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Anthropologie culturelle burkinabè et homosexualité : « L’homme et la femme, deux socles inséparables de l’humanité », selon Ouédraogo Tinga P. Pascal

L’auteur du point de vue ci-dessous, moine bénédictin de son état, montre que l’anthropologie culturelle burkinabè est incompatible avec l’homosexualité comprise comme relations sexuelles entre deux personnes du même sexe. Elle pose aussi la question de savoir si les couples l’homosexuels peuvent-ils être considéré comme des couples au vrai sens du terme. Pour lui, dans le milieu burkinabè, il ne saurait y avoir de couple homosexuel légalement reconnu. Toutefois, il demande aux uns et aux autres, d’éviter toutes sortes d’amalgames. Car, précise-t-il, il peut y avoir des hommes ou des femmes qui prennent l’habitude d’être ensemble. Lisez !

 La démarche de l’anthropologie culturelle burkinabè, est ici très pertinente. En effet, l’histoire du peuple burkinabè actuel, a pour cadre, l’Empire Mossi qui a été fondé par Ouédraogo. Ce dernier est né de l’union de Riyallé, un chasseur qui vivait en brousse, et de Yenenga, une princesse, fille de Naaba Nedega et de la reine Napoko. Cette noble origine de Ouédraogo pourrait être pour nous tous un solide motif d’accueillir le yikaadem, (mariage) entre l’homme et la femme comme la seule forme légitime.

Dans notre œuvre intitulée « Anthropologie culturelle burkinabè, interrogation émergée du milieu moaga en quête de son identité unificatrice », Tome I, 2e édition, le Chapitre II est consacré à ce sujet fondamental qu’est le yikaadem. C’est une réalité humaine à ne pas prendre à la légère. Le yikaadem est un moment décisif dans la vie de chaque être humain. Ce n’est donc pas une question de moindre importance.

Selon l’article 23 de la Constitution du Burkina Faso : « La famille est la cellule de base de la société. L’Etat lui doit protection. Le mariage est fondé sur le libre consentement de l’homme et de la femme. Toute discrimination fondée sur la race, la couleur, la religion, l’ethnie, la caste, l’origine sociale, la fortune est interdite en matière de mariage. Les enfants sont égaux en droits et en devoirs dans leurs relations familiales. Les parents ont le droit naturel et le devoir d’élever et d’éduquer leurs enfants. Ceux-ci leur doivent respect et assistance .

En effet, le yikaadem est un acte humain qui engage les deux époux sur une voie de responsabilités assumées et partagées. De cette manière, c’est une lutte qui est lancée contre la pratique de l’homosexualité au sein de notre société d’alors et actuelle.

Comme définition du terme homosexualité : il désigne une personne qui a tendance à éprouver de l’attirance sexuelle pour les personnes de même sexe qu’elle. Et aussi, homosexuel, c’est quelqu’un dont la sexualité est orientée essentiellement vers les personnes de son propre sexe.

Ce genre de comportement de certaines personnes a toujours existé dans l’histoire humaine et des peuples.

Comme avertissement, dans cet article, nous n’abordons pas la question en tant qu’expert, mais comme celui qui cherche à découvrir et à saisir de l’intérieur si possible, les dimensions humaines qui révèlent les besoins vitaux de l’homme mal orientés. D’où vient la cause ?

Tout d’abord, posons-nous ces deux questions que je considère comme importantes :

  1. Avant le temps moderne, comment un tel comportement humain était-il vu et discerné ?
  2. Et dans notre contexte actuel, comment ce phénomène se manifeste-t-il, et plus particulièrement dans nos milieux ordinaires de vie : familial, scolaire, service et différents lieux de rencontres ?

Je pense que nous sommes d’accord que chaque pays sans exception a sa culture, sa religion naturelle, sa façon d’instruire, de gouverner, ses qualités et ses limites. Cette dimension fondamentale est la caractéristique propre de toute condition humaine.

Au Chapitre I de notre ouvrage « Anthropologie culturelle burkinabè », nous y avons pris soins d’insister pour montrer qu’il est nécessaire que chaque individu cherche à connaître son yengre : « Car ignorer son histoire, équivaut à s’ignorer soi-même et se condamner inéluctablement, ainsi qu’à s’éteindre sans avenir. »

Le yikaadem ne peut pas être contracté d’une manière légale entre deux personnes de même sexe

Au Burkina Faso, le nœud fondamental d’une famille humaine repose surtout sur l’union conjugale de l’homme et de la femme. Car de ces deux, nous avons espoir d’une progéniture, d’une postérité. Notre pays est constitué principalement de nombreuses familles, de villages, de quartiers, de régions, de provinces…

Dans cette logique, il est impensable d’imaginer qu’un couple humain au vrai sens du terme puisse être réalisé à partir des deux êtres humains du même sexe, (mariage homme-homme, femme-femme).

En face de cette situation déplorable, l’anthropologie culturelle burkinabè, trouve cela inconcevable et inacceptable. C’est une relation contre nature. Pour cette raison, réaffirmons que la différence physiologique et caractérologique, entre l’homme et la femme n’est pas un synonyme d’opposition, mais un signe d’invitation à une relation humaine, saine et complémentaire, selon la loi fondamentale de la nature humaine voulue par le Créateur.

Par conséquent, le yikaadem ne peut pas être contracté d’une manière légale entre deux personnes de même sexe. Le couple homosexuel, dans le sens du yikaadem n’est pas admissible dans le milieu burkinabè.

Nous attirons l’attention des lectrices/lecteurs que le sujet que nous traitons, nous n’avons pas encore trouvé un mot spécifique en Moore pour désigner : homosexualité/homosexuel, mais nous le classons dans une expression profonde de signification qu’on appelle : wiibdo.

En effet, un homme qui tente d’avoir des relations sexuelles avec un autre homme, pareillement une femme avec une autre femme, c’est un véritable wiibdo.  

Wiibdo, selon le dictionnaire de Norbert Nikiéma, c’est une chose abominable, transgression d’un interdit, un sacrilège. Donc l’expression peut désigner tout acte humain commis dont l’enjeu est détestable, ignoble, impardonnable, selon la mentalité de la tradition. Cet acte comporte en lui-même sa propre punition. En principe, c’est un acte jugé inhumain.

Rugbeda yiib ka fugund taab ye : Deux grosses marmites ne se couvrent pas. Par ce proverbe burkinabè nous voulons révéler et signifier l’incompatibilité des deux réalités, deux personnes de même sexe ne peuvent pas prétendre vivre en couple. Ce sont des égaux voulant accomplir un acte qui exige la différence des sexes. Sans la différence yedg taab ka be, lek taab saong ka be ye.

Dans quel sens peut-on envisager une relation sexuelle saine qui fait partie des devoirs conjugaux quand il s’agit d’un homme et d’un autre homme ou d’une femme et d’une autre. C’est clair, selon la loi de la nature, il ne peut pas y avoir de relations sexuelles normales et humanisantes, entre deux personnes de même sexe.

Un tel comportement chez un homme ou une femme, nous fait penser qu’il y a un sérieux problème, soit psychologique soit pathologique. Comment dans ces cas-là, parler de la paternité et de la maternité ? Peuvent-ils procréer et prolonger leur lignée ? Et même s’ils osent prendre un enfant chez eux, qui pourrait jouer le rôle de père ou de mère dont chaque enfant a besoin pour sa croissance équilibrée ?

Leur situation semble être très douloureuse. Comme personnes, elles veulent se donner un statut de reconnaissance légale dans la société. Cette question est d’actualité dans beaucoup des contrées et reste toujours préoccupante. En effet, étant des personnes, elles ne sont pas automatiquement exclues de la société, mais elles expérimentent en elles-mêmes un certain isolement.

Au Burkina Faso, pour fonder une famille qui soit légalement reconnue par la loi traditionnelle ou par celle de l’Etat, il faut passer par le rite du yikaadem, contracté entre un homme et une femme. Bien sûr, les manières de procéder à cette célébration du rite sont diverses, selon les régions.

Sur le plan humain, cet acte se base sur un élan d’amour du cœur et de respect mutuel, entre un homme et une femme qui décident de s’engager à vivre ensemble. De ce fait, leur union engage aussi les responsabilités des deux familles dans une relation d’alliance. Cependant, nous ne devons pas oublier que malgré tout, dans le milieu traditionnel burkinabè, la liberté des conjoints, surtout celle de la femme, n’était pas toujours respectée par les membres des deux familles d’alliance. Elle était parfois contrainte d’accepter certaines conditions non conformes au droit, à la liberté et à la dignité humaine. Même de nos jours, le problème demeure encore sous multiples formes.

En ce sens, dans notre contexte social et religieux, il est très important de prendre davantage conscience que : l’individualisation des êtres humains en masculin et en féminin, est l’œuvre d’une intelligence intelligible. Elle établit ainsi la nécessité de la vocation de chaque être humain à l’unification fondamentale de sa personne. Celle-ci ne peut se réaliser que dans une symbiose relation humaine des deux êtres du genre masculin et féminin. L’anthropologie culturelle burkinabè nous invite à nous pencher sur la question, afin que nous parvenions à construire une société solidaire et harmonieuse sur tous les plans. Pour cela, nous devons chacun, chacune à sa place, plus affiner les relations et la collaboration entre les hommes et les femmes à tous les niveaux. Alors, brisons les interdits et les barrières, et réparons nos routes et construisons plus des ponts. Une voie de salut ne s’achète pas, elle se gagne.

Si nous séparons l’homme de la femme, ou la femme de l’homme, nous ne parviendrons jamais à quelque chose qu’on puisse nommer humain dans ce monde

Ici, nous préconisons que l’Humanité créée par Dieu, est régie par une loi universelle, et destinée à une évolution harmonieuse, avec bien sûr, la participation intelligente et responsable de l’homme. Si nous séparons l’homme de la femme, ou la femme de l’homme, nous ne parviendrons jamais à quelque chose qu’on puisse nommer humain dans ce monde.

Prenons un exemple : Qui peut priver un oiseau, d’une de ses deux ailes et lui enjoindre de continuer à voler ? Ou bien enlever à l’avion l’une de ses deux ailes et vouloir qu’il puisse décoller et parvenir à sa destination ?

Pour approuver le lien indissoluble de l’homme et de la femme pour le bonheur de toute l’humanité, notre anthropologie culturelle burkinabè les considère en tant que deux socles principaux et inséparables de l’Humanité. En ce sens, il est impossible de concevoir un monde créé où il n’y aurait qu’une réalité unique de base : le masculin sans le féminin, ou le féminin sans le masculin.

Pour que le couple humain puisse mener une vie commune, et accueillir avec amour et respect les enfants qui naîtront de son union conjugale, chacun d’eux doit quitter obligatoirement ses propres parents, et tous les deux auront leur commun yiri, zaka, une habitation bien délimitée. Le yikaadem, une réalité humaine, est destiné à l’homme et à la femme. C’est un acte authentique qui engage ces deux êtres humains responsables ; il sera ratifié par un rituel.

Le zaka est pour eux un lieu qui les met à l’abri des regards indiscrets, une clôture, une protection et confirme leur autonomie. En ce lieu, chacun des conjoints devient une entrave l’un pour l’autre dans la liberté.

En effet, le zaka n’est pas une sorte de prison, mais un lieu d’épanouissement et d’équilibre humain pour chacun d’eux, et pour tous ceux qui y habitent. Le yikaadem par son principe, constitue en lui-même un message positif et éducatif progressif, et qui par le fait, n’encourage donc pas du tout la pratique de l’homosexualité.

Les enfants qui y seront nés d’un père et d’une mère, tous responsables, auront une hospitalité et une éducation sérieuse. Ainsi, la mère surtout, pourra veiller sur le physique et le comportement de chacun de ses enfants, garçons comme filles. La jeune plante est plus maniable quand on veut la redresser. Attentive les bonnes tendances comme les étranges seront détectées. Les unes seront à améliorer et les autres à corriger au bon moment. La mixité dans les familles est une chance, car ils commenceront à remarquer la différence au niveau physiologique et caractérologique, ils se frotteront entre eux. Ils apprendront à accepter leurs différences de façon bénéfique et instructive, sous le regard bienveillant des parents. On ne doit pas les surveiller, mais plutôt veiller sur eux avec amour et respect.

Pour conclure, nous attirons l’attention de tous, car nous sommes plus ou moins facilement influencés par les réactions psychologiques amusantes : N’appelons pas homosexuels deux hommes ou deux femmes qui ont l’habitude d’être ensemble. Les caractéristiques d’homosexualité sont discernées au niveau des comportements des personnes, et non pas seulement par ce qu’elles sont de même sexe et sont ensemble. Donc, on doit éviter de traiter un groupe d’hommes ou de femmes, d’emblée d’homosexuels. Il y a des femmes qui sont des amies comme il y a aussi des hommes qui se lient d’amitié.

Enfin, que le désir légitime maîtrisé de se marier de Yenenga qui l’a poussée vers Riyallé et la réaction masculine responsable de Riyallé, envers Yenenga, soient un modèle pour toutes les jeunes filles et tous les garçons en quête de vouloir fonder un foyer pour l’avenir.

La famille est le lieu de vie, d’expérience humaine, de croissance mutuelle, de miséricorde et de pardon. Lieu de paix, parce que, lieu d’amour et de liberté.

OUEDRAOGO Tinga P. Pascal

 

Quelques notions

 Yikaadem : C’est le mariage, un des actes qui fait partie des étapes les plus importantes dans l’existence humaine. Il change le statut social de la personne de manière significative. C’est un acte qui engage deux individus à participer au développement de la personne et de la société. Il marque la fin d’une vie insouciante.

 Zaka un mot composé de Za et de Ka

 ZA signifie : placer l’entrave dans les deux pattes en parlant d’un âne par exemple. Cela l’empêche de se déplacer rapidement et d’aller très loin. Par le rite du yikaadem, l’homme et la femme s’entravent mutuellement. Le yikaadem change leur état de vie, leur manière de se comporter dans leur milieu de vie restreint et dans la société.

 KA signifie dans ce contexte, ici, l’homme dira à son épouse : je t’entrave ici et la femme aussi dira à son époux, je t’entrave ici, là. L’image est très expressive et très profonde dans le sens humain de la liberté.

Homosexualité : Dans cette relation, la question que je me pose est celle-ci : comment chacun considère l’autre ? Pour que la relation ait un sens positif apparent dans ce cas de figure, est-ce que l’un va se désigner comme père et l’autre comme mère ? Ont-ils vu les différences entre l’homme et la femme comme une menace ?  Comment les choses fonctionnent-elles dans leur conscience personnelle ? Comment expriment-ils leurs sentiments d’affection l’un envers l’autre ? Quel langage verbal et gestuel utilisent-ils au quotidien ? C’est une situation très complexe qui mérite une attention particulière de la part des autorités politiques et sociales.

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