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Sawadogo le HDV, Slameur burkinabè : « le slam va prendre le trône d’ici là sur les autres genres musicaux »

« Le Slam va prendre le trône d’ici là sur les autres genres musicaux ». C’est ce que nous a confié l’invité de la semaine de actuburkina.net, Sawadogo le HDV, à l’état civil Wendingoudi Thimoté Sawadogo. Dans cette interview qu’il nous a accordée le 3 novembre 2025, Sawadogo le HDV, entendez Sawadogo le « Héraut des victimes », soutient que « le Slam se porte très bien au pays des Hommes intègres » et, mieux, le contexte actuel est tout trouvé pour que ce genre musical prenne son envol. Il s’est prononcé sur ses premiers pas dans le Slam, son regard sur ce genre musical et surtout le leadership du Burkina en la matière, en Afrique de l’Ouest et au plan africain. Bref, découvrez les révélations croustillantes de notre invité dans ces lignes qui suivent.

Dites-nous ce que signifie le HDV ?

Sawadogo, c’est mon nom de famille et je tenais à le garder. Le HDV veut dire le héraut des victimes, c’est à dire la voix des sans voix. Comme bien des personnes avaient déjà utilisé ce terme et pour ne pas encore l’utiliser, nous avons jugé d’innover en gardant Sawadogo HDV. En clair, c’est Sawadogo, le messager des sans voix.

Quand vous parlez des sans voix, qui sont ces personnes que vous considérez comme sans voix ?

Nous pensons à tous ceux qui ont quelque chose à dire, que ce soit en bien ou en mal. Tous ceux qui ont besoin d’exprimer leur joie, ou leur peine. C’est un peu de tout cela. Moi je porte la voix de tout le monde.

Depuis quand évoluez-vous dans le slam et comment vous y en êtes arrivé ?

De nature, j’aime donner mon avis sur tout. Mais c’est en 2016 que j’ai rencontré le Slam par l’intermédiaire d’un ami qui m’avait montré le clip de « L’homme qu’il me faut » de Malika La Slamazone. Et quand je suis arrivé à l’université, en 2019, j’ai vu des gens slamer lors des cérémonies et cela m’a séduit. J’ai alors commencé à apprendre à écrire mes textes en 2019, mais officiellement, je suis slameur depuis 2021.

En quatre ans déjà de parcours, quel commentaire cela vous inspire-t-il ?

Je suis très satisfait de mon parcours parce que grâce au Slam, nous avons pris part à de grandes cérémonies. Je ne me voyais pas prendre la parole devant un chef d’Etat mais grâce au Slam, cela est devenu une réalité. J’ai effectué des voyages à Kigali, à Abidjan, Niamey, et pour moi, cela est énorme. Nous avons travaillé avec l’UNICEF où je suis Younth advocate. Là, nous portons la voix des plus jeunes. J’ai travaillé avec la présidence du Faso, avec presque tous les ministères et je peux dire, qu’en 4 ans, il y a de quoi être fier. Nous avons, à ce jour, deux sorties officielles, « Une seule raison » et « Petit HDV » qu’on peut retrouver sur Youtube, Sawadogo le HDV. Tous les deux titres nous ont été offerts par l’humoriste Moussa Petit Sergent qui figure sur le premier titre. Nous avons aussi réalisé des projets de vacances dénommés VacSlam, qui ont commencé en 2023 et la 3e édition a eu lieu cette année. Beaucoup de titres ont été mis à disposition.

 

L’artiste-slamaeur Sawadogo le HDV

 

A vous entendre, c’est à croire que le Slam nourrit bien son homme ou sa femme au Burkina ?

 C’est oui et non. Nous sommes tellement nombreux qu’il ne peut pas nourrir tout le monde mais certains arrivent à tirer leur épingle du jeu. Nous avons de très grands slameurs au Burkina, je peux citer la Slamazone, Naël Muller, Donsharp de Batoro, etc. Et moi je peux affirmer qu’ils vivent du Slam et nous aussi arrivons à nous en sortir quand même.

Quels sont justement vos rapports avec les autres slameurs ?

C’est toujours des rapports fraternels. Quand un parmi nous à une activité, tous les autres s’y mettent. La preuve, le week-end dernier, le slameur Opti avait un spectacle à Koudougou et beaucoup sont venus de Ouaga, Bobo-Dioulasso, Fada, etc, pour le soutenir. C’est vraiment des rapports fraternels qui existent entre nous.

Y a-t-il un slameur au plan national ou international qui est votre idole ?

Le slameur qui m’a le plus impressionné, et par qui j’ai d’ailleurs appris à écrire, c’est le slameur nigérien Jhonel. Il m’a inspiré par sa façon de faire et j’ai eu la chance de le rencontrer en 2022 et en 2024 quand il était présent dans le cadre de la Semaine nationale de la culture (SNC). Pour dire vrai, c’est le slameur qui m’a beaucoup impacté et, dans l’écriture, et dans la façon de voir le Slam.

 

Sawadogo le HDV slam

 

Quel est votre regard aujourd’hui sur le slam au Burkina Faso ?

Pour moi, c’est l’art parfait surtout dans le contexte actuel où il est question de révolution. Il faut le Slam pour porter ce message. Et comme je l’ai dit, nous avons de grands slameurs. Le Slam se porte très bien au pays des Hommes intègres et c’est vraiment le bon moment pour le Slam burkinabè de pouvoir s’exprimer. Depuis longtemps, les slameurs ont  porté le message à savoir un changement de mentalités et le chef de l’Etat a toujours insisté sur le fait qu’il faut décoloniser les mentalités. Je pense que le Slam est un véritable canal par lequel on peut le faire. Nous les slameurs sommes fiers parce que nous sommes aujourd’hui associés à de grandes cérémonies et cela veut dire que nous avons toute notre place. Je peux vous le confier, le Slam va prendre le trône peut-être d’ici là sur les autres genres musicaux. Les gens sont fatigués de trop danser et aimeraient bien explorer d’autres genres musicaux, notamment le slam.

Dans la sous-région Ouest-africaine et même au plan africain, le Burkina rivalise-t-il avec des pays dans le domaine du Slam ?

Nous avons au Burkina, les plus grandes stars du Slam. Et tenez-vous bien, le Burkina est le premier pays où un album 100% Slam a été enregistré, avec l’artiste Ombr Blanche depuis 2006 ou 2008. Le Burkina a joué un rôle très important dans la sous-région et même au plan africain en la matière.  Nous sommes l’un des premiers pays à avoir porté cet art.

Quels sont vos projets à court et moyen termes ?

Nous travaillons sur un projet d’album et déjà, nous sommes en train d’asseoir les bases et bientôt, nous allons commencer les enregistrements des textes. Nous sommes actuellement à l’étape de l’écriture et il s’agira de travailler à avoir les moyens qui vont avec. Il ne suffit pas d’avoir des projets, il faut les moyens pour accompagner la communication. On prévoit d’ici fin 2026, l’organisation d’un spectacle.

 Que voulez-vous que les Burkinabè retiennent de vous en tant qu’artiste slameur ?

Au soir de ma vie, j’aimerais être fier d’avoir contribué à cette révolution que nous sommes en train de mener dans le slam. Je veux que les Burkinabè retiennent de moi cet artiste qui porte toujours la voix du Burkinabè, la voix de ceux qui ne peuvent pas s’exprimer, l’artiste qui veut porter la voix de cette révolution, les ambitions de notre peuple révolutionnaire.

Propos recueillis par Colette DRABO

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