il n’y a pas de centre de formation ici, ni d’école dédiée à cela. Les gens viennent dans l’événementiel très souvent parce qu’il n’y a rien à faire.

 Vous avez organisé récemment la 21e édition du concours Miss universités Burkina, qui n’a jamais connu d’interruption depuis sa première édition. Un parcours impressionnant qui prouve qu’il y a un certain nombre de qualité à cultiver. Quelles sont, selon vous, ces qualités qu’il faudrait avoir ?

Pour moi, il y a le respect des engagements, notamment vis-à-vis des partenaires avec lesquels on travaille. Très souvent, quand on organise les évènements, on a l’accompagnement de certaines entreprises commerciales. Quand il y a des conventions, il faut les respecter. Il y a aussi le respect des engagements vis-à-vis des intermittents du spectacle.  Eux, sont des personnes qui, très souvent, viennent de façon ponctuelle vous appuyer. Mais à la fin, il faut bien les rémunérer. Quand je prends le cas de Miss universités Burkina, je peux dire qu’il n’y a jamais eu un scandale autour parce que ce que nous disons au début, c’est ce que nous respectons à la fin. Quand on dit qu’on donne 3 millions de F CFA à la Miss universités, à la fin du concours, elle les reçoit. Pour moi, c’est le respect de ces engagements et quand cela devient votre quotidien, tout de suite vous devenez crédible. Je ne veux pas me jeter des fleurs mais beaucoup de gens disent mais « Honoré est règlo, donc pas de problème ». Même chez vous dans les médias, en tant que journaliste, il faut que les gens reconnaissent en vous que vous incarnez l’éthique journalistique et qu’il y a des choses que vous ne pouvez pas trahir. Je pense que c’est cela.

Depuis 2016, le pays traverse une crise sécuritaire qui a sûrement un impact sur vous activités. Comment vivez-vous cette situation ?

 Je dirai que ça commencé depuis l’insurrection populaire (NDLR :  octobre 2014). Le pays se trouve dans une instabilité totale depuis cette période. Lorsqu’il y a un problème, il y a la question des deuils nationaux. Quand on déclare un deuil national, les journalistes continuez à aller au service et les journaux paraissent, les médecins font pareil et les mécaniciens aussi, etc, bref tout le monde continue d’aller au travail. Mais les premiers sur qui on tape quand il y a un deuil national, ce sont les métiers de la fête à savoir tout ce qui appelle à l’amusement notamment les maquis, les débits de boisson. De façon momentanée, notre secteur a été impacté par cela. Lorsque les gens sont dans la tourmente, en tout cas dans l’imaginaire populaire, on croit que les métiers de la scène sont de l’amusement. Quand le pays est en guerre, les gens se disent qu’il n’y a pas lieu d’organiser un concours Miss, un concert, ou un festival, etc.  Voici comment la crise sécuritaire joue sur les métiers de l’événementiel. Mais je trouve que c’est une erreur monumentale au niveau institutionnel, et au niveau de nos populations en ce sens que ce sont toutes ces actions qui rendent la vie agréable. Imaginez-vous s’il n’y avait pas ces actions des promoteurs culturels, j’avoue que les gens seraient davantage stressés. Pour moi, il faut que l’on comprenne que c’est une manière aussi pour les promoteurs culturels de contribuer à faire la guerre qui ne se fait pas uniquement sur front, mais partout ailleurs. Pour me résumer, je peux dire que la crise sécuritaire a sérieusement impacté notre secteur et des gens ont extirpé de leur budget tout ce qui concerne les activités culturelles parce que dans l’imaginaire populaire, quand il y a la guerre, il n’y a pas de place pour le culturel. Ce qui est pourtant une erreur très grave.

 

Honoré Bambara, promoteur culturel

 

 Que pensez-vous de la politique culturelle au Burkina ?

De façon générale, la politique culturelle du pays se dessine à travers le budget consacré au ministère en charge de la culture qui n’a pas 1% du budget national.  Cela montre déjà la vision qu’on a au sommet en matière culturelle. Un ministre de la culture m’a dit une fois qu’au Conseil des ministres, il y a des questions qu’il n’ose pas évoquer. Il dit que quand il le fait, ses collègues ministres lui demandaient s’il blaguait.  Vous avez vu de grands événements telle la Semaine nationale de la culture (SNC) qui a été suspendue, le Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou (FESPACO) qui a été reporté. Et pourtant ça ne devrait pas être le cas !  Il n’y a pas de symbole fort plus que le FESPACO qui puisse donner une bonne image du Burkina. Dans toutes les diplomaties, il a été dit que le Burkina est une zone rouge. Mais vous avez vu que lors du dernier FESPACO, les gens sont venus de par le monde, et on a montré une autre image du pays. J’aime dire que la chose culturelle qui est très négligée est la celle qui donne un autre regard. Sinon, la politique culturelle se dessine à travers la part du budget de la culture dans le budget national et cela n’a jamais évolué. C’est une triste réalité mais c’est dommage parce que les pays qui ont compris que la culture est une arme, y investissent énormément.

Une vingtaine d’années que vous êtes dans le secteur culturel. Quel est le pire souvenir que vous avez en mémoire dans l’organisation d’événementiels ?

Je relativise toujours les choses. J’aime tout ce qui m’arrive. Très souvent, je ne prends jamais quelque chose en mal. Quand on croit en Dieu, un événement malheureux peut signifier qu’on vous a peut-être sauvé d’une situation. J’ai eu des déceptions mais ce sont des déceptions venues de relations interpersonnelles sinon le pire souvenir que j’ai gardé, je peux dire que c’était lors la première année où le Covid-19 a été déclaré officiellement au Burkina. Mais j’étais à huit jours de la tenue de Miss universités et tous les événements avaient été suspendus. Imaginez, vous que vous avez travaillé d’arrache-pied durant des mois et à 8 jours du rendez-vous, on suspend tous les événements dont Miss universités. Je n’y croyais pas tellement que j’ai appelé le ministre de la communication d’alors, mon cher aîné Rémi Dandjinou pour lui demander si c’était vrai. Il m’a répondu par l’affirmative en précisant que tout était suspendu jusqu’à nouvel ordre. C’était comme un coup de massue que je venais de recevoir parce que ce sont des activités qu’on organise pendant au moins 4 mois et peut-être même plus. Et quand à 8 jours d’un évènement, on vous dis stop, c’est un véritable coup. Je l’ai personnellement vécu difficilement de sorte que je suis allé à Abidjan pour sortir de cette ambiance. Mais à quelle chose, malheur est bon car quand on est revenu, c’était la première activité post-Covid et les gens nous ont félicité pour notre résilience.

Quand en est-il du meilleur souvenir ?

Il y en a tellement mais je peux dire que ce qui m’a marqué, c’est qu’au-delà de Miss universités, je mène bien d’autres activités. Lors de la première édition de Music wakato que j’ai faite à Tenkodogo juste après le Covid, c’était le 1er événement post-Covid et là, Floby qui avait été invité, a confié que cela   faisait deux mois qu’il n’avait pas chanté et que souvent, quand il se couchait, étant donné que c’est son travail et qu’il n’arrivait plus à le faire, il rêvait qu’il faisait des spectacles. Donc venir se produire sur un plateau que je mettais à la disposition des artistes et faire ce témoignage, cela m’avait véritablement touché parce que j’ai vu que quand on donne de l’espoir, c’est toujours la joie qu’on apporte dans les cœurs des gens. C’est un témoignage qui m’a beaucoup marqué.

Pouvez-vous nous en faire un bref bilan des éditions Miss université ?

 

 Que sont devenues la plupart de ces Miss ?

Très belle question. J’aime dire que le concours Miss Université, n’influence pas l’avenir de ces filles mais c’est un catalyseur. Vous savez, quand une fille devient miss, elle fait beaucoup attention, elle veut performer. Quand je prends la miss universités 2004, Sonia Ouédraogo, qui est médecin épidémiologiste, aujourd’hui, elle est dans une organisation mondiale de la santé. La miss universités 2003, Mariama Sawadogo, est une grande juriste, elle est responsable des Ressources Humaines d’une institution financière. Il y a la miss universités 2006, Hélène Dantani qui travaille aujourd’hui à la mairie de Poitiers en France, etc. Et là, ne je parle même pas des dauphines. En tout cas, parmi ces miss, il y a plein de médecins, de juristes, d’avocates, etc. La dernière fois, une candidate malheureuse aujourd’hui Dr en économie, m’a fait la confidence que le concours lui a apporté beaucoup de choses. Ceci pour dire que le concours miss permet à la fille d’être performante partout où elle est parce que les projecteurs sont braqués sur elle.

 C’est donc un sentiment de fierté pour vous ?

Absolument. Il y a de bonnes relations que je garde toujours avec les Miss et certaines m’ont invité en Europe. Je suis parti et c’était bien.

Depuis quelques jours, on voit sur la toile, le concept « Aïcha trembler ». Quel est votre commentaire en tant que promoteur culturel ?

Quels sont vos rapports avec vos collègues promoteurs culturels ?

Je ne peux pas me juger mais j’ai de très bons rapports avec les autres collègues. Comme je le dis, dans la vie, quand vous êtes un homme, il faut savoir respecter les gens, être réglo envers eux.  En général, il y a le contrat social qui est le respect et il y a le contrat professionnel. Et lorsque vous arrivez à gérer tout ceci, ça passe. Mais cela ne voudrait pas dire que je n’ai jamais de problème. Il est vrai que le milieu est difficile avec beaucoup d’à priori, de supputations, d’hypothèses, etc. parce que très souvent, les gens parlent de ce qu’ils ne connaissent pas effectivement. Et bien souvent il y a des incompréhensions mais j’essaie de les vivre en tant qu’homme. Ce que je peux, je fais, ce que je ne peux pas, je laisse, car à l’impossible nul n’est tenu.

Un mot de la fin ?

Je dis merci au journal « Le Pays » et à votre média en ligne ActuBurkina. Vous essayez de vous mettre dans l’air du temps parce que malheureusement, aujourd’hui, les gens pensent que les médias traditionnels ne sont plus en vogue. Mais je dis que c’est une erreur monumentale. Hier, je disais à quelqu’un qui est venu me consulter parce qu’il voulait faire une communication et je lui ai proposé des médias classiques. Il n’était pas pour cala. Je lui ai dit que les médias classiques sont des médias qui sont dans les bureaux des patrons et des décideurs. Ce que les anglophones appellent the « key decisionner ». Aujourd’hui, les journaux classiques sont dans les ambassades, les bureaux des Directeurs généraux et des décideurs. Donc je lui ai dit de communiquer même si c’est un peu dans ces médias. C’est donc une occasion de remercier « Le Pays » qui a beaucoup fait pour moi et pour « Miss universités ». Je souhaite bon vent au journal et à ActuBurkina.

Entretien réalisé par Colette DRABO     

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