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Oskimo, artiste burkinabè : « je suis satisfait de mon combat mais dans le même temps, déçu car… »

La seule évocation de son nom Oskimo, renvoie à son concept Oskimo Tour, notamment son combat contre le fléau de la consommation de la drogue en milieu scolaire. Cette étiquette lui est tellement collée à la peau qu’elle a éclipsé sa carrière musicale. En effet, ils sont nombreux, aujourd’hui, ceux qui ignorent qu’avant d’être ce combattant acharné contre la consommation de la drogue en milieu scolaire, Youssouf Sawadogo alias Oskimo est, avant tout, un artiste-musicien qui a, à son compteur, 5 albums et plusieurs singles. Dans cet entretien réalisé le 13 octobre 2025, l’artiste dit tout sur sa carrière musicale et annonce d’ailleurs la sortie de son 7e album pour cette année 2025 ou en 2026. Il exprime aussi ses joies et ses regrets surtout face à la persistance du fléau de la drogue à l’école, sans oublier ses projets. Lisez plutôt !

 Parlez-nous de votre actualité musicale ?

Il faut dire que je suis actuellement en studio en train de travailler pour la sortie de mon 7e album. J’ai déjà 5 avec des singles. J’ai fait sortir, il y a à peine trois mois, un clip intitulé « Unité nationale » soutenu par le Bureau burkinabè des droits d’auteurs (BBDA). Parlant de l’album à venir, des titres sont déjà prêts, d’autres sont encore en train d’être finalisés. Etant donné que ce n’est pas une course contre la montre, je mets les bouchées doubles afin d’offrir un album de taille aux mélomanes.

 Doit-on s’attendre à cet album en cette année 2025 ou en 2026 ?

Si tout va bien, ce sera cette année mais à défaut, on ira jusqu’en 2026. Comme je l’ai dit, ce n’est pas une course contre la montre.

Combien d’années de carrière totalisez-vous ?

C’est en 1998 que j’ai sorti mon premier album du côté de la Côte d’Ivoire. Je peux dire que je totalise plus d’une vingtaine d’années en tant qu’artiste musicien confirmé. Je sais qu’il y a encore beaucoup de choses à faire. Vous savez, dans la musique, il y a certains qui ont facilement eu la chance dès le début de leur carrière, ce qui n’est pas le cas pour d’autres. Il faut persévérer, croire et foncer pour se faire une place au soleil, un jour. Moi je suis aujourd’hui content parce que depuis quelques années, je me suis lancé dans un projet qui vise à aider les jeunes à lutter contre la consommation de la drogue en milieu scolaire, et du coup, les gens ont tendance à croire que j’ai rangé la musique, ce qui n’est pas le cas pourtant.

Effectivement, ils sont nombreux ces Burkinabè qui affirment que votre projet « Oskimo Tour » a pris le dessus sur votre carrière musicale. Que leur répondez-vous ?

Je dirai que c’est le contraire parce que je suis connu aujourd’hui au Burkina comme dans plusieurs capitales africaines à cause de ma musique. Ma chanson « On peut s’épanouir sans la drogue » est reprise un peu partout. Ce qu’il faut relever, c’est que la communication qui est faite autour du concept Oskimo Tour est beaucoup plus accentuée parce que le fléau de la drogue est un mal profond. De nombreux parents ont de sérieux problèmes avec leurs enfants qui consomment la drogue, et cela fait que je suis à chaque fois sollicité par ces derniers pour sensibiliser, conseiller un jeune par-ci, un autre par-là. D’ailleurs, vous avez constaté que je n’ai pas pu respecter l’heure à laquelle on devrait commencer cette interview (NDLR : l’interview a eu lieu le 13 octobre), cela parce que j’ai été contacté par une famille pour aider un jeune qui se trouve dans une situation de drogue. Le problème de la consommation des stupéfiants par les jeunes en milieu scolaire est réel, et la lutte demande qu’on communique beaucoup là-dessus.

Parlant de votre concept Oskimo Tour, la 18e a été lancée en avril dernier et il était question d’une caravane dans plusieurs localités du pays. Avez-vous réussi votre pari ou l’édition est toujours en cours ?

Nous avons pu faire la caravane et nous profitons de votre canal pour exprimer notre gratitude à toutes ces bonnes volontés qui nous ont accompagné (les ministères de la Santé, de la culture, le BBDA, etc.) au cours de l’édition. Le lancement a eu lieu ici à Ouagadougou puis nous avons sillonné les villes de Houndé, Tenkodogo, Fada N’Gourma où nous n’avions pas été 10 années après donc nous y étions très attendu. Ensuite il y a eu Yako, Gourcy, Ouahigouya, Kaya, Ziniaré et la clôture a eu lieu le 15 août dernier à la Patte d’Oie, à Ouagadougou. Déjà, nous sommes à pied d’œuvre pour la préparation de la 19e édition. Nous disons également un grand merci aux artistes qui étaient à nos côtés. Malheureusement, la tâche noire a été le décès d’un des artistes nommé Eddie qui était avec nous lors de la caravane. Nous prions pour le repos de son âme. Il faut préciser que le décès ne s’est pas produit au cours de la caravane mais étant donné qu’il a été avec nous à un moment donné, il est de bon aloi de lui rendre hommage.

 

L’artiste-musicien, Oskimo

 

En 18 années d’éditions, êtes-vous satisfait des résultats du combat que vous menez ?

Je suis satisfait mais pas totalement. Satisfait d’avoir créé un concept auquel les parents s’accrochent pour trouver des solutions au mal de leur enfant. Cependant, ma déception réside dans le fait que les jeunes continuent de consommer la drogue. Je suis satisfait de mon combat mais dans le même temps, déçu, car après 18 années de sensibilisation et bien d’autres actions, le fléau, qui devrait diminuer, perdure. Je ne suis pas le seul dans le combat mais je dirai que je suis le seul à mettre les pieds un peu partout. Ce n’est pas toujours évident surtout quand l’accompagnement ne suit pas. Quand vous menez ce genre d’actions et qu’il n’y a pas d’accompagnement, c’est très difficile. Il faut dire que grâce au ministère en charge de l’enseignement secondaire, nous avons été dans des lycées et collèges de différentes localités et nous disons un grand merci au ministre en charge de l’enseignement secondaire, Dr Boubacar Savadogo, et à toute son équipe. Si l’accompagnement était à la hauteur de nos attentes, nous mènerions la sensibilisation de manière continue au lieu se faire entendre pratiquement chaque année.  Par exemple, à la rentrée scolaire, on aurait pu faire des activités, dès le retour des fêtes, et pareil avant les examens. Cela pour dire que si on menait la sensibilisation de façon continue cela aurait pu avoir un plus grand impact, à mon avis. Qu’à cela ne tienne, nous nous battons comme nous pouvons pour tenir les éditions. Nous n’allons pas tout peindre en noir parce qu’en 18 ans, de nombreux jeunes ont abandonné la drogue, ont repris le chemin de l’école, certains mènent de activités nobles et sont aujourd’hui, des citoyens responsables.

Tout à l’heure, vous avez évoqué les difficultés que vous rencontrez. Cela ne vous pousse-t-il pas souvent au découragement et à vouloir abandonner le combat ?

Je suis un ambassadeur sans créance. Etre un artiste-musicien, c’est être un ambassadeur et dans tous les pays où je suis passé, j’ai toujours été bien accueilli. Je me suis inscrit dans une dynamique qui est de toujours me demander ce que je fais pour ma nation. Il est vrai que je pouvais me décourager parce que des gens responsables ont eu à tenir des propos décourageants mais j’ai fait comprendre à certains qu’ils ont raison parce qu’ils n’ont pas encore un enfant ou un proche qui a sombré du fait de ce fléau. Sinon, quand tu as vécu certaines situations tu apporteras ta pierre pour le combat. Des gens peuvent bien nous aider à mener les activités, mais étant donné qu’ils n’ont pas vécu ces expériences, ils ne sont pas prêts à accompagner les efforts. Heureusement que des personnes comprennent le bien-fondé de la lutte et sont toujours aptes à nous accompagner du peu qu’elles peuvent.

Quels sont les projets de Oskimo ?

Le premier projet qui me tient à cœur est que d’ici la 19e édition, que je puisse avoir un Centre d’accueil pour enfants où on pourra véritablement assurer leur prise en charge. Cela parce que la toxicomanie et la question de la santé mentale constituent un véritable problème au Burkina aujourd’hui mais on en parle très peu. Je suis donc en train de travailler pour avoir un Centre d’accueil de référence national, avec une équipe bien organisée pour aider tous ces jeunes victimes de la consommation de la drogue. Aujourd’hui, il y a l’artiste Wedyack qui vivait dans la dépendance mais courant 2023-2024, quand nous avons été approchés et que nous l’avons accompagné, aujourd’hui, il a tout abandonné. Et il y a plusieurs autres exemples. Nous sommes sollicités à tout moment par des familles et nous faisons de notre mieux pour accompagner les jeunes à reprendre leur vie en main. A travers votre canal, nous invitons tous ceux ayant des enfants ou proches dans la situation, à nous contacter. Nous ne travaillons pas pour de l’argent, notre satisfaction est de voir les jeunes tourner le dos à la drogue et aux stupéfiants.

 Qu’est-ce qui tient à cœur à Oskimo et qu’il aimerait que les Burkinabè sachent ?

 

 

Propos recueillis par Colette DRABO

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