Le Rwanda « a notifié aujourd’hui le gouvernement de Belgique de sa décision de rompre les relations diplomatiques, avec effet immédiat », a annoncé le ministère des affaires étrangères rwandais dans un communiqué, lundi 17 mars. Une décision liée aux « tentatives pitoyables » de Bruxelles de « maintenir ses illusions néocoloniales », selon Kigali, qui donne quarante-huit heures aux diplomates belges pour quitter le territoire rwandais.
Le Rwanda accuse la Belgique d’avoir « pris parti » pour Kinshasa « bien avant et pendant conflit en cours en République démocratique du Congo (RDC) », où le groupe rebelle armé M23 et des forces de défense rwandaises (FDR) combattent le gouvernement congolais dans l’est du pays.
La Belgique « regrette » une décision « disproportionnée » et annonce, à son tour, déclarer persona non grata les diplomates rwandais en poste sur son sol. « Ce[la] illustre que, lorsque nous sommes en désaccord avec le Rwanda, il préfère ne pas dialoguer », a écrit sur X le ministre des affaires étrangères belge, Maxime Prévot.
Ancienne puissance coloniale du Rwanda (1920-1962), la Belgique a été l’un des pays les plus critiques de Kigali depuis que la rébellion du M23, soutenue par Kigali, a lancé en décembre une offensive dans l’est de la RDC, qui l’a vu notamment s’emparer de Goma, la capitale du Nord-Kivu, et de Bukavu, capitale du Sud-Kivu.
Bruxelles avait notamment demandé, fin janvier, à l’Union européenne (UE) d’envisager des sanctions contre le Rwanda, accusé de violer la souveraineté de la RDC. La Belgique n’avait pas soutenu la nouvelle aide de 20 millions d’euros octroyée en novembre. Elle s’était abstenue lors d’un vote au Conseil de l’Union européenne. Le Rwanda avait annoncé en février la suspension des programmes d’aide au développement belges dans le pays.
« Aujourd’hui, la Belgique (…) continue à se mobiliser systématiquement contre le Rwanda dans différents forums, utilisant mensonges et manipulations pour créer une opinion hostile injustifiée à l’égard du Rwanda, dans le but de déstabiliser le pays et la région », a accusé Kigali. « La décision d’aujourd’hui reflète l’engagement du Rwanda à protéger ses intérêts nationaux et la dignité des Rwandais, ainsi qu’à défendre les principes de souveraineté, de paix et de respect mutuel, » ajoute le communiqué.
L’Union européenne, pressée notamment par la Belgique, a adopté lundi des sanctions contre des personnalités rwandaises en raison du soutien de Kigali à l’offensive du groupe rebelle M23 en République démocratique du Congo.
Le Monde avec AFP