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Election à la tête du patronat burkinabè : forts soupçons de corruption

Le renouvellement des instances du patronat a lieu demain, mardi 24 octobre 2024. D’ores et déjà, l’on assiste à une bataille rangée entre les différents candidats en lice sur fond d’accusation s de soupçons de corruption. C’est du moins, ce qui ressort de la tribune ci- dessous que nous avons reçue d’un fin connaisseur du monde des affaires.

 Grosse révélation sur la campagne qui précède le renouvellement des instances du Conseil National du Patronat Burkinabè (CNPB). Élection prévue pour ce mardi 24 octobre. A en croire des sources concernées par le vote, qui devrait permettre de décider qui des deux candidats déclarés au poste de président, dirigera l’institution sur la période 2024/2028, ce n’est pas avec un programme de mandature  pas même avec le moindre projet structurant que tous les camps ont choisi d’aller à la pêche aux électeurs. Curieusement dans l’un des camps on ne s’embarrasse même pas de « ces choses-là ». Ce qui se passe alors dans l’un des deux camps, d’après des sources, qui se sont confiées à nous, c’est littéralement une opération « d’achat des électeurs » qui est en cours pour se faire élire. Lesquels électeurs sont constitués par les associations ou organisations membres du CNPB.

Pour un souci d’équilibre de notre article, à défaut d’avoir pu interroger toutes les parties, nous ne citerons pas le nom du candidat, dont le camp se serait lancé dans cette pratique. Mais pour nos sources qui sont formelles c’est une situation qui n’est plus du tout cachée, car de nombreux électeurs ont été directement approchés par ce candidat et ses partisans pour recevoir des propositions d’argent en contrepartie de leur vote favorable. Les prix d’achat sont même fixés en fonction de la catégorie du votant, car le système de vote au CNPB a classé les associations électrices en fonction de leur poids, qui permet de définir le nombre de voix que chacune peut exprimer lors du vote. Les catégories vont ainsi de « A1 », « A2 », « B1 », « B2 » jusqu’à « C » et détiennent respectivement 5 voix, 4 voix, 3 voix, 2 voix etc. Les prix proposés par les acheteurs de voix sont de 10 millions FCFA pour les organisations de la première catégorie, 6 millions en passant par 4 millions et 2 millions pour les catégories suivantes. Et cette offre de billets de banque ne représente qu’une avance avant d’aller voter.

En effet, après le vote qui confirmerait éventuellement la victoire attendue de leur candidat, les acheteurs de voix ont prévu d’autres enveloppes en complément et en guise de récompense et de remerciement « pour service rendu ». Selon nos sources qui disent avoir été personnellement associées à des réunions initiées par ce camp d’acheteurs de voix, les mallettes d’argent accompagnent déjà ces candidats corrupteurs dans les rencontres secrètes qu’ils organisent. Une pratique que nos sources trouvent regrettable car pour eux cela n’augure rien de bon pour le CNPB si ces deniers sont élus. Ainsi pensent-elles que si des gens sont obligés de se saigner de la sorte pour obtenir la direction d’une organisation, c’est qu’ils n’y voient que des intérêts personnels à récupérer une fois qu’ils auront été élus. « Il faut absolument éviter que ceux qui voient le Patronat comme une bête à abattre pour se partager sa viande n’atteignent pas leur objectif. En achetant les voix pour arriver à la tête du Patronat c’est comme s’ils étaient en train de faire une mise afin de récupérer plus gros une fois élus », fait remarquer l’un de nos interlocuteurs. « En 2018 nous avons ensemble et à l’unanimité désigné un Président.  Au terme du mandat c’est le bilan qu’il faut apprécier pour décider de lui maintenir ou lui retirer notre confiance. Mais jusque-là nous n’avons pas vu de débat sur ce plan. Si sur ce plan il n’y a rien à reprocher et que cette candidature reste en jeu, je pense qu’en toute logique nous n’avons pas à explorer d’autres options. Et le renouvellement de la confiance est sans condition. Nous n’avons rien à demander pour cela. Au contraire c’est à nous de traduire nos remerciements et notre soutien car il y a un bilan positif, dont nous profitons tous. Malheureusement et de façon très étonnante, nous avons constaté que quelques membres ne sont pas dans cette posture et ont décidé de rompre l’union sacrée. Mais étant visiblement incapables d’apporter des éléments objectifs pour justifier leur opposition et convaincre de les suivre, c’est donc l’argument de la corruption et de l’argent qui été mis en avant », regrette cette autre personne parmi nos interlocuteurs. Il ajoute : « Là où il faut comprendre qu’il y a anguille sous roche avec la candidature de certains c’est que des gens se sont complètement désintéressés du fonctionnement du Patronat durant la mandature finissante. Ils ont carrément boycotté les activités de la structure. Ces mêmes personnes ont refusé catégoriquement qu’on associe leurs noms à des évènements organisés par le Patronat. Pis, ils ne payaient pas leurs cotisations de membres malgré les relances qu’ils recevaient. Jusqu’à 9 ans d’arriérés de cotisations pour certains. C’est subitement à l’occasion de l’ouverture de la période de réception des candidatures en vue de l’élection du président que ces gens se sont précipités pour se mettre à jour de leurs cotisations afin de ne pas voir leurs dossiers de candidature invalidés. C’est bizarre et cela interroge sur les intentions réelles. Avec de telles personnes le CNPB court véritablement le risque d’être caporalisé, de devenir un instrument aux mains d’officines inavouées qui s’en servent pour la transmission de leur volonté impopulaire. Il risque également de devenir une vache à lait à l’image de ce que sont d’autres institutions de ce pays aux mains de certains »

L’élection au CNPB, c’est déjà pour demain. Vivement que la probité et la valeur réelle des candidats prennent le dessus sur le mercantilisme et le suivisme intéressé. Des choses qui constituent des vrais fléaux pour le dynamisme de l’organisation car ils généreront forcément un patronat divisé, inefficace et ne satisfaisant que les intérêts particuliers de quelques privilégiés.

Eric ILBOUDO, Observateur du monde des affaires

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