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Burkina : Le SYNATRAG dénonce le pillage des terres agricoles par les promoteurs immobiliers 

Le Burkina Faso fait face depuis plus de trois (03) décennies à des crises majeures qui précarisent son économie, surtout agricole et mettent à mal la résilience des populations en particulier celles rurales pour lesquelles nous travaillons inlassablement.

La crise sécuritaire alimentée par le terrorisme avec le soutien des puissances néocoloniales, de par son caractère criminel tend à éclipser celle alimentaire qui touche le plus grand nombre de Burkinabè. En effet, depuis 2015, le Burkina Faso compte aujourd’hui du fait de l’extrémisme violent, près 2 millions de Personnes déplacées internes (PDI), d’environ 3000 établissements scolaires fermés, plus 2000 morts civils et militaires, l’abandon de villages entiers…

Cette situation ajoutée à la mal gouvernances que connait le pays a engendré des troubles socio-politiques conduisant au renversement du pouvoir du Président Roch Marc Christian KABORE et au retour à un régime exception.

L’autre crise, celle alimentaire qui n’est pas des moindres sévit aussi et est caractérisée par la flambée des prix des produits de première nécessité, surtout ceux des céréales qui ont atteint des prix sans précédent au cours des dix dernières années. A titre d’exemple, les prix du plat yoruba de maïs, de sorgho, d’haricot, de mil ont doublé sur tous les marchés du pays.

Ces deux crises sont principalement la résultante de la mauvaise gouvernance exercée sous les différents régimes qui se sont succédés, à travers des politiques mal ficelées et non adaptées et souvent imposées par les institutions internationales pour assouvir leurs soifs de soumettre à jamais nos peuples.

Des politiques agricoles mises en œuvre
Depuis l’application de Programme d’ajustement structurel (PAS) et de sa composante PASA dans le secteur de l’agriculture en 1991, le pays peine a amorcé un réel développement du secteur dégradant d’avantage les conditions de production agricole déjà précaire.

On assiste à l’élaboration de nombreux documents sur la base de la « vision » du premier responsable du ministère ou des injonctions des institutions de Bretton Woods, notamment le FMI et la Banque mondiale.

A titre d’exemple, on peut citer : la Lettre de politique de développement agricole (LPDA), la Lettre de politique de développement agricole durable (LPDAD), la Lettre de politique de développement rural décentralisé (LPDRD), la Stratégie de développement rural (SDR), les Programme nationaux du secteur rural phase1 et 2 (PNSR I et II) et la dernière trouvaille qui est le Programme nationale d’investissement agrosylvopastoral (PNIASP).

Ces différentes politiques n’ont en réalité pas apporté ou n’apporteront pas un véritable changement de notre Agriculture car elles ont constamment maintenu le pays dans l’insécurité alimentaire.

Par ailleurs, au lieu d’apporter des réponses appropriées aux contraintes naturelles, pédo-climatiques, socioéconomiques, techniques liées aux système de production de notre Agriculture, l’Etat a préféré à travers ces politiques ; se désengager de ses devoirs d’améliorer les conditions de travail et de vie des petits producteurs ; légitimer le pillage des terres avec l’adoption de la loi 0342009/AN portant régime foncier rural et orienter en priorité ses subventions vers les filières porteuses de devises car destinées à l’exportation, pour les multinationales, comme le coton au détriment des filières céréalières qui occupent la majorité des producteurs et contribuent directement à la sécurité alimentaire des populations.

Même quand des actions appréciables sont adoptées comme la subvention des intrants et équipements agricoles, débutée en 2008, leurs mises en œuvre sont teintées de mauvaises foi ou de calculs politiciens comme le témoignent les multiples révisions du mécanisme de distribution des intrants agricoles. Ces révisions survenaient pour contourner les revendications légitimes des agents d’agriculture et des petits producteurs en confiant la gestion de cette subvention tantôt aux collectivités territoriales, tantôt aux préfets, tantôt aux associations d’agro dealers, tantôt à des opérateurs du digital (avec le Evoucher).

Malgré les résultats mitigés voire catastrophiques de la gestion de ces collectivités territoriales et agro dealers, avec des sommes recouvrées et non reversées au trésor publique par ces derniers ; les autorités s’entêtent à confier encore cette tâche à l’Association des grossistes et des détaillants d’intrants agricoles (AGRODIA) dans leur dernière trouvaille qui est la distribution électronique (Agri voucher).

Malgré les résultats mitigés voire catastrophiques de la gestion de ces collectivités territoriales et agro dealers, avec des sommes recouvrées et non reversées au trésor publique par ces derniers ; les autorités s’entêtent à confier encore cette tâche à l’Association des grossistes et des détaillants d’intrants agricoles (AGRODIA) dans leur dernière trouvaille qui est la distribution électronique (Agri voucher).

L’instauration d’une distribution électronique des intrants agricoles dans un pays où la majorité des producteurs ne savent pas lire et écrire dans aucune langue, et où la majorité des localités n’est pas couverte par les réseaux de téléphonie mobile, est synonyme de « mettre la charrue avant les bœufs », d’une fuite en avant et cela frise le ridicule. Évidemment les résultats de ces mécanismes de distribution des intrants et équipements agricoles sont très souvent décevants, en deçà des attentes, à telle enseigne que nos autorités peinent à faire des bilans détaillés de leur mise en œuvre.
De la Politique nationale de sécurité alimentaire et nutritionnelle (PNSAN)

La constitution des stocks de sécurité alimentaire fait référence à l’approvisionnement, au stockage et à la libération des stocks alimentaires par les gouvernements au moyen d’entreprises d’État (SONAGESS) ou d’autres institutions publiques. Il s’agit d’un élément fondamental de la Politique nationale de sécurité alimentaire et nutritionnelle du pays pour juguler les crises alimentaires. Bien que nous saluions l’existence des stocks nous pensons qu’ils existent des failles dans leur gestion. En effet, le stock de sécurité doit être constitué de trois stocks :

 le stock d’urgence, pour réduire la vulnérabilité des consommateurs face aux ruptures d’approvisionnement ou aux chocs des prix dans les situations d’urgence comme c’est le cas présentement dans notre pays où les prix des céréales ont atteint un niveau sans précédent ;
 le stock régulateur, pour stabiliser les prix au sein du marché intérieur afin d’éviter une volatilité excessive ;

 le stock destiné à l’aide alimentaire, pour promouvoir l’accès physique et économique d’une certaine catégorie de population vulnérable. Les actions des autorités pour répondre à la situation d’urgence qui prévaut dans notre pays, surtout concernant la prise en charge des PDI, nous font croire que le Burkina Faso ne dispose pas de stock destiné à l’aide alimentaire.

En réalité, la seule alternative que les autorités ont pu faire pour subvenir aux besoins des PDI ou d’autres personnes dans la détresse alimentaire, c’est de se tourner vers les Partenaires techniques et financiers (PTF) en témoigne les dons de 10 000 tonnes de vivres de la CEDEAO et 190 000 tonnes de vivres essentiellement financés par les PTF selon les propos du Ministre de l’Agriculture lors de son passage à l’émission du journal de 20h du 15 mai 2022 de la Radiodiffusion-Télévision du Burkina.

Nous déplorons l’incapacité manifeste de nos autorités d’anticiper sur les problèmes car la situation nationale commandait la prise de mesures endogènes fortes pour soutenir la production de campagne sèche en vue de constituer rapidement et conséquemment des stocks de sécurité alimentaire. La flambée des prix des produits céréaliers, même dans la situation exceptionnelle actuelle nous interpelle que le stock de sécurité alimentaire n’est pas suffisamment constitué.

Ainsi le SYNATRAG attire encore l’attention de l’opinion nationale et internationale sur la crise alimentaire et interpelle une fois de plus le gouvernement de la transition sur la nécessité de réagir à temps pour faciliter la disponibilité, l’accessibilité et la qualité des denrées alimentaires au plan national car la sécurité alimentaire, relève du domaine de souveraineté nationale et ne devrait pas se baser sur les appuis extérieurs.

Des conditions de travail des agents dans les zones à forts défis sécuritaires
Depuis 2015, notre pays croule sous le joug du terrorisme. Les populations notamment celles des zones en insécurité vivent dans la peur. Les agents d’agriculture, vivant en majorité en milieu rural en vue d’apporter leur contribution à l’atteinte de la sécurité alimentaire, ne sont pas épargnés et dès 2018, le SYNATRAG, apprenait l’enlèvement du Directeur Provincial par intérim du Soum (Djibo) et de son chauffeur, qui seront libérés des mois plus tard.

En Juin 2021, un agent d’agriculture en partance pour assister à l’enterrement de son frère, tombait dans une embuscade et meurt des balles assassines des terroristes.
Le 06 mai 2022 nous apprenions encore des enlèvements, à la Direction régionale de l’agriculture, des aménagements hydro-agricoles et de la mécanisation (DRAAHM) du Sahel, de Monsieur Alain BAZONGO chef de Service régional des études statistiques et sectorielles (SRESS) et du vigile Monsieur Hamidou DIALLO. Le vigile a été libéré, mais le chef SRESS jusqu’à nos jours demeure

introuvable. A travers cette déclaration, le SYNATRAG se veut solidaire à la famille BAZONGO, aux collègues de la région du Sahel.

Nous constatons avec regret que suite à ces deux cas d’enlèvement des agents, au niveau du Ministère de l’agriculture, des ressources animales et halieutiques (MARAH) aucune mesure préventive n’est prise non seulement pour protéger ceux qui sont dans les zones d’insécurité mais aussi redéployer les agents qui n’arrivent plus à exercer dans ces zones.

Mieux certains Directeurs provinciaux au lieu d’être solidaires avec leurs collègues qui fuient le terrorisme, les traumatisent davantage par des menaces à travers des notes écrites sous le prétexte qu’ils abandonnent leurs postes. Le cas le plus récent de menace est la note de service du 11 mai 2022 du Directeur provincial de la Gnagna qui oblige les agents à prendre des risques inutiles. D’ailleurs après ses menaces le collègue THIOMBIANO Noaga Justin, a été enlevé à son domicile, le 17 mai 2022, puis relâché mais sa moto de service lui a été retirée. Ne serait pas une réponse des HANI à la lettre du Directeur provincial ?

Le SYNATRAG dénonce et condamne cette attitude du Directeur provincial et le tient pour responsable de toute autre situation malheureuse qui pourrait arriver aux agents dans leurs postes.

Au regard de tout ce qui précède, le SYNATRAG :

 appelle les autorités à définir une politique agricole assortie d’une vision prospective qui mettra un focus sur les solutions aux contraintes réelles du secteur agricole ;
 affirme la nécessité de relever la quantité du stock de sécurité alimentaire et par la même occasion de constituer un stock d’aide alimentaire sur financement du budget de l’Etat ;

 dénonce le pillage des terres agricoles par les promoteurs immobiliers, les politiciens reconvertis en agrobusiness men et leurs alliés ;
 dénonce le format actuel du mécanisme de distribution des intrants agricoles qui ambitionne toute autre chose que le résultat ;

 lance un appel pressant aux autorités du Ministère de tout mettre en œuvre pour libérer le collègue détenu par les HANI et procéder à un redéploiement immédiat des agents qui sont dans les zones à hauts défis sécuritaires à l’image de ce qui se fait dans d’autres ministère ;
 appelle les agents à éviter tout comportement de nature à s’exposer au risque et à éviter les zones à fort déficit sécuritaire .

Vive le SYNATRAG !
Vive le syndicalisme !
Pain et liberté pour le peuple.

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